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LE NUMÉRO PHOTO 2009

Alain Bizos

La carrière d’Alain Bizos est un rêve de photoreporter, ou plutôt d’« artiste photoreporter » comme il aime à se définir quand on lui pose la question.

En 1981 l’Iran est en guerre contre l’Irak, sous la direction du guide suprême, l’ayatollah Khamenei. Dans la banlieue sud de Téhéran, une réunion de soutien au régime est animée par la chorale des jeunes hezbollahi – les « déshérités » –, le fer de lance de la révolution islamique.

La carrière d’Alain Bizos est un rêve de photoreporter, ou plutôt d’« artiste photoreporter » comme il aime à se définir quand on lui pose la question. Né en 1947 à Paris, il étudie à partir de 1966 à l’École nationale supérieure des beaux-arts, section peinture. Il s’installe à New York en 1969, suite à sa rencontre avec le sculpteur Arman qui en fait son assistant. Il effectue de fréquents allers-retours entre New York et la France, et parti­cipe en 1973 à la création du quotidien Libération. Il se lie avec le groupe de jeunes graphistes Bazooka et crée avec eux le mensuel Un regard moderne, dont il est le directeur de publication. Fin 1979, à la demande de Jean-François Bizot – « je l’appelais cousin, mais on n’est pas vraiment de la même famille » – il revient en France pour participer au lancement d’Actuel, le mensuel « nouveau et intéressant ». « Jean-François m’a appelé parce qu’il voulait des têtes neuves qui n’aient pas les œillères que peuvent avoir parfois les ­photojournalistes. J’ai fait un ­premier sujet pour eux, un truc très rigolo sur la dératisation de Manhattan, et Jean-François m’a dit : “Écoute, rentre à Paris, je veux que tu sois mon photographe, je te salarie.” J’en ai parlé à Arman avec qui je gagnais trente à quarante mille balles par mois, et il m’a encouragé : “Vas-y, ça va t’amuser.” Ça m’a permis de donner ma vision du monde, de l’Iran à l’Afghanistan, et de la Jamaïque à l’Érythrée. » Christian Caujolle, alors ­responsable du service photo de Libération, conscient de ­l’influence qu’Alain Bizos exerce déjà sur une génération de jeunes photographes, lui demande de le rejoindre lors de la création de l’Agence VU, en octobre 1986. Depuis vingt ans il continue son travail d’auteur photographe, aussi bien pour la presse nationale que pour des magazines internationaux. On lui a demandé de bien vouloir écrire les légendes de quelques-unes de nos photos préférées. Toutes ces images sont d’Alain Bizos @ Agence VU.

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L’Érythrée est en 1982 une province éthiopienne qui lutte pour son indépendance. Les combattants érythréens, pour se protéger des gaz de combat fournis par les Soviétiques à l’armée éthiopienne, se fabriquent des masques à gaz rudimentaires au design très personnel.

Jacques Mesrine, ennemi public n°1 en cavale, me tire dessus, mais mon Nikon sera plus rapide que son Magnum 357 spécial… Quelque part en France, avril 1979.

Berlin était coupé en deux, à l’Ouest une jeune inconnue enregistre son premier album, elle se nomme Nina Hagen, le disque African Reggae fera le tour du monde et chacune de ces trois images sera en couverture du tout nouveau mensuel Actuel, qui du coup triplera ses ventes. Nous sommes en novembre 1979.

Les Sikhs ne doivent pas se couper les cheveux, d’où le turban pour les adultes, mais les adolescents qui n’ont pas encore les cheveux très longs se font un chignon qu’ils mettent dans ce genre de bonnet assez chic. Nous sommes à Amritsar, capitale du Pendjab, en 1983.

En 1983 à Kingstown, Jamaïque, pendant des élections, les gunmen sont les rois, chaque parti politique a ses gangs de joyeux énergumènes qui règlent les problèmes à coup de flingue.

Deux caricatures bien de chez nous ! Il n’a pas de béret mais le chapeau n’est pas mal, il fait ses courses dans un des premiers hyper parisiens et il a la baguette sous le bras. L’autre a le képi vissé sur la tête, la moustache noire et l’œil curieux, c’est presque trop beau pour être vrai. Que se passe-t-il dans ce train en gare de Lyon ? Paris, 1986.