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Sports

La Formula E peut-elle franchir le cap de la deuxième saison ?

La Formule E a dépassé toutes les attentes pour sa première saison. Saura-t-elle relever les défis qui l'attendent pour consolider son statut dans l'univers des sports mécaniques ?

Cet article fait partie du programme e-Generation, réalisé en partenariat avec Renault.

En septembre dernier, le monde retenait son souffle alors que cinq lumières rouges tournaient au vert lors d'un bel après-midi à Pékin. La première véritable incursion de la FIA dans le monde des voitures électriques allait-elle être un succès ? Les voitures, construites à la hâte, allaient-elles être suffisamment fiables ? Le spectacle allait-il être gâché par le FanBoost, ce système inédit permettant aux fans d'octroyer quelques secondes de turbo à leurs trois pilotes préférés pendant la course, grâce à leurs votes sur les réseaux sociaux ? Les amateurs de sports mécaniques allaient-ils être séduits par le message environnemental véhiculé par la Formula E ?

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A la fin de la saison, tous ceux qui avaient prédit l'échec de la Formula E ont dû revoir leur jugement, tant le spectacle proposé était superbe. Leur aérodynamisme sommaire et leurs pneus très fins ont rendu les voitures extrêmement maniables, ce qui permettait à tous les pilotes d'être toujours au coude-à-coude. On a donc eu droit à sept vainqueurs différents en onze courses. Les fans ont pu particulièrement apprécier que les courses se déroulent sur une seule journée et en plein cœur des villes. Des millions de gens étaient devant leurs télévisions le jour où Nelson Piquet Jr. a décroché le premier titre de la discipline dans les rues de Londres avec un tout petit point d'avance sur son dauphin. Mais le véritable défi ne fait que commencer pour la Formula E.

LES PROCHAINS DEFIS

Sans oublier la qualité du travail déjà accompli en très peu de temps, la Formula E ne doit pas se reposer sur ses lauriers et a tout intérêt à se tourner vers l'avenir si elle veut continuer à se développer. Les attentes seront désormais plus élevées et les erreurs qui ont pu être commises ne seront plus si facilement pardonnées.

La compétition se targue d'être à la pointe de la technologie et il lui faudra donc prouver que les véhicules développés apportent bien des nouveautés dans le domaine des moteurs électriques. Les instances dirigeantes vont dans la bonne direction en laissant les constructeurs développer leurs propres machines. Mais après la Guerre Froide, qui a eu lieu cet été pendant la période d'essais, personne ne sait encore qui s'en est le mieux sorti.

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Le bouleversement des qualifications ajoute encore à l'incertitude générale. Les voitures seront toujours divisées en quatre groupes de cinq. Mais cette saison, les pilotes auront moins de temps pour signer un tour, seulement six minutes. Après ce premier chrono, les positions de 6 à 20 seront établies, et les cinq premiers se retrouveront pour disputer une superpole. Ils auront quinze minutes pour se départager, et l'auteur de la pole gagnera trois points, comme lors de la première saison. Le FanBoost sera également plus musclé, passant de 150kw à 170kw, afin de pimenter les courses.

La Formula E doit désormais améliorer son exposition, ce qui devrait être le cas grâce aux droits TV négociés avec Eurosport en Allemagne, la RAI en Italie et Canal+ en France. Le calendrier sera plus régulier cette saison, alors que l'année dernière le trou de deux mois entre la première course à Pékin et la suivante à Putrajaya avait fait retomber toute la tension née du final haletant entre Nico Prost et Nick Heidfeld dans la capitale chinoise. Les équipes ne pourront plus changer de pilotes à loisir, puisqu'elles n'auront désormais plus droit qu'à deux pilotes par voiture durant la saison, ce qui devrait permettre aux fans de mieux s'y retrouver.

Une interrogation demeure toutefois. Certes, la Formula E est parvenue à attirer un large public, particulièrement des familles, grâce à son implantation dans le cœur des villes ; mais elle doit encore convaincre les puristes, peu emballés jusqu'ici. Mais franchement, est-ce si important ? Le commentateur anglais de la compétition, Jack Nicholls, n'en est pas persuadé. Après tout, la Formula E ne cherche pas à copier la F1.

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L'AVIS DE NICHOLLS

« La première saison était nettement supérieure à mes attentes. C'était vraiment une compétition de haut niveau, explique Nicholls. _Après une ou deux courses, on s'habitue au fait que les voitures fassent nettement moins de bruit, et on se concentre davantage sur la course en elle-même. Je pense que les fans sont assez impatients que la nouvelle saison démarre, vu le spectacle proposé l'an dernier. _»__

« Certains semblent penser que la Formula E cible surtout les gens qui ne s'intéressent pas au sport automobile, mais c'est faux. Elle veut aussi séduire les fans inconditionnels. L'une des plus belles surprises que j'ai eues la saison dernière, c'était d'aller sur des forums de passionnés de courses, et de lire des messages postés par des gars qui étaient initialement persuadés que ça allait être nul et qui disaient des choses du genre "ok, c'est moins cool que des gros V10, mais les courses sont passionnantes, les pilotes sont excellents et je me suis pris au jeu." C'est très encourageant. »

« Tant mieux si la Formula E amène de nouvelles personnes vers les sports mécaniques, mais au fond elle propose exactement la même chose que les autres formules : des pilotes de très haut niveau qui se battent au coude-à-coude et prennent tous les risques pour finir en tête. »

« Je pense que la deuxième saison sera encore meilleure, mais je ne crois pas qu'elle sera radicalement différente de la première. On a déjà vu le meilleur de ce que la Formula E a à offrir : des voitures électriques, des circuits en centre-ville, et des courses passionnantes. Et c'est ce que nous verrons encore cette année. »

VERDICT

Dans une interview accordée récemment à Motorsport.com, Alejandro Agag, le promoteur de la Formula E, a parlé de _« _consolidation_ »_ pour évoquer ses espoirs pour la deuxième saison. En refusant de se reposer sur ses lauriers durant l'intersaison, il a donné une chance à la compétition de se pérenniser. Bien sûr, seul l'avenir dira si la Formula E réussira son pari, mais elle semble sur la bonne voie. Et si elle parvient à éviter l'écueil de « l'album de la maturité », qui sait ce dont elle est capable ?