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Des poissons étranges nous aident à comprendre l'autisme et la schizophrénie

Asociaux et hyperactifs, les tétras mexicains présentent les mêmes symptômes que certains troubles psychiatriques humains.

Le tétra mexicain, ou tétra aveugle (Astyanax mexicanus) est une espèce solitaire. Faute de prédateurs naturels, il ne forme pas de larges bancs protecteurs, et se promène tranquillement dans les recoins sombres des océans, se déplaçant au gré des variations de la pression de l'eau ou des vibrations. Malgré cette existence relativement pacifique, le tétra aveugle est connu pour être agité et stressé. Les tétras ne dorment jamais, et on a observé qu'ils répétaient inlassablement les mêmes comportements. Asociaux et hyperactifs, les tétras mexicains semblent manifester certains symptômes assez communs chez les hommes atteints de troubles psychiatriques.

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La semaine dernière, à l'occasion de la 23ème Conférence de biologie marine, Masato Yoshizawa, biologiste à l'université de Hawaii, a présenté les résultats d'une étude portant sur l'effet de certains médicaments utilisés pour traiter l'autisme et la schizophrénie sur les tétras aveugles. Il a ainsi été découvert que les changements de comportement observés chez les tétras après la prise de ces médicaments étaient comparables à ceux observés chez les patients humains, ce qui indique que l'on pourrait à l'avenir envisager de mener des recherches sur les poissons dans le champ de la psychiatrie.

Actuellement, on ne dispose pas vraiment de ce genre de cobayes. Étudier les racines génétiques de certains troubles psychiatriques chez les souris, l'organisme modèle standard, donne souvent des résultats insatisfaisants dans la mesure où les souris n'adoptent pas les mêmes comportements en dépit du fait qu'elles possèdent des gènes similaires aux nôtres. Or, il se trouve que les tétras possèdent déjà 90% des gènes à risques susceptibles de produire des troubles psychiatriques chez les humains.

Yoshizawa a administré deux médicaments aux tétras : de la fluoxétine (du Prozac), et de la clozapine (un antipsychotique utilisé contre la schizophrénie). Il a constaté que les « symptômes » s'atténuaient beaucoup chez les poissons ainsi traités. « Globalement, les effets de ces médicaments sur les tétras sont très proches de ce que l'on observe chez les patients humains, a-t-il expliqué à la conférence. Ceci indique donc clairement que les tétras pourraient servir de modèles pour l'étude des troubles psychiatriques humains. »

Yoshizawa et ses collègues étudient désormais les comportements d'un grand nombre de tétras, dans l'espoir d'établir une corrélation entre des comportements extrêmes et des variations génétiques. L'étape suivante consistera à tenter de comprendre comment ces variations génétiques peuvent interagir avec l'environnement des tétras pour produire des symptômes si proches de ceux qu'on observe chez les humains. Au final, l'objectif est d'identifier un sous-ensemble de gènes impliqués dans la schizophrénie et l'autisme. La liste de gènes soupçonnés de jouer un rôle est actuellement encore très longue.