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George Christie : À rebours de ce que la société pense, ils ont un vrai code d'honneur. Je pouvais compter sur beaucoup de gars. Je savais que si je leur confiais quoi que ce soit, ils n'allaient jamais le retourner contre moi. C'est un monde très ésotérique et fermé, mais une fois que vous êtes accepté et que les gens connaissent votre nom, vous faites partie d'une vraie famille. Vous aviez des points d'attaches un peu partout. Je pouvais aller n'importe où en Californie, il y avait toujours un canapé sur lequel je pouvais dormir et un endroit pour faire de la moto.C'était comme une fête qui ne s'arrêtait jamais – et par là, je ne veux pas dire qu'on se défonçait en permanence. On entrait dans les années 1970, et les contrecultures prenaient de l'ampleur. Nous étions simplement des individus qui se tenaient à des règles, toutes relatives à l'honneur, au respect de soi et à la discipline. C'est peut-être difficile à croire, mais c'était bien le cas.Vous étiez un peu le bras droit de Sonny Barger [le leader des Hells Angels] et vous aviez un rôle primordial en tant que porte-parole attitré du groupe. Comment votre relation s'est-elle dégradée ?
Il y a une période où j'admirais vraiment Sonny. Mais il s'est passé une chose très intéressante la première fois que je suis allé en taule. J'étais au centre de détention de Terminal Island quand j'ai demandé à un des frères dans la cour :« Avec qui va-t-on de devoir se battre à l'intérieur ? », et il m'a répondu : « On ne se bat pas en prison. »
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J'avais l'impression qu'on était devenu des mecs qui s'embrouillaient avec tout le monde, et c'est exactement ce que je leur ai dit quand je me suis barré. En 2011, on se battait avec tous les plus gros clubs criminalisés des États-Unis – et même les forces de l'ordre. À ce moment-là, j'ai compris que beaucoup de gars avaient perdu l'esprit des débuts, les règles que l'on devait suivre. On s'était transformés en militaires, chaque armée affrontait l'armée voisine.Vous aviez prévu dès le début d'écrire sur votre expérience au sein des Hells Angels ? J'imagine que vous vous attendiez à des représailles.
Il y a eu beaucoup de rumeurs à mon sujet lors de mon départ du club en 2011. J'avais officiellement quitté les Hells Angels. Je me suis rendu à la réunion et j'ai fait ce que j'étais censé faire, j'ai suivi le protocole. Je me suis tenu droit devant tous les autres membres et je leur ai dit que nos opinions divergeaient et qu'il était préférable de s'arrêter là. J'ai enlevé mon patch, je l'ai plié et posé sur la table et tout le monde a semblé comprendre et accepter ma décision. Deux semaines plus tard, si je me souviens bien, Sonny a commencé à chercher la merde. J'ai reçu un appel m'informant que je n'avais pas suivi le protocole, que j'étais rayé de la liste et que je n'aurais plus de contact possible avec eux.
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S'ils m'avaient seulement dit « Tu es radié du club », je n'aurais eu aucun problème avec ça. Mais ils ont aussi insinué que j'étais un indic, ce qui est totalement faux. Si je l'avais été, contre qui aurais-je pu témoigner ? Au cours de quels procès ? Il n'y a absolument aucune preuve. Les procureurs américains ont clôt mon dossier [en ce qui concernait les accusations de complicité dans l'incendie du salon de tatouage d'un club rival] parce qu'il y avait dix indics dedans. Ils clôturent des dossiers en permanence. Ils détruisent tout le temps des dossiers, et j'étais le seul à être allé en taule.Est-ce vraiment un drame d'être radié du club ? On dirait que ça va vous poursuivre toute votre vie.
Être radié et ne plus avoir aucun contact avec les anciens membres est perçu comme une honte dans notre milieu – ils ne veulent pas que les gens vous parlent, de quelque manière que ce soit. Si jamais mes anciens potes me parlaient, ils s'exposaient à de gros risques pour leur adhésion au groupe.C'était un peu comme un divorce. Au début, on veut faire ça à l'amiable. Ils n'étaient pas très heureux de ma décision mais la comprenaient. Au fur et à mesure, le ton est devenu plus agressif et c'est devenu difficile à supporter. Le téléphone sonne, alors vous répondez et vous apprenez que votre ancien camarade, celui que vous considériez comme votre frère, n'est plus votre pote. Ces gars faisaient partie intégrante de ma vie parce que je n'avais pas beaucoup de potes en dehors du club. J'ai eu du mal à l'accepter.Seth est sur Twitter.