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Culture

Quand les statues tuent...

Des sculptures comme armes blanches aux installations qui s'effondrent sur leurs publics : un bref état des lieux des œuvres assassines.
These are not real Easter Island Heads, nor are they real murder weapons. But a man did use an Easter Island Head sculpture to kill his wife. Image via Wikimedia Commons.

La semaine dernière on apprenait qu’au moins deux des œuvres au formol de Damien Hirst : Mother and Child (Divided) et Away from the Flock, étaient toxiques pour les gens aux alentours. On ne sait pas encore si des personnes longtemps exposées en sont mortes, mais cela nous permet de faire le point sur toutes ces sculptures qui un jour tuer. Que ce soit par accident ou en ayant servi d’arme, il y en a — en fait — un paquet.

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Richard Serra est peut-être l’artiste qui vient tout de suite en tête lorsqu’on aborde ce morbide sujet. Non seulement parce que ses structures en métal immenses sont tout à fait flippantes, mais surtout parce que ces dernières ont — en plus d’avoir blessé un nombre considérable de personnes lors d’expositions — en 1971 au Walker Art Museum de Minneapolis tué un ouvrier en charge de la maintenance. Ce jour-là, un bout de la structure d’un peu plus de deux tonnes lâche et vient écraser Raymond Johnson.

 Five Disks: One Empty, Alexandre Calder.

Toujours en 1971. Alex Calder est un autre habitué des structures gigantesques mais bringuebalantes. Le scénario est à peu près le même, cette fois-ci avec les sculptures Five Disks: One Empty lors de son exposition à l’université de Princeton. Deux génies en charge de l’installation de l’œuvre s’amusaient à chevaucher la partie suspendue du mobile. Ce qui devait arriver arriva et le câble céda. Les deux ouvriers périrent.

Si vous connaissez un peu les Rocheuses, la NFL ou South Park, alors vous savez que l’emblème de Denver est un Bronco. Et comme un symbole américain se doit d’être gigantesque et d’en foutre plein la vue au reste du monde, l’aéroport de la ville est orné d’un sympathique mustang de l’enfer, bleu électrique, yeux injectés de sang et crinière de feu. Leur façon à eux de dire « welcome ». Cette imposante statue est l’œuvre de Luis Jiménez… et de ses proches puisque ces derniers ont dû finir le projet après qu’un bloc de 4 tonnes de fibres de verre soit tombé sur l’artiste.

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Si vous vous dites actuellement quelque chose comme « tout ce que j’ai à faire pour ne pas me faire tuer par une statue, c’est de ne pas en concevoir ou bosser à leur assemblage », vous vous trompez. Les œuvres d’art sont perfides et peuvent tuer n’importe qui, même d’innocent visiteur qui ne demandait rien d’autre que de remplir le vide de leur dimanche après le marché et le brunch.

On connaît essentiellement Christo et Jeanne Claude pour leurs installations d’emballage de tout et n’importe quoi. Mais en 1991, pour leur projet The Umbrellas, le couple d’artistes avait fait faire 3100 parapluies en aluminium et acier de 220 kilos chacun. Tous étaient suspendus à près de 4 mètres de haut sur une longueur de cinquante kilomètres en Californie et à Ibaraki au Japon. Vous le voyez venir, le 26 octobre 1991 il y a du vent et Lori Mae Matthew l’a appris à ses dépens. Choqués, les deux artistes se sont alors rendus à l’enterrement et ont ordonné le démontage de Umbrellas. L’histoire aurait pu s’arrêter là et être déjà morbide mais s’était sans compter sur la mort de Masaki Nakamura, un ouvrier de 51 ans dont la grue qu’il utilisait pour décrocher les parapluies se prit dans une ligne à haute tension, l’électrocutant à grands coups de 65000 volts.  Alors évidemment, on parle depuis le début d’artistes qui conçoivent des structures aussi grandes que lourdes. On est en droit de se dire que c’est un peu normal que parfois, ça plante. Mais il y a aussi un paquet d’histoires où de petites statues furent utilisées comme arme. En février 2013 par exemple, Frederick Gilliard fut condamné à quatre ans de prison pour le meurtre de sa femme. L’arme du crime ? Un petit Moaï de l’Île de Pâques.

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Ces statues ne sont pas de véritables Moaï, mais de vraies armes. Image via Wikimedia Commons.

Alors certes, ce n’est pas un vrai Moaï. Tout le monde n’a pas les moyens de tuer avec un original, du coup des reproductions sont souvent utilisées comme objet contendant. C’est le cas pour Devendra Singh qui tua sa femme avec un éléphant en bois ramené d’un voyage en Afrique dans un acte que le légiste qualifia d’extreme violence. Pareil pour Richard Gustav Forsbergwas, qui lui aussi tua sa compagne qui était pourtant déjà atteinte d’un cancer à coups de statue d’une déesse grecque.

La liste des crimes où l’arme est une statue est sans fin. Prenez le cas de Mark A. Bechard. Un mec tout ce qu’il y a de plus normal jusqu’à ce qu’il se mette à tuer des nonnes à l’aide d’une statue de vierge. Ou encore plus intéressant pour les psychologues, Michael Gallagher, qui en décembre dernier tuait sa mère avec une statue de lui-même. Dans ce cas précis Apparemment la statue n’a pas suffi puisque Gallagher a aussi étranglé puis étouffé avec un oreiller sa pauvre maman. Donald Arrington a lui aussi connu les mêmes déboires puisqu’après avoir assommé sa victime avec une statue, il y planta 45 coups de couteau avant de mettre feu à l’ensemble. Nous sommes au courant de l’étape de la statue seulement parce que des morceaux de l’œuvre étaient toujours présents dans les os de la dépouille.

Image via Wikimedia Commons.

Toutes les victimes ne sont pas humaines, en février 2015, Nicholas Patrickis, 23 ans, a légèrement pêté les plombs. Vol de couteau, vol de Nintendo, vol de bus scolaire et, pour finir, meurtre de son chat à l’aide une statue en forme de grenouille.

Tout cela pour dire que l’art c’est dangereux, que vous soyez artiste, assistant, ouvrier, visiteur, ou tout simplement collectionneur.