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Toute la misère du monde réunie dans une bouteille de whiskey

Dans l'espoir de restituer le goût si unique de la déroute financière, un entrepreneur britannique vient de créer une gamme de spiritueux qui promet de restituer tous « les hauts et les bas de la crise économique de 2008 ».

À ceux qui prennent leur pied en buvant à la santé du désespoir humain, un entrepreneur britannique vient de créer une gamme de whiskeys qui porte un nom maudit par nos contemporains, celui de la banque d'investissement Lehman Brothers.

Le slogan de la marque promet de restituer « les hauts et les bas de la crise économique de 2008 » à quiconque déguste le breuvage. Que vous souhaitiez trinquer à la chute des requins de Wall Street ou vous bourrer un peu la gueule pour oublier la perte de vos économies, les whiskys Lehman Brothers vous laisseront quoiqu'il arrive un petit goût amer, avec quelques « notes de repentance honteuse ».

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Car pour beaucoup, la crise économique de 2008 reste la pire catastrophe financière depuis la Grande Dépression de 1929. Des milliards de dollars se sont évaporés en même temps que la bulle spéculative des subprimes éclatait. La banque Lehman Brothers, mastodonte américain du secteur depuis 1850, a été l'une des premières enseignes à devoir mettre la clef sous la porte. Depuis, son nom est devenu presque tabou dans le milieu de la finance, comme s'il attirait la poisse.

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Mais pas pour James Green. En lançant cette gamme composée de trois whiskeys, le jeune investisseur immobilier de 34 ans est bien décidé à capitaliser sur le symbole éternel du désespoir – ce qui n'est pas gage de mauvaise qualité : pour chaque bouteille, il a travaillé en lien étroit avec des maîtres distillateurs d'Écosse et de Caroline du Sud.

La bouteille qui se vendra probablement le mieux, « Ashes of Disaster » (« Les Cendres du Désastre »), propose « une saveur complexe qui rappelle la saveur des billets de banque qui partent en fumée et le pourrissement du fruit trop mûr sur la branche ». Cette note de tête est contrebalancée par « une longueur en bouche qui rappelle toute l'humilité de ceux qui ne s'activent pas pour aider les victimes après une catastrophe ».

La deuxième bouteille de la gamme, un whiskey américain nommé « Snapfire » (que l'on pourrait traduire par « Le Départ de feu »), est sensée quant à elle rappeler le choc brutal du crack boursier. Green explique qu'il sera « parfait pour accompagner vos décisions les plus imprudentes, vos jeux d'argent et leurs conséquences explosives. À déguster seul, de préférence. »

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La petite dernière de la gamme, « Evergreen » (« L'Éternel »), promet des « notes de croissance et d'avenir » pour assurer une ivresse qui perdure dans le temps. Ce whiskey est censé représenter le renouveau.

La banque Lehman Brothers renait de ses cendres sous la forme d'une collection de whiskys. Qui l'eût cru ? Mais bizarrement, aucune des bouteilles n'est en plaqué or.

Si l'on en croit le Wall Street Journal, le groupe financier Barclays PLC – racheté des parts de Lehman Brothers après la faillite et avait eu beaucoup de mal à utiliser ce nom pour vendre des services financiers – a bien tenté de dissuader James Green de lancer sa marque de whiskey.

Mais pour le jeune entrepreneur, qui reçoit déjà des commandes de bars new-yorkais et londoniens, l'aventure ne fait que commencer : il rêve déjà d'ouvrir un bar Lehman Brothers sur Wall Street et à la City de Londres.

« Les gens doivent pouvoir déguster cet épisode marquant de l'histoire », a-t-il affirmé au Wall Street Journal.

À ceux qui voudraient tremper leurs lèvres dans quelques centilitres de dépression, les whiskeys Lehman Brothers sont en vente sur le site internet de la marque. Pour acquérir la bouteille d'entrée de gamme, « Snapfire », il faudra tout de même débourser la somme de 42 €. Peut-être un peu chèros pour un alcool qui a fait la promesse de vous laisser sur le carreau.