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Troisième voie

16 proches d’un groupe d’extrême droite interdit arrêtés dans le nord de la France

Ils ont été placés en garde à vue pour tentative d'homicide, violences, vols, reconstitution de groupes de combat, incendies et infractions à la législation sur les stupéfiants, selon l'avocat Bernard Farret.

Seize hommes sont actuellement entendus par les gendarmes pour des faits commis dans la Somme (Nord de la France) entre 2012 et 2015. Le procureur d'Amiens a exposé ce mardi les faits, suffisamment graves pour justifier une garde à vue de 96 heures — les hommes ont été arrêtés ce lundi : « Il y a eu 16 placements en garde à vue pour tentative d'homicide, violences, vols, reconstitution de groupes de combat, incendies et infractions à la législation sur les stupéfiants, » a déclaré Bernard Farret.

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Le procureur a ajouté que tous les suspects, qui sont tous des hommes, dont la plupart ont entre 20 et 30 ans, à l'exception d'un mineur et de deux hommes de 40 ans, faisaient partie ou étaient sympathisants d'un groupuscule d'extrême droite bien connu des Français: « La majeure partie des personnes placées en garde à vue sont proches de la mouvance ultra et de Troisième voie », a précisé Bernard Farret.

Troisième voie est un mouvement d'extrême droite qui a été dissous par le gouvernement en juillet 2013 après le décès du militant antifasciste Clément Méric le 5 juin de la même année, dans une rixe avec des skinheads d'extrême droite à Paris. Les images d'une caméra de surveillance situées dans la station de métro Havre-Caumartin, ont proximité de laquelle la bagarre a eu lieu ont permis à la justice d'identifier Esteban Morillo, un skinhead de 20 ans comme celui qui aurait pu porter le coup mortel. Morillo était présenté comme un sympathisant de Troisième voie. Relâché en septembre 2014 par la cour d'appel de Paris, il est sous surveillance judiciaire dans l'attente d'un jugement.

Cette altercation tragique entre antifascistes et skinheads avait poussé Manuel Valls, alors ministre de l'Intérieur à afficher sa « totale détermination à éradiquer cette violence qui porte la marque de l'extrême droite. » Cette décision a été validée par le Conseil d'État un an plus tard, arguant que Troisième voie, ainsi que les JNR (« Jeunesses nationalistes révolutionnaires », des gros bras qui ont fait dans le service d'ordre de meetings), étaient des « milices privées » qui « provoquaient à la haine, à la discrimination et à la violence ». Troisième voie, qui rassemblait quelques centaines de sympathisants à travers la France avait pour leader Serge Ayoub, alias Batskin, une figure des skinheads d'extrême droite.

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D'après le journal local Le Courrier Picard, qui a eu accès à des éléments du dossier, les 16 personnes arrêtées ce lundi avaient pour habitude de se retrouver tous les week-ends dans le bar Le Local, dans le XVe arrondissement de Paris, qui était le point de ralliement de plusieurs mouvances les plus radicales d'extrême droite, dont Troisième voie qui s'occupait du lieu.

Le Courrier Picard, décrit le groupe comme très bien organisé, au statut d'organisation avec un secrétaire général, un trésorier et un président. Tous les membres auraient comme signe distinctif une brûlure à la main en forme de croix, et paieraient à « l'association » une cotisation de 20 euros par mois. Un fusil à pompe, un fusil à canon scié, des poings américains, un couteau à quatre branches, ainsi qu'une chaîne métallique ont été retrouvés dans la cache du groupe.

Parmi les suspects, on trouve le fondateur du WWK (White Wolfs Klan) un groupe d'extrême droite locale au sein duquel la violence, même entre membres du groupe semble être monnaie courante. Les gendarmes enquêtent notamment sur la tentative d'homicide sur l'un de leurs membres qui aurait été frappé parce qu'il voulait quitter le « clan ».

Photo via Wikimedia Commons.

Suivez Mélodie Bouchaud sur Twitter @meloboucho