La « provocation » de la Corée du Nord vue de l’intérieur
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La « provocation » de la Corée du Nord vue de l’intérieur

Nous étions présents pour le lancement raté de son missile.

L'article original a été publié sur VICE News.

Ç'a été une fin de semaine mouvementée en Corée du Nord.

Dimanche matin, le royaume ermite a raté le lancement d'un missile depuis un site près de la ville côtière de Sinpo. Il devait apparemment coïncider avec une parade à Pyongyang et l'arrivée de l'US Navy dans la région. Mais le missile « a explosé presque immédiatement » après avoir quitté le sol, selon l'United States Pacific Command.

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Samedi, une foule nombreuse s'était rassemblée pour le 105e anniversaire de naissance du grand-père de Kim Jong-un, feu Kim Il-sung, considéré comme le père fondateur de la Corée du Nord.

Après un discours enflammé de Choe Ryong Hae, l'une des proches confidentes de Kim Jong-un, des milliers de citoyens de Pyongyang ont marché en rang pendant des heures en chantant les louanges de leur leader suprême, assis à un haut balcon, souriant.

D'après le gouvernement nord-coréen, la parade marquait la création de son unité des Forces spéciales, dont les membres ont déambulé au pas cadencé vêtus d'un uniforme de camouflage et équipés de lunettes de vision nocturne – ce qui n'est pas sans intérêt, car des sanctions internationales interdisent à l'État paria d'en posséder.

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Une noria de camions traînaient derrière eux des missiles, dont de nouveaux missiles mer-sol balistiques ainsi qu'au moins un nouveau type de missile balistique intercontinental. Ce dernier, selon la Corée du Nord, a la capacité d'atteindre les États-Unis. On ne sait pas s'il s'agit d'un missile réellement fonctionnel ou simplement d'un prototype. Ce serait un missile alimenté au combustible solide conçu pour un lanceur mobile, ce qui donne la possibilité d'effectuer un lancement plus rapide et plus furtif que les missiles à combustible liquide de l'arsenal actuel.

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L'armée américaine en est encore à essayer de déterminer le type de missile utilisé pour le test de dimanche. Un de ses représentants a déclaré à CNN qu'on dispose de peu d'information parce que le missile a explosé trop peu de temps après son lancement.

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Arrivé dimanche Corée du Sud, le vice-président américain, Mike Pence, a déclaré que le lancement était « une provocation ».

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« La provocation nord-coréenne de ce matin n'est que le plus récent rappel que vous courez des risques chaque jour pour la défense de votre liberté et la défense des États-Unis dans cette partie du monde. »

Le même jour, le conseiller à la sécurité nationale H.R. McMaster a affirmé en entrevue télévisée que les États-Unis interviendront pour mettre fin à la menace nord-coréenne. Le président Trump a écrit sur Twitter que la Chine collabore avec les États-Unis pour s'occuper de la situation en Corée du Nord.

« Le président a dit clairement qu'il n'acceptera pas qu'un régime hostile possédant des armes nucléaires menace les États-Unis et ses alliés et partenaires dans la région », a déclaré McMaster.

Plus tôt dans la semaine, après sa rencontre avec le président chinois, Xi Jinping, Trump avait affirmé que les États-Unis prendraient des mesures, sans préciser lesquelles, contre la Corée du Nord, même si Beijing ne collaborait pas. Le manque de personnel du département d'État dans la région rend toutefois compliquée la réponse des États-Unis à la hausse de tension. Trump n'a toujours pas nommé d'ambassadeur en Corée du Sud, au Japon ou en Chine, et le poste d'adjoint au secrétaire d'État en Asie de l'Est est vacant.

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Citant des agents du renseignement anonyme, NBC News a rapporté jeudi que les États-Unis « se préparent à lancer une attaque préventive avec des armes conventionnelles » contre la Corée du Nord pour prévenir un imminent essai nucléaire. Mais le Pentagone a démenti cette information et un haut fonctionnaire de l'administration Trump a assuré qu'elle était « complètement fausse ». D'autres journalistes à la Maison-Blanche, citant leurs propres sources anonymes, ont aussi rapporté que les États-Unis se préparaient à frapper.

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Xi Jinping a pour sa part dit souhaiter une résolution pacifique. Mais un traité de défense mutuelle existe entre la Corée du Nord et la Chine, qui pourrait considérer toute attaque contre sa voisine comme un acte de guerre. La Corée du Nord possède la quatrième armée régulière au monde et pourrait réagir à une attaque américaine en lançant des missiles avec une charge conventionnelle, chimique ou nucléaire contre la Corée du Sud ou le Japon, où se trouvent plusieurs bases militaires américaines.

Entre-temps, à Pyongyang, au cours d'un parcours de 30 minutes en voiture dans le cadre d'un voyage de presse soigneusement organisé, il n'y avait aucun signe de tension, si ce n'est qu'on a demandé à la délégation de presse occidentale d'éviter le sujet du lancement de missile raté, ainsi que les politiques internationales et nord-coréennes.

La ville était animée, des vendeurs s'activaient pour offrir de la crème glacée, de l'eau en bouteille, des nouilles. L'ambiance festive donnait à penser que la population en savait peu sur les événements politiques d'envergure planétaire qui se jouaient dans la péninsule ou qu'elle avait une confiance aveugle en la capacité du pays à repousser les attaques extérieures.

Keegan Hamilton a collaboré à cet article.