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Crime

Des drones contre la tuberculose en Papouasie-Nouvelle-Guinée

Médecins Sans Frontières (MSF) teste cette technologie pour combattre cette maladie vieille de plusieurs siècles qui touche des communautés reculées dans l'une des étendues les plus vierges de la planète.
Images via Matternet

Des drones sont testés par Médecins Sans Frontières (MSF) pour combattre cette maladie vieille de plusieurs siècles qui a touché des populations installées dans l'une des étendues sauvages les plus vierges de la planète.

La Papouasie-Nouvelle-Guinée fait face à une épidémie de tuberculose qui tue quelqu'un toutes les deux heures dans le pays. On compte 15 000 nouveaux cas par an. Les autorités sanitaires ont du mal à contenir la maladie, alors qu'elle fait rage dans des coins retirés de l'île.

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« L'un des plus gros défis, ce sont les difficultés qu'ont les patients à accéder à un laboratoire pour obtenir un diagnostique approprié, » a déclaré à VICE News Eric Pujo, chef de projet pour MSF en Papouasie-Nouvelle-Guinée. « Nous avons décidé de mettre en place un programme pilote avec une compagnie qui s'appelle Matternet, en avril 2014, et nous les avons contactés pour savoir si l'utilisation de drones pour acheminer des échantillons depuis nos laboratoires dans ces zones isolées était jouable. »

Des habitants de la province Ouest regardent une démonstration de drones Matternet'. Images via Matternet.

MSF a commencé cette année à aider les autorités locales à combattre la tuberculose dans l'ouest du pays. D'après une mission gouvernementale de Papouasie-Nouvelle-Guinée, la région a l'un des pires taux de tuberculose au monde, et la topographie représente le principal obstacle au traitement.

« Imaginez-vous cette province comme le plus grand marais au monde, » explique Pujo. « C'est une région très difficile d'accès, et la meilleure manière de se déplacer pour certaines communautés, c'est souvent de prendre un bateau à travers les marais, puis de marcher. Pour aller dans un grand hôpital, le voyage peut leur prendre plusieurs jours. »

Cette grande étendue sauvage, fait de la Papouasie-Nouvelle-Guinée l'un des derniers foyers de tuberculose. Le docteur Pieter van Maaren, qui représente l'Organisation mondiale de la Santé dans le pays, a déclaré à VICE News en novembre qu'entre 40% et 50% des habitants n'allaient pas jusqu'au bout de leur traitement médical. Le traitement peut prendre jusqu'à un an, avec plusieurs cycles successifs de prises de médicaments, nécessitant un contrôle médical quasi constant.

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Des enfants regardent des drones alors qu'ils volent au-dessus de leurs têtes. Images via Matternet

87% de la population de Papouasie-Nouvelle-Guinée vit à la campagne, avec des complexes médicaux souvent situés à plusieurs jours de distance de leurs habitations. Obtenir le bon diagnostic et observer son traitement peut se révéler impossible.

« C'est un problème parce que si vous arrêtez le traitement, vous courrez le risque de créer une souche résistante aux médicaments, ce qui fait que vous devez utiliser une combinaison de médicaments radicalement différente, sur une période plus longue, de l'ordre de 20 mois, pour vous débarrasser de la maladie, » explique Pujo. « Et vous risquez de rapporter une souche de tuberculose résistante aux médicaments dans votre communauté, et de l'y répandre. »

Pujo s'est donc tourné vers Matternet, une entreprise de drones basée en Californie pour essayer un nouveau moyen de relier les malades de la tuberculose à des centres médicaux capables de fournir un diagnostic et un traitement.

Une bénévole MSF attache une cargaison à un drone. Image via Matternet

Utilisant des drones Matternet pilotés par des smartphones, les deux organisations ont acheminé des cargaisons fictives depuis les communautés traitées par MSF vers des installations médicales dans la région.

Le plus long des tests a fait voler la cargaison au-dessus des marécages et de la jungle sur plus de 40 kilomètres en 55 minutes, temps de recharge inclus. En voiture, le voyage aurait duré au moins quatre heures. Mais les ambitions de ce choix technologique vont plus loin que simplement concurrencer un long trajet en voiture.

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Des locaux poussent un camion après qu'il s'est enlisé alors qu'il traversait la province Ouest.  

Andreas Raptopoulos, directeur général de Matternet veut créer un réseau de drones dans les pays en voie de développement, comme la Papouasie-Nouvelle-Guinée.

« La plupart des gens n'ont jamais vu ce genre de choses, du moins pas de leurs propres yeux, » a déclaré Raptopoulos dans une interview à Business Insider. « Mais c'est impressionnant, la joie que cela provoque. C'est une véritable rupture avec tous tes préjugés. »

Raptopoulos estime qu'on pourrait créer un réseau de drones, qui transporteraient chacun du matériel vers des centres où d'autres drones prendraient le relais. Le réseau permettrait à un colis de parcourir de grandes distances dans certaines parties du monde qui ont peu ou pas d'infrastructures.

Un membre de MSF fait une démonstration à des investisseurs locaux.

De la même façon que les téléphones portables, qui ont permis aux pays en développement de s'affranchir des infrastructures de communication traditionnelles, Matternet affirme que les drones pourraient leur permettre de dépasser les moyens de transport et les systèmes de livraison traditionnels.

« On doit explorer ces nouvelles technologies pour changer notre regard sur nos projets et apporter des solutions, » a déclaré Pujo. « Heureusement, avec un peu plus de collaboration, et en continuant à travailler sur notre test de faisabilité, on parviendra peut-être à intégrer cet outil dans notre combat sur la tuberculose dans la province de l'ouest. C'est quelque chose qui pourrait potentiellement être utilisé sur d'autres terrains d'action de MSF. Tout ceci dépendant, bien entendu, de l'accord des populations et des gouvernements.