Une semaine en compagnie d'un partisan de Marine Le Pen
Damien stemmer dørklokker sammen med sin assistent Christophe (til venstre)

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Élections 2017

Une semaine en compagnie d'un partisan de Marine Le Pen

On a filé un appareil photo jetable à Damien Obrador, conseiller municipal Front national en Gironde et attaché parlementaire de Steeve Briois, pour qu’il photographie son quotidien de campagne.

Pour ce nouvel article de la série « La vie des autres », on a filé un appareil photo à Damien, jeune élu du FN.


Depuis quelques mois, tous les sondages convergent : Marine Le Pen accéderait au second tour de l'élection présidentielle. Par la suite, elle serait systématiquement battue, quel que soit le candidat.

Quand j'ai maté les deux débats télévisés – entre les cinq candidats, puis les 11 –, j'ai d'abord été frappé par une chose : quoi qu'on en dise, ou pense, le Front national fait désormais partie intégrante du système politique français. Personne n'a remis en cause la présence du FN dans les débats – contrairement à Jacques Chirac en 2002, qui n'avait pas souhaité débattre avec Le Pen, père.

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Pour voir ce qu'il en était en coulisses et sur le terrain, j'ai filé un appareil photo jetable à Damien Obrador – conseiller municipal Front national en Gironde et attaché parlementaire au Parlement européen du vice-président du parti Steeve Briois – pour qu'il photographie son quotidien au cours de la dernière ligne droite avant le premier tour de l'élection présidentielle. Je lui ai passé un coup de fil à la réception des photos pour lui demander son avis sur ce qu'est le rôle d'un jeune élu, discuter avec lui des raisons de son adhésion au Front national à 18 ans, et savoir quel était son pronostic pour le second tour.

« Remettre la France en ordre », un slogan fort qui annonce une véritable volonté de changement.

« Remettre la France en ordre », l'un des slogans de Marine Le Pen

VICE : Salut Damien. Ça fait combien de temps que tu as adhéré au Front national ?
Damien Obrador : J'ai adhéré fin 2010, à 18 ans, pour participer au congrès en vue de l'élection du nouveau président du parti. J'étais dans le comité de soutien de Marine Le Pen. Ensuite, j'ai milité jusqu'en 2014, puis j'ai été candidat, et enfin élu. En 2015, je suis devenu attaché parlementaire.

Pourquoi avoir rejoint le FN à 18 ans ? C'était par conviction ou par opportunisme – quand on sait qu'il est plus facile pour un jeune d'accéder à des fonctions politiques au FN que dans les autres « grands partis » ?
Par conviction. Pour les questions européennes principalement – je trouvais que l'euro avait détérioré notre niveau de vie et notre pouvoir d'achat, tout le contraire de ce que Chirac argumentait à l'époque. Et, bien entendu, pour les questions d'identité et d'immigration.

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Les fondamentaux. Tu étais le seul de ta famille à être membre du Front national quand tu y as adhéré ?
Oui, j'ai une famille historiquement de droite – Chirac, Sarkozy. Mais depuis quelques années elle s'est tournée vers le FN, comme moi.

OK. Sur des photos, je te vois distribuer des tracts. Lors d'une campagne présidentielle, tu es militant avant tout ?
Oui, comme les autres membres du parti. Steve Briois est également un militant lors des campagnes nationales – il tracte, par exemple. On travaille à fond sur le terrain, on assiste aux meetings, on fait du porte-à-porte, on poste des tracts dans les boîtes aux lettres, on va sur les marchés, on colle des affiches. On essaye de marquer l'esprit des gens. Quand quelqu'un se déplace, on veut qu'il puisse voir Marine Le Pen partout – sur le chemin de son travail, dans sa boîte aux lettres, quand il va faire ses courses.

Tractage dans la commune de Leforest proche D'Hénin-Beaumont. Dans les communes limitrophes, le travail de Steeve Briois est reconnu par un grand nombre d'habitants.

Tractage dans la commune de Leforest, près d'Hénin-Beaumont. 

Si je te dis que voter extrême droite, c'est essentiellement un vote de rébellion, qu'est-ce que tu en penses ?
Déjà, je ne considère pas le Front national comme un parti d'extrême droite. Le vote FN a été un vote de rébellion par le passé mais, aujourd'hui, ce n'est plus un vote contestataire. Les gens adhèrent vraiment.

Si ce n'est pas un parti d'extrême droite, de quoi s'agit-il ?
Un parti à droite sur l'échiquier politique sur les thèmes de l'immigration et de l'identité. Après, on peut utiliser le terme de populiste à la limite. Ça ne me dérange pas.

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C'est du Trump à la française, selon toi ?
Il y a certains points sur lesquels on pourrait se retrouver, c'est vrai – sur le protectionnisme et les questions d'immigration, par exemple.

Le Front national est toujours considéré comme un parti qui fait peur par pas mal de gens. Toi, en tant qu'élu FN, y a-t-il un candidat qui te fait peur ?
En ce qui concerne les programmes, Macron et Fillon – qui ont un programme assez similaire – me font peur pour l'avenir de la France. Leurs politiques sont inquiétantes. Dans un autre style, Jean-Luc Mélenchon aussi. La France multiculturelle ne marche pas aujourd'hui, et c'est une des raisons pour lesquelles les jeunes sont déboussolés de nos jours – on leur a retiré toutes leurs racines et leur histoire. Le vivre ensemble c'est sympathique sur le papier, mais en réalité ça n'a rien apporté de bon. La Tour Eiffel est entourée de mur… C'est triste et c'est à cause des risques liés aux attentats.

La France multiculturelle est la cause des attentats selon toi ?
Oui. Ça a donné une France multi-conflictuelle. À l'époque où l'immigration n'était pas aussi importante, nos parents ne connaissaient pas de conflits du genre de ceux que les jeunes vivent aujourd'hui quand ils se font agresser dans la rue ou dans le métro.

Dernière question : tu penses que Marine Le Pen peut être élue présidente en 2017 ?
J'y crois très profondément. Quand les gens prennent nos tracts ils nous disent : « Cette fois on va gagner. » Au deuxième tour, les gens pourront choisir de changer de modèle. Selon moi, au second tour, ce sera Marine contre François Fillon – même si la deuxième place se jouera dans un mouchoir entre Mélenchon, Fillon et Macron.

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Merci pour ton point de vue, Damien.

Retrouvez Felix sur son site.

Derniers essais son pour Marine Le Pen, qui s'échauffe en chantant notamment « Mon mec à moi » de Patricia Kaas 

Au détour d'une rue, un panneau d'affichage libre recouvert aux couleurs de Marine Le Pen

Tractage du magazine parlementaire de Steeve Briois

Salle de meeting avant l'ouverture des portes.

Salle de meeting avant l'ouverture des portes

La foule du meeting de Lille.

La foule lors du meeting de Lille