Folie des grandeurs : les projets architecturaux les plus fous jamais réalisés

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Folie des grandeurs : les projets architecturaux les plus fous jamais réalisés

Du Palais des Soviets voulu par Staline au projet de dôme recouvrant toute l’île de Manhattan, les ambitions d’architectes mégalo ou visionnaires n'ont pas toujours été honorées.

De la folie, il en faut en architecture, que ce soit pour échafauder la Burj Kalifa à Dubaï, à ce jour tour la plus haute du monde ou la « Tour Pénis » de Pékin. Mais la mégalomanie — phallique ou non — d'architectes fous ou simplement visionnaires ne laisse pas toujours de traces physiques dans l'histoire. Illustration en dix exemples de projets restés à l'état de plans papier.

La Tour Polak
Vaisseau extraterrestre ou immeuble design futuriste ? Plutôt Fernsehturm parisienne avortée. Ce projet de tour de transmission télé de 1963 aurait pu voir le jour, comme sa célèbre cousine de Berlin bien réelle, si l'invention des satellites de communication n'avait pas eu lieu. Nommée « Tour Polak » du nom de ses concepteurs, elle était censée, du haut de ses 750 mètres, émettre dans un rayon de 250 kilomètres, en lieu et place de l'actuelle Arche de la Défense.

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La Tour Lumière Cybernétique
Ce projet d'art de 350 mètres de haut du sculpteur Nicolas Schöffer devait contenir plus de 3220 projecteurs de couleurs, 2000 flashs lumineux, 330 miroirs et devait se situer également à La Défense. Avec une structure en acier inoxydable, l'artiste voulait faire passer un faisceau laser allant du haut de son oeuvre au flambeau de la Statue de la Liberté de l'île aux cygnes. Uniquement soutenu par le Président Georges Pompidou, le projet a été emporté avec lui dans la tombe en 1974. Peut-être au regret de Jean-Michel Jarre qui y aurait vu son hypothétique Panthéon personnel.

Les Maisons-Tours d'Auguste Perret
Pragmatique et fervent défenseur du béton armé, l'architecte Auguste Perret a, en 1922, un projet pour Paris : 250 nouveaux gratte-ciels de 200 mètres de haut sur des avenues de 250 mètres de large, le tout relié par des ponts aériens. Les bâtiments devaient abriter, à la ceinture périphérique de la capitale, des appartements, bureaux et commerces. Son utopie se présentait comme une solution aux inégalités sociales et économiques, à l'image des réalisations plus concrètes au début des années 1970 des immeubles et HLM… avec la réalisation concrète que l'on connaît.

Germania
Petit point Godwin de l'article : le projet d'Hitler, et plus particulièrement les plans d'Albert Speer pour Berlin, rebaptisé sobrement « Germania », sont dignes des chantiers titanesques et délirants du régime totalitaire nazi. Sur un modèle évidemment ultra-rationnel et gigantesque, l'architecte, qui avait carte blanche, a notamment imaginé une avenue forcément plus grande que les Champs Élysées, un stade olympique — qui lui a été réellement monté — et un dôme 16 fois plus haut que celui de la basilique Saint-Pierre de Rome et pouvant contenir 180 000 joyeux Aryens à deux pas du Palais du Reichstag. La Seconde Guerre Mondiale mettra évidemment un frein à cette délirante utopie nazie.

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Le Palais des Soviets
D'un extrême à l'autre, et dans un registre tout aussi titanesque, à la même époque en 1931, Staline voulait un palais à la gloire du régime. À la suite d'un concours que trois architectes remportent — Boris Iofan, Vladimir Chtchouko et Vladimir Helfreich —, le projet d'un bâtiment néo-classique massif de 415 mètres de haut pouvant accueillir plus de 21 000 personnes est échafaudé. Cerise sur ce gros gâteau : une statue de Lénine dépassant la Statue de la Liberté. Les soviétiques rasent la Cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou, mais la guerre gèle le financement du chantier. En 1990, la Cathédrale renaît sur les cendres de l'URSS.

L'île AZ
En 1895, Jules Verne publiait L'Île à hélice, où un quatuor français navigue sur « Standard-Island », merveille de technologie voguant sur le Pacifique. La société Alstom Marine et l'architecte Jean-Philippe Zoppini ont repris ce projet fou, notamment pour étendre le territoire de Monaco sur la mer, et pour en faire un véritable navire-insulaire. Mais construire une île gigantesque mobile, capable d'accueillir 10 000 personnes sur sept kilomètres de long et cinq de large demande un financement gigantesque, et une grande zone d'amarrage pour le chantier — deux arguments obstinément avancés les deux fois où l'idée a éclos à la fin des années 90.

Anamela
« Sky is the limit. » Le curseur du grand n'importe quoi est largement dépassé pour Ostap Rudakevych et son cabinet Clouds AO. Et de nuages, il en est question pour cette tour qui serait enracinée à un astéroïde en orbite autour de la Terre. Panneaux solaires, fibres aluminium et carbone, Anamela, en mouvement constant autour de la Terre, atteindrait 32 000 mètres de haut et serait suspendue à l'astéroïde grâce à des câbles solidement ancrés sur l'astéroïde, la tête tournée vers notre planète. Si le projet n'a pas été complètement abandonné, il pose tellement de problèmes d'un point de vue scientifique et financier qu'il a toute sa place ici.

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X-Seed 4000
On reste la tête dans les étoiles pour un projet absolument irréalisable d'un point de vue technique — ce qui n'a pas empêché la Taisei Corporation de rêver ces 4000 mètres en face du mont Fuji. Pour comparaison, la Burj Khalifa, avec ses 828 mètres de hauteur, constitue la plus grande tour du monde. Nécessitant une base de 6 kilomètres, dont une bonne partie supposément dans l'eau, l'idée de ce chantier tokyoïte n'a même pas été évoquée.

Le Cénotaphe
Poète dans l'âme, fan inconditionnel de Newton, l'architecte néoclassique Étienne-Louis Boullée a voulu rendre hommage au physicien en 1784 avec une structure ronde, symbole de l'éternité. Si cette tombe vide, effet nuit étoilée avec des trous percés, est restée au stade de dessin, on doit à Boullée des enseignements à l'École Nationale des Ponts et à l'Académie Royale de l'architecture, en plus de ces mots dédiés à Newton pour ses plans : « Esprit sublime ! Immense et profond génie ! Être divin ! Accepte l'hommage de mes faibles talents… Ô Newton ! »

Le Dôme de Manhattan
En 1960, Buckminster Fuller a fait un rêve pour la ville de Manhattan : celui d'un dôme couvrant 2 kilomètres de l'île. Mettant en avant les bénéfices de la régulation de la température devant les conditions météorologiques relativement exécrables en hiver et intensément calorifères en été, cet ingénieur prévoyait que les économies de la mairie face à la neige ou aux grosses chaleurs auraient amorti l'investissement en dix ans. La chape de plomb de l'investissement faramineux n'a jamais sauté, à la différence du projet.

Quand il n'épluche pas des plans d'utopie urbaine, Adrien est sur Twitter.