Ma virée avec les Reaper Lords, le plus grand club de bikers de GTA

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Ma virée avec les Reaper Lords, le plus grand club de bikers de GTA

Pour ces mecs-là, c'est clairement beaucoup plus qu'un jeu.

Des milliers de gens ont déjà candidaté pour rejoindre les Reaper Lords, le club de bikers le plus connu sur Grand Theft Auto Online – mais seuls quelques-uns d'entre eux auront le privilège d'être acceptés. « 98% des gens qui nous contactent sont poliment éconduits », m'explique Dirty Worka, sergent d'armes du chapitre de Los Santos. Le chapitre compte actuellement 27 membres, et ils sont au total une petite centaine à faire partie du club sur l'ensemble de la map, si l'on additionne la version PlayStation 4 et la version Xbox One. Mais pendant quelques heures, j'ai été l'un d'entre eux, invité par Dirty Worka à tracer avec les bikers de Los Santos, et j'en ai tiré quelques leçons sur le respect, l'humilité et la fraternité – ce à quoi je ne m'attendais pas vraiment de la part d'un clan formé dans un jeu vidéo. Il faut dire que pour les Reaper Lords, le gang va bien au-delà de ça : « Je sais qu'on prend ça trop au sérieux, avoue Dirty. Mais ça nous va. »

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Rockstar, l'éditeur de GTA, a récemment ajouté un DLC entièrement dédié aux bikers pour son mode online. Au début de l'année, des dizaines de clubs de bikers virtuels s'étaient ligués pour réclamer à Rockstar davantage de contenus conçus pour eux. La pétition a recueilli des milliers de signatures, et le studio a fini par répondre : de nouveaux véhicules, de nouvelles armes, de nouveaux vêtements et tatouages ont été proposés aux joueurs, qui ont également obtenu la possibilité de former officiellement leurs propres clubs de motards, dotés de leurs propres clubhouses. Les Reaper Lords adorent ces nouveaux contenus, et sont très heureux que d'autres en profitent également. En revanche, en ce qui concerne les « clubs de DLC », comme ils appellent les autres clubs formés opportunément par des petits nouveaux, « on attend qu'ils retournent jouer avec leurs bagnoles et leurs lance-roquettes », lâche Dirty. Les Reaper Lords ont été ravis de me montrer les nouvelles possibilités offertes par le jeu, et leur vie quotidienne dans l'univers de GTA.

Quand j'arrive devant le clubhouse, j'ai l'impression d'être dans l'une des missions du mode solo. Deux mecs équipés de fusils à pompe se tiennent en silence à côté de la porte, dos tourné à la rue. Derrière, à l'extérieur d'un hangar, une rangée d'hommes et de femmes en cuir parfaitement alignés m'attend. Face à eux, Dirty Worka, qui m'explique rapidement comment les Reaper Lords fonctionnent. « Ce club est mieux géré que la plupart des entreprises du monde réel », me dit-il – et je peux en attester.

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« Eux, c'est les blousons marron », explique Dirty en désignant les gardes immobiles devant le club, qu'on serait tenté de prendre pour des NPC. Ce sont les nouvelles recrues, les « prospects », qui espèrent gagner rapidement leurs galons et devenir des membres à part entière du club. « On torture ces types, poursuit Dirty. C'est horrible. »

Les prospects font ce qu'on leur dit, et n'ont pas le droit de parler si on ne leur adresse pas la parole. L'un d'entre eux est là, dans la même position, depuis un mois, et les membres les plus éminents du club vont bientôt voter pour décider s'il peut devenir un membre permanent. Les nouvelles recrues sont supposées observer, apprendre les règles, et passer des tests. Elles doivent apprendre à rouler en formation – ce qui suppose notamment d'avoir un sacré sens du contrôle. Si vous freinez brusquement alors que vous êtes en formation, c'est l'accident à coup sûr ; les nouveaux doivent donc apprendre à rouler et négocier les virages en douceur, tout en subtilité. On les emmène sur des parcours test, faire quelques tours d'un circuit prédéfini, se garer proprement, puis faire quelques tours du circuit en sens inverse, se garer à nouveau, et ainsi de suite. « Au bout de six à huit semaines, on finit par apprendre leurs noms et en savoir un tout petit peu sur eux », explique Dirty.

Il est temps de prendre la route. « Reaper Lords, en formation », aboie Dirty. Je ne dispose pas de ma propre bécane, alors je grimpe à l'arrière de celle de l'un des blousons marron. Toutes les motos sont parfaitement garées en ligne derrière le clubhouse, et les moteurs ne tardent pas à vrombir alors que leurs propriétaires forment deux rangées devant le portail – les blousons marron restant évidemment à l'arrière. Le Road Captain, un dénommé Swifty, prend la tête du cortège et indique la direction à suivre pendant que nous nous mettons en route. Nous sommes tout de même dans un jeu vidéo, et les conducteurs gérés par l'IA prennent parfois de mauvaises décisions, ce qui signifie que les accidents sont inévitables même si les bikers sont parfaitement organisés. « Lord à terre, Lord à terre », entend-on à chaque fois que quelqu'un fait une chute. La bande s'arrête alors et attend que chacun soit de nouveau en position avant de reprendre la route.

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Il devient vite évident que les modestes motos des blousons marron sont incapables de suivre le rythme des bécanes customisées des Lords, alors on me fait grimper à l'arrière de celle de FireFoxKitt. C'est l'un des membres les plus anciens du chapitre de Los Santos, et elle me parle un peu d'elle, bientôt suivie par quelques autres. Tous ne tarissent pas d'éloges sur les Reaper Lords, et sont incroyablement fiers de faire partie du meilleur club de GTA Online. Mais leur implication dépasse les frontières du jeu. « Si j'ai des problèmes dans ma vie personnelle, je me tourne spontanément vers mes frères et sœurs du club, raconte FireFoxKitt. Ils me donnent de précieux conseils, et ils sont moins prompts à me juger que mes amis et ma famille IRL. »

Après une virée en dehors de la ville, dans les coins les plus reculés de la map, nous arrivons à un ranch où se déroulent la plupart des activités des Reaper Lords. On commence par le Fight Club – dont les règles ne sont pas énoncées, au passage. Les deux premiers joueurs à entrer dans le ring sont deux nouveaux prospects. Après 20 secondes à courir dans tous les sens et à donner des coups dans le vide, les membres les plus éminents commencent à s'ennuyer. Il devient évident que les systèmes de visée de ces joueurs sont mal paramétrés, ce qui fait qu'ils sont incapables de se frapper.

« Vous voulez nous foutre la honte ou quoi ? » La remarque est suivie de coups de feu, et les deux prospects gisent sur le sol, morts. En tant que prospect, si vous faites une bêtise, vous êtes puni. Enfreignez les règles, et vous serez mis à l'épreuve pendant au moins une semaine. Pendant cette période, on vous donnera des tâches à accomplir : braquer toutes les boutiques de Los Santos et donner l'argent ainsi volé au club, ou faire des tours de circuit pendant des heures. D'après ce qu'on me dit, la pire punition consiste à devoir grimper à pied jusqu'au sommet du Mont Chiliad.

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Après quelques rounds de Fight Club, on me demande de monter sur le ring. Je vérifie que mes paramètres de visée sont bien configurés, mais au final peu importe : je me fais défoncer en quelques secondes. Je suis un tout petit peu meilleur en « joute », même si je perds quand même. Sur une piste de terre qui jouxte le ring de Fight Club, deux membres se foncent dessus à pleine vitesse et tentent d'abattre leur adversaire avec un fusil à canon scié. Une variante se pratique avec un tomahawk, l'une des nouvelles armes ajoutées au jeu. On me prête une moto pour que je puisse participer, et je prends place au bout de la piste. Pendant que d'autres s'élancent, on m'en dit plus sur le code des Reaper Lords en ce qui concerne les armes.

Les Reaper Lords sont un « 1% Club », ce qui signifie qu'ils refusent la visée assistée et le verrouillage automatique des cibles. Dans une partie publique, ils ne tirent que s'ils sont pris pour cible, mais répondent par la force si on les provoque. Si un ennemi se trouve dans un véhicule, toutes les armes sont autorisées – mais contre des adversaires à pied, les Reaper Lords n'ont le droit d'utiliser que le fusil d'assaut ou le fusil à pompe. « Pour nous, il est plus intéressant d'obéir à un code », explique Dirty Worka. Il se souvient des innombrables fois où il s'est fait attaquer par des jets, ou celles où il s'est fait tuer par quelqu'un qui voulait juste prendre une photo et la publier pour se vanter d'avoir abattu un Reaper Lord. Par ailleurs, les Reaper Lords se targuent de ne pas être des « imitateurs », comme ceux qui copient les Sons of Anarchy ou les Hells Angels. « Nous définissons notre propre standard, et tous les autres tentent de nous suivre », affirme Rusty Cage, vice-président du chapitre de Los Santos.

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De retour au clubhouse, je reste un peu à traîner avec les Reaper Lords. Ils ont évidemment un bar, et les bras de fer et les parties de fléchettes s'enchaînent. À l'arrière, il y a un garage où chacun peut montrer aux autres sa nouvelle moto. Je m'assieds avec les membres du club autour d'une table ornée de leur logo, et je découvre l'aspect plus sympathique du club, ce qu'ils font quand ils ne torturent pas les nouvelles recrues. À l'instar des vrais clubs de bikers, les Lords font beaucoup de bénévolat et de volontariat, comme en 2015, lorsqu'ils avaient fait une virée pour lever des fonds en faveur d'Anthony Parello, un jeune garçon qui avait besoin d'une greffe de foie. « C'est comme notre petit frère », dit Dirty, qui évoque aussi tout ce que les Lords ont fait pour la fondation Make A Wish. Bientôt, ils organisent un événement en faveur de la recherche sur le cancer du sein.

La plupart des membres du club sont amis dans la vie réelle, et se retrouvent souvent. On me raconte que l'un des membres a trouvé un job à un autre. Ils me racontent aussi la fois où tout le club est venu en aide à un membre qui traversait une période particulièrement difficile sur le plan personnel. Les membres ont des vies très différentes, et viennent de toute la planète. Certains sont d'authentiques bikers, d'autres de simples joueurs, mais ils forment une véritable famille.

L'un d'entre eux, un certain Sweef, résume parfaitement tout ça : « Certains disent que c'est juste un jeu. Ok, c'est juste un jeu, mais notre fraternité est bien réelle. »