FYI.

This story is over 5 years old.

Stuff

Les jeunes européens réagissent aux attentats de Bruxelles

Responsabilité des gouvernements occidentaux, oubli des attentats en Turquie et en Afrique – les kids de chez nous essaient de prendre du recul.

Quelques roses déposées devant l'ambassade belge de Berlin. Photo de Grey Hutton

Ce mardi matin, aux alentours de 8 heures, deux explosions ont frappé l'aéroport international de Bruxelles. À 9h11, une troisième déflagration est survenue dans une rame de métro au cœur du quartier européen de la ville. À l'heure où nous écrivons ces lignes, on dénombre 34 morts et au moins 230 blessés selon La libre Belgique.

Publicité

Nous avons tenu à contacter différents bureaux de VICE afin d'obtenir quelques réactions de la part de plusieurs jeunes européens – réactions qui oscillent entre la peur la plus simple et la critique acerbe des gouvernements occidentaux.

ROYAUME-UNI

Jenner, 23 ans

Depuis le 13 novembre dernier, j'ai peur qu'une attaque se produise ici, au Royaume-Uni. Je suis persuadée que ça ne saurait tarder. Quand je prends les transports en commun, je ne peux pas ne pas y penser. Je suis un peu paranoïaque, c'est clair. J'ai lu quelque part que la police britannique pouvait faire face à dix attaques simultanées, ce qui me rassure – un peu.

FRANCE

Karim, 26 ans

Je suis triste pour Bruxelles, mais je ne suis pas surpris. C'est la politique des gouvernements occidentaux qui a conduit à de telles actions. Nos ventes d'armes et notre volonté de nous accaparer les matières premières sont à l'origine de beaucoup de conflits. Après, le fait que les attaques touchent les civils m'inquiète beaucoup. Les salles de concert, les bars, les restaurants, et maintenant des gares et des aéroports – tout cela installe une atmosphère de peur généralisée. Nous, Occidentaux, pensions vivre dans un système protégé des guerres et des conflits. Ce n'est plus le cas.

ITALIE

Alberto, 21 ans

Vous savez, ces attaques nous affectent parce qu'elles touchent un pays voisin et que les médias en parlent énormément. Ce qu'il ne faut pas oublier, c'est qu'elles ont lieu aux quatre coins du monde – en Afrique, en Turquie, etc.

Publicité

Personnellement, je n'ai pas peur. Ça ne servirait à rien et ça ne changerait rien. Ça peut se produire partout. C'est pour cela que ma vie quotidienne ne variera pas d'un iota.

ROUMANIE

Elena, 30 ans

Si on passe son temps à écouter les médias, on a l'impression que le monde est rempli d'extrémistes – ce qui n'est pas le cas, je peux vous en assurer. D'ailleurs, les réactions les plus disproportionnées sont le fait de personnes n'ayant pas été touchées par les attaques. Mes amis roumains sont bien plus perturbés par les attentats de Bruxelles qu'une amie belge que je viens d'avoir au téléphone.

J'ai bien peur que les pouvoirs publics ne se servent de cette affaire pour renforcer la surveillance. Je crois aussi que les partis d'extrême droite s'en trouveront renforcés. La seule solution est d'entamer une conversation franche avec la communauté musulmane et d'enfin trouver une réponse commune face à la crise des réfugiés actuelle.

DANEMARK

David, 28 ans

Quand j'ai appris la nouvelle, je me suis immédiatement dit : « Oh non, pas encore. Pas encore une autre attaque terroriste en Europe. » C'est à la fois horrible pour les victimes, pour leurs proches et pour notre propre sécurité. Aussi, ces attaques ne feront que stigmatiser les musulmans et renflouer les rangs de partis politiques de droite. Les gens seront encore plus divisés. Ça me paraît toujours peu réaliste d'imaginer qu'un attentat puisse se produire à Copenhague, bien que ce soit arrivé auparavant. Ça me paraît tellement loin.

Publicité

PORTUGAL

Duarte, 17 ans

Le fondamentalisme est alimenté par la haine, laquelle anime des gens qui ont été mis au ban de la société. Je suis horrifié par ces actes terroristes, mais je pense qu'il faut absolument réagir de la manière la plus pragmatique possible – et ne surtout pas répondre à la haine par la haine.

L'Europe est sur le point de perdre ses valeurs fondamentales, et nous ne pouvons pas laisser ça arriver. Nous devons nous rappeler que notre ennemi est l'État islamique, pas l'islam. Le mieux que l'on puisse faire, c'est continuer à vivre nos vies tout en pensant aux victimes et à leur famille.

POLOGNE

Adam, 20 ans

C'est terrible, mais je dois avouer que je ne suis pas surpris – ces attaques surviennent assez régulièrement. Je pense que tout cela fait partie d'un plan rondement mené par l'autoproclamé État islamique. Les attentats du 11-Septembre ont probablement choqué énormément de monde, mais j'étais beaucoup trop jeune pour m'en souvenir. En tout cas, je sais que je ne vais pas jouer leur jeu et en faire une obsession. Maintenant, il faut que les gouvernements européens prennent leurs précautions et que nous nous remettions très vite de ces attaques.

SERBIE

Spasoje, 24 ans

L'attaque de ce matin ne fera qu'enfoncer l'Europe dans le chaos et l'incertitude. Ces attaques sont la conséquence directe de différentes stratégies géopolitiques, et je doute que l'Europe puisse avoir le moindre contrôle sur cette situation. Les extrémistes ont pour objectif de frapper en plein cœur de l'Europe – ils ont commencé par Paris, puis maintenant, c'est le tour de Bruxelles. Je crois que tous les Européens étaient persuadés qu'ils vivaient dans un monde en paix, et que personne n'était préparé à de telles attaques. En tant qu'Européens, nous avons aussi notre part de responsabilité.