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Jean-Paul Driot : la construction d'un succès électrique avec Renault

Le co-fondateur de l'écurie e.dams-Renault, avec Alain Prost, explique les enjeux de la deuxième saison de Formula E.
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Cet article fait partie du programme e-Generation,_ réalisé _en partenariat avec _Renault_.

Gagner pour ses grands débuts dans une compétition peut être une arme à double tranchant qui peut, certes, stimuler la confiance, mais peut aussi engendrer beaucoup d'attentes de la part du public et de son équipe. E.Dams, la branche électrique de Renault dirigée par Jean-Paul Driot, s'est imposée comme une force dominante lors de la saison inaugurale de Formula E. Alors que le coup d'envoi de la saison 2015-2016 est donné à Pékin le 24 octobre, l'écurie française peut-elle conserver son titre par équipe ?

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« Nous sommes aujourd'hui plus sûrs de nous parce que la Formula E nous est maintenant plus familière, affirme Jean-Paul Driot. L'année dernière, nous étions dans l'inconnu. Nous devions assimiler cette technologie, apprendre à gérer la course, surveiller la consommation d'énergie et faire face à des voitures plus lourdes. Tout était nouveau, il fallait trouver des solutions pendant les essais et résoudre les problèmes qui se présentaient à nous, sans connaître ni maîtriser tous les paramètres. C'est complètement différent de ce qui peut se passer habituellement dans une écurie. Nous faisons face à une pression plus importante car nous avons remporté le titre l'année dernière, le premier de la discipline. Cette pression est d'autant plus forte parce que Renault a renforcé son implication dans la Formula E. »

L'ouverture des règlements

La grande différence cette année est l'arrivée de huit constructeurs alors que les 10 équipes engagées la saison dernière avaient la même voiture, une Spark-Renault SRT 01E.

L'écurie Renault s'appelle désormais Renault e.Dams avec son moteur ZE15 sur-mesure. « Il a directement été développé dans l'usine Renault Sport F1 à Viry-Châtillon, en utilisant un banc moteur spécifiquement adapté », explique Driot.

« Nous travaillons avec des équipes qui maîtrisent le sujet car il y a déjà de nombreux systèmes électriques en Formule 1. C'est un atout formidable. Nos ingénieurs travaillent en étroite collaboration avec l'équipe technique de Renault, comme si nous étions une seule et unique entité ». L'expérience et la culture sportive de Renault sont des avantages évidents de cette collaboration, selon Jean-Paul Driot.

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« C'est important d'avoir le soutien d'un grand constructeur, surtout quand il a un vrai esprit de compétition comme Renault, ajoute-t-il. Travailler avec Renault Sport F1 signifie qu'on travaille avec des experts qui connaissent le sport automobile. Cela se voit dans leur façon de comprendre et de réagir face à une situation. Si vous travaillez avec des gens qui procèdent d'une manière conventionnelle, cela peut être difficile de faire avancer les choses rapidement. La course est un environnement rapide et vous avez besoin de gens qui parlent le même langage que vous. Et c'est exactement le cas avec Renault. »

Un appel important

Après avoir conduit son écurie DAMS a de nombreuses victoires depuis sa création en 1988, Jean-Paul Driot a toujours été à la recherche de nouveaux défis. L'intéressé se remémore une discussion avec Alejandro Agag, le fondateur du championnat de Formula E :

« Alejandro est un ami très proche. Je le connais depuis longtemps puisque nous étions ensemble en GP2. Une nuit à Bahreïn, nous étions en train de parler quand il m'a dit : "Je suis sur le point de lancer un championnat composé uniquement de voitures électriques. Veux-tu participer à cette aventure avec moi ?" J'ai alors répondu : "Comment pourrais-je te laisser faire sans moi ? Si tu lances ce championnat, je viendrai à tes côtés". »

« J'ai alors mentionné le nom d'Éric Barbaroux. Éric avait déjà construit une monoplace électrique (via sa société Formulec), mais Agag ne le connaissait pas. J'ai donc appelé Barbaroux avec Agag. C'était un vendredi et, le lundi suivant, Agag s'est envolé pour Paris afin de rencontrer Éric. Alejandro a racheté l'entreprise de Barbaroux et l'a transformée en ce qui est maintenant la Formula E. »

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« La meilleure combinaison possible »

Lorsque Alejandro Agag et la FIA ont commencé leur travail pour le lancement d'une compétition "verte et durable", Jean-Paul Driot a repensé à la promesse qu'il avait faite à son ami. « L'essentiel est de trouver le bon partenaire, dit-il. Nous savions que nous aurions besoin de l'appui d'un constructeur en raison de l'importance du développement technologique. Nous avions besoin de travailler avec des gens qui avaient à la fois l'expertise et la puissance financière. »

« En tant que leader mondial dans le domaine des voitures électriques, il était essentiel pour Renault de suivre les évolutions sociales du moment : les courses en centres-villes et l'utilisation des réseaux sociaux, éléments fondamentaux de la Formula E. »

« Je savais qu'Alain Prost suivait le projet de très près et il connaît le sujet aussi bien que je connais les nouvelles technologies. Nous nous complétons très bien. Je suis très carré dans ma manière de gérer les choses, mais je ne suis pas bon dans les relations publiques. Ce n'est tout simplement pas mon truc. En tant que champion du monde de Formule 1 et ambassadeur de Renault, Alain a une aura incroyable et il est le personnage parfait en termes de communication et de marketing. Renault le sait très bien et est conscient de ce que j'ai réalisé avec DAMS. C'est, je pense, la meilleure combinaison possible pour mener le projet le plus efficacement possible. »

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Jean-Paul Driot ajoute : « Nous avons vraiment bien travaillé ces deux dernières années. La collaboration avec Renault se passe à merveille. Nous croisons les doigts pour que l'équipe reste compétitive dans les années à venir. »

L'adaptation à différentes configurations

« Mais la campagne de Formula E n'a pas été de tout repos. Quatre courses gagnées, l'obtention de cinq pole positions, les deux tours les plus rapides lors de la saison inaugurale, nous n'étions pas loin de conquérir le titre chez les pilotes avec Sébastien Buemi qui a loupé la couronne pour un seul petit point. »

À lire : La Formula E peut-elle franchir le cap de la deuxième saison ?

« J'estime que la responsabilité est partagée entre l'écurie et le pilote. Seb a eu un début de saison difficile – comme la majorité des pilotes. Après avoir couru en Formule 1, ils ont peut-être pensé que ce serait facile et qu'ils pourraient conduire facilement ces voitures. La Formula E est une discipline différente, il faut prendre en compte beaucoup de paramètres. Cela nécessite un temps d'adaptation et ce n'est pas aussi simple que ça ».

_« Mais l'équipe a peut-être aussi fait des erreurs et je n'ai aucune difficulté à le dire. La faute la plus importante a été commise à Moscou où nous avons retenu nos pilotes neuf secondes de trop dans les stands alors que l'heure avait été changée. Cela nous a coûté très cher car Sébastien était alors en bonne position pour remporter la course. Cette erreur est inacceptable. Il faut surveiller chaque petit détail pour s'assurer que tout est en état de marche. C'est un aspect très important dans une course. _Nous avons perdu le titre car nous n'avons pas fait ce qu'il fallait pendant la saison. Je ne cherche jamais d'excuses.»

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Pas de regret sur l'échec du projet F1

Avec le succès de e-Dams en Formula E, Jean-Paul Driot a gagné dans toutes les épreuves monoplaces dans lesquelles il s'est engagé. Cela aurait pu être la Formule 1 mais, en 1995, le projet a été avorté. « Nous avions la voiture pour aller en Formule 1, mais pas le budget, insiste-t-il. DAMS aurait mis la clé sous la porte avant même la fin de la saison, avec beaucoup de dettes à rembourser. » Depuis, DAMS a été un formidable tremplin pour de jeunes pilotes talentueux tels Romain Grosjean, Kevin Magnussen ou encore Carlos Sainz.

Avec l'appui d'un grand constructeur et le duo Prost-Buemi, e.Dams a montré des promesses lors des essais de présaison qui ont eu lieu au mois d'août à Donington Park, au Royaume-Uni. Pendant les six jours de courses, l'écurie a vu un de ses pilotes effectuer le meilleur temps à trois reprises.

« Nous étions à la recherche de bons résultats avant le début de la saison. Ces résultats sont positifs mais doivent être relativisés car la seule vérité sera celle de Pékin lors du premier Grand Prix.»

« Peu importe la technologie et l'argent dont vous disposez. La course est une question de relations humaines qui nécessitent de l'humilité et de l'objectivité. C'est mon travail de savoir gérer des personnes venant d'horizons différents (des pilotes, des ingénieurs, des mécaniciens, des sponsors). Et quand vous réussissez à faire cohabiter tous ces gens, c'est que vous avez gagné.»