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Crime

La propagande de guerre vue par l’organisation État islamique

La dernière vidéo de propagande de par l’État islamique utilise des codes cinématographiques américains : on y voit notamment un tank exploser en slow motion.
Image via YouTube

La machine médiatique de l'État islamique s'est à nouveau manifestée sur internet sous la forme d'une bande-annonce de blockbuster pour un film à venir intitulé « Flames of War ».

Le clip, très bien réalisé, dure 52 secondes. C'est une réponse au voeu du Président Barack Obama « d'affaiblir, et à terme, de détruire l'État islamique ». Des flammes engloutissent des images de la maison blanche et de Barack Obama, ainsi que des images de GI Américains en Irak - bien que le président américain a affirmé qu'il était exclu que les troupes combattent au sol.

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La vidéo a été produite par Al Hayat Media, la branche médias en langue anglaise de l'État islamique, publiée dans un premier temps sur le site Archive.org. Elle met en avant des images de haute-qualité, des techniques vidéo avancées et une séquence en slow motion d'un tank qui explose. La seule voix que l'on entend dans la vidéo, c'est celle de Barack Obama, déclarant que « l'armée de terre ne retournera pas combattre en Irak ».

À la fin de la vidéo apparaissent les mots « Les flammes de la guerre : le combat vient seulement de commencer », suivi de la phrase « bientôt sur vos écrans ». Le style est très différent des vidéos généralement produites par Al Hayat. L'utilisation de l'anglais, et d'effets spéciaux utilisés dans les jeux vidéo ou les fims d'action semblent destinés à de potentielles recrues occidentales.

On ne sait pas pourquoi la vidéo a été publiée maintenant, mais elle a été mise en ligne quelques heures seulement après que le Général Martin Dempsey, chef d'État major des armées américaines, a déclaré devant le Sénat qu'il demanderait dans l'avenir au président de déployer des forces de combat au sol si la stratégie actuelle de frappes aériennes se révèle insuffisante pour battre les terroristes islamites.

En réponse, la Maison Blanche a déclaré que le retour de troupes en Irak était « purement hypothétique ».

Alors que les États-Unis demeurent réticents au sujet d'une participation militaire active, les forces irakiennes ont lancée une opération militaire intense à Ramadi, Falluja, et Haditha au centre du pays.

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Les débuts d'une guerre de propagande

Tandis que la stratégie à employer sur le terrain est débattue, le département d'État américain a engagé une véritable guerre contre les terroristes sur les réseaux sociaux. Le projet Think Again Turn Away (une campagne de mise en garde contre la tentation du djihad) a son propre compte Twitter, Tumblr, sa page Facebook et produit ses vidéos.

Postée sur YouTube le 23 juillet, la vidéo du département d'État est ironiquement intitulée Bienvenue dans l'État islamique. On y voit des images de crucifixion, de décapitation, d'attentats-suicides avec des sous-titres anglais pour convaincre les citoyens américains de ne pas rejoindre les rangs de l'État islamique.

Think Again Turn Away n'a pas encore répondu à cette nouvelle vidéo de l'État islamique, mais il semblerait que les terroristes soient en train de gagner  la guerre de propagande.

Un sondage du Wall Street Journal et de NBC News sur l'opinion des Américains sur l'État islamique révèle que 47% des sondés pensent que leur pays est moins sûr aujourd'hui que dans la période précédant le 11 septembre.

La campagne Think Again Turn Away a également été très critiquée aux États-Unis. Rita Katz, à la tête du groupe de recherche SITE Intelligence Group, qui étudie le comportement des djihadistes en ligne a vivement critiqué la campagne, la qualifiant de « gênante», « pénible » et « inefficace ».

« Bien que le département d'État fasse un important pas en avant en reconnaissant l'importance des réseaux sociaux dans le recrutement des djihadistes sur internet, la campagne Think Again Turn Away est tout sauf courageuse, particulièrement sur Twitter », écrit la chercheuse israélienne dans les lignes du Times. « L'impact du gouvernement américain est non seulement inexistant, mais il donne aux djihadistes une caisse de résonnance pour leurs arguments. On les voit souvent engager des disputes mesquines entre membres de l'État islamique, Al-Qaïda et les islamistes d'Al-Shabaab pour savoir qui a tué le plus de gens, ou encore faire de l'esprit », écrit-elle.

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Un certain sens de l'humour

En Irak, l'ambiance de propagande est très différente. Là, la télévision d'État tente de combattre la menace islamiste par des vidéos satiriques. La plus récente, diffusée par al Iraqiya, est aussi une bande-annonce, mais cette fois ci pour une série anti- État islamique à venir, appelée « l'État superstitieux » - un jeu de mots avec les mots « khilafa » (« califat ») et « khirafa » (« superstition »).

Sous forme de comédie musicale, on y voit le leader de l'État islamique, Abu Bakr al-Baghdadi, naître dans un oeuf de l'union entre une femme juive et Satan.

Cette étrange vidéo met en scène d'autres sombres personnages, un homme armé juqu'au dent, un cowboy alcoholique, le Joker, Dracula, Staline et Sheikha Mozah, la femme de l'ancien émir du Qatar.

La vidéo se termine par Abu Bakr al-Baghdadi qui se fait exploser dans un théâtre. Les personnages chantent « appelle le à tuer les gens, appelle le à jouer avec la religion », ou encore « on fouette tous nos opposants, et on les décapite. Où es-tu, oh, coupeur de têtes ? »

D'après l'institut de recherche sur le Moyen-Orient (MERMI), qui a posté une traduction sur YouTube, la vidéo a été diffusée plusieurs fois depuis la première diffusion du 9 septembre en Irak, et elle a été vue plus de 25 000 fois sur YouTube.

Al Iraqiya n'est pas le seul média de langue arabe qui fait appel à la satire pour combattre l'habile campagne médiatique de l'État islamique. Al-Shahed Al-Mustaqil TV, une chaîne de télévision irakienne qui émet depuis le Royaume-Uni a rajouté dans son émission satirique un sketch anti-État islamique.

La saynète montre des acteurs qui portent de fausses barbes, dans une fausse publicité pour un fromage imaginaire d'une marque appelée Takfiri, qui désigne en arabe une personne qui accuse les autres d'hérésie. La vidéo parodie une publicité pour La Vache qui rit, et a été difusée pour la première fois le 5 septembre.

Suivez Olivia Crellin sur Twitter: @OliviaCrellin