LE CARNAVAL DES ÂMESHerk HarveyWildsideLe Carnaval des âmesfait partie de ces one hit wonders très chelou réalisés fin 1950 début 1960 aux États-Unis, à l’époque du cinéma d’exploitation et de la série B, viviers du cinéma indépendant à venir. Ce film est à ranger à côté du génialDementiadans la série des dérives oniriques de meufs au bout du rouleau errant entre la vie et la mort à la recherche d’une vérité crispante. D’autant plus crispante dansLe Carnaval des âmesque le film est illustré par une musique à l’orgue, stridente et incessante, et parcouru par des éruptions sporadiques de ghoules qui ressemblent à l’incarnation humaine de Pazuzu dansL’Exorciste. Quand, au milieu du film, la fille hantée semble faire l’amour à son orgue, on dirait du Cronenberg, alors qu’on n’avait pas encore inventé le cinéma au LSD.ALAIN TANNÉEMES PRIX LITTÉRAIRESThomas BernhardGallimardThomas Bernhard est ce que l’on appellerait de nos jours unhater, mais il l’est avec une telle classe que toutes les petites bites anonymes qui laissent des commentaires de merde sur les blogposts forcément géniaux de nos collaborateurs devraient lire ce livre attentivement.Mes Prix littérairesest une série de courtes nouvelles – uneépopée– inédites qui montre les sentiments rageux qu’éprouvait Thomas Bernhard vis-à-vis des prix littéraires que l’Autriche, entre autres, s’acharnait à lui remettre, et ce malgré les discours scandaleux que l’auteur prononçait à ces occasions – le Premier ministre autrichien a même failli lui casser la gueule –, et son mépris affiché pour ces cérémonies (et,in fine, pour l’Autriche). En bonus, quatre discours qu’il a produits en public, dont celui de la remise du prix d’État autrichien: «L’État est une structure condamnée à l’échec permanent, le peuple une structure perpétuellement condamnée à l’infamie et à l’indigence d’esprit. […] Nous sommes autrichiens, nous sommes apathiques ; nous sommes la vie en tant que désintérêt généralisé pour la vie…» Précisons qu’il a d’ailleurs stipulé dans son testament qu’il ne voulait pas que ses œuvres soient distribuées en Autriche. Si toi, lehater, tu veux continuer à exercer ta détestation sur Internet mais le faire mieux, mets-toi à Thomas Bernhard.BARBIE D’AUREVILLYHI, MOM!Brian de PalmaCarlottaIl y a 500 degrés de lecture deHi, Mom!, de Brian de Palma.Hi, Mom!, c’est l’histoire de de Niro qui revient du Vietnam. Comme tout un chacun, le sens de sa vie, c’est mater des meufs à poil. C’est pour ça qu’il commence par essayer de réaliser des films porno avant de suivre une compagnie de théâtre terroriste (à cause de leur affiche qui expose une meuf à poil). Comme c’est un film de de Palma, c’est une leçon de cinéma magistrale, à tous les degrés. Mais comme c’est un de Palma pré-Sœurs de Sang, c’est aussi une comédie noire contestataire, expérimentale et absurde qui défonce autant le bourgeois que le révolutionnaire – voire même qui a plus de tendresse pour le bourgeois – et qui préfigure étonnamment plusTaxi DriverquePhantom of the Paradise, et ce malgré la présence de Gerrit Graham, alias Biff. C’est surtout une découverte essentielle qui va beaucoup plus loin que ça et qui m’a vraiment fait regretter de jamais mettre les pieds à la Cinémathèque.JÉRÔME BORTSCHLIMOUSINES BLANCHES ET BLONDES PLATINDan Fante13e NotePendant que vous étiez aux Nuits Sonores et que j’étais occupé à chier des glaires de la taille de mon pouce,Limousines blanches et blondes platinesortait en librairie. À travers son alter ego littéraire Bruno Dante, Fante le fils de Fante raconte l’épisode de sa vie où il a travaillé dans une boîte de location de limousines à Los Angeles. Il y parle de ses galères pour être publié, de ses tentatives de sortie de la boisson, et de ses rencontres avec pas mal de dingos, de la vieille la plus cool de la Côte Ouest et de sa nièce mannequin. Sa vie suinte la merde par tous les trous, mais je crois qu’elle vaut largement la peine d’être racontée. D’ailleurs, si j’écrivais ce texte pour un journal sérieux, j’hésiterais pas à dire que ce livre « prend aux tripes ». Alors arrêtez de nous casser les couilles en racontant sur vos blogs comment c’était trop golri samedi, quand Sabine a pris du speed pour la première fois, ou le soir où Billy a gerbé dans l’appart de votre sœur. Si vous avez envie d’écrire sur votre vie, faites des trucs qui valent la peine d’être racontés.GEORGE W BROUSSE
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