L’ascension et la chute du dernier parrain canadien
Image : Noel Ransome

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Crime

L’ascension et la chute du dernier parrain canadien

Le chef de la mafia Vito Rizzuto a dirigé le plus grand empire criminel de l'histoire du Canada.
Sandra  Proutry-Skrzypek
Paris, FR

S'il fallait ne retenir qu'un seul gangster canadien, ce serait Vito Rizzuto. En prenant différents gangs sous son aile, le chef de la mafia montréalaise, aujourd'hui décédé, a formé le plus grand empire criminel de l'histoire du Canada.

Vito a dominé la pègre montréalaise dans les années 1990 et au début des années 2000. Les Rizzuto ont pris et perdu le pouvoir au cours de nombreuses guerres de territoire sanglantes. Sous la direction de Vito, le clan a mis en place un consortium de gangs travaillant sous ses ordres, s'est mis dans la poche les politiciens et les policiers, et s'est octroyé une part dans le secteur lucratif de la construction. Au royaume criminel, Vito était roi, et, selon l'écrivain et spécialiste du crime Antonio Nicaso, qui a écrit plusieurs livres à son sujet, il a gouverné dans un style purement canadien.

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« Il se fichait bien que vous soyez italien, canadien ou quoique ce soit d'autre, déclare Nicaso. Pour lui, il était tout à fait naturel de s'associer, quelle que soit votre origine, car du moment que vous aviez des intérêts similaires, vous pouviez échanger des stratégies, des compétences. »

D'innombrables articles et livres ont été rédigés à propos de Rizzuto et, récemment, Bad Blood, une mini-série romancée sur le gangster, mettant en scène Kim Coates, a fait ses débuts sur City TV. La vie de Rizzuto est un conte qui s'articule autour de milliards de dollars et de dizaines de morts – il débute et s'achève dans le sang, le crime, la corruption et la trahison. Voici l'histoire du dernier parrain canadien.

Naissance d'un gangster

Vito Rizzuto est né pour être gangster.

Fils de Nicolo « Nick » Rizzuto, Vito naît en Sicile en 1946. Ayant reçu le prénom de son grand-père paternel, il ne connaîtra jamais son homonyme ; dans les années 1920, Vito Sr. laisse derrière lui son épouse et son jeune fils et part pour l'Amérique dans l'espoir d'y gagner de l'argent et d'en envoyer à sa famille.

Les Rizzuto ont de toute évidence le gangstérisme dans le sang, car Vito Sr. devient rapidement un acteur du monde criminel de l'État de New York, jusqu'à sa disparition, en 1933, dans les environs de Patterson. Son corps est finalement retrouvé sous un arbre déraciné par une tempête. Le médecin légiste conclut qu'il a été battu à mort avec un objet contondant.

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Après la mort de son père, Nicolo épouse la fille du chef de la mafia locale. La famille reste toutefois peu de temps en Italie et, à l'âge de 30 ans, Nicolo, sa femme et Vito Jr., alors âgé de neuf ans, embarquent pour le Canada et atterrissent à Montréal. Il ne faudra pas longtemps avant que le père et le fils deviennent des figures importantes de la criminalité canadienne.

Une fois au Canada, Nicolo, qui possède des liens internationaux avec le crime organisé, s'associe rapidement à d'autres membres de la diaspora sicilienne de Montréal. À l'époque, les acteurs majeurs de la pègre montréalaise sont les Cotroni, une famille calabraise. En s'associant à l'influente famille Bonanno de New York, les Cotroni ont fait de Montréal un épicentre du trafic de drogue.

Au cours des années 1950 et 1960, alors que Vito est adolescent, l'influence de la famille Cotroni dans le monde criminel de Montréal grandit, jusque dans les années 1970 – Vincenzo Cotroni, le chef de famille, se trouve alors affaibli par le cancer. Les deux hommes en lice pour lui succéder sont Nicolo et un Calabrais nommé Paolo Violi. Les deux rivaux tentent chacun de se débarrasser l'un de l'autre.

Le pouvoir est finalement remis à Violi et les tensions entre les Siciliens et les Calabrais s'intensifient. Nicolo commence à travailler seul ; ses patrons et rivaux le soupçonnent aussitôt de leur cacher de l'argent – un péché capital dans le milieu. Éclate alors une guerre d'influence interne entre les deux familles et, suite à un attentat contre sa personne, Nicolo se rend au Venezuela (un endroit qu'il fréquentera beaucoup à l'avenir) afin de s'associer à d'autres trafiquants de drogue.

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De là, Nicolo entre dans une fureur sans précédent et déclenche une guerre sanglante contre les Violi.

Le premier sang à être versé est celui de Pietro Sciara, le consigliere (conseiller) de Violi. Le jour de la Saint-Valentin 1976, alors que Sciara sort du théâtre après avoir assisté à une projection du Parrain II, il est abattu dans la rue.

C'est à peu près au même moment que l'on apprend que Nicolo est de retour à Montréal et, à partir de là, le bilan des morts liées au clan Violi ne cesse d'augmenter – avant que les Violi eux-mêmes ne rejoignent le tas. Le premier des trois frères à mourir est Francesco Violi, l'homme de main, les gros bras, celui qui remplace Paolo pendant que ce dernier est en prison. Francesco est abattu dans son bureau – plusieurs hommes se précipitent à l'intérieur, armés de fusils de chasse, et lui tirent dessus à bout portant.

Paolo est libéré de prison et, bien qu'il ait conscience d'être la prochaine cible, il refuse de quitter la ville. Sa fin arrive lorsqu'il accepte de jouer aux cartes chez un marchand de glaces qu'il connaît bien. Peter Edwards, journaliste pour le Toronto Star, résume les faits dans son e-book Canada's Country Club Monster.

« Peu de temps après qu'il s'est assis pour jouer, un homme s'est penché en avant pour lui donner le traditionnel bacio della morte – baiser de mort – sur la joue, écrit Edwards. L'instant d'après, un tireur masqué lui a tiré deux balles à l'arrière de la tête, mettant fin à sa vie à l'âge de 46 ans. »

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C'est ainsi que débute l'ère Rizzuto dans la mafia canadienne.

Deux ans plus tard, un dernier coup est porté contre la famille Violi. Tandis que le dernier frère à être encore en vie, Rocco, dîne avec sa femme et ses enfants dans leur maison de Montréal, un tireur d'élite vise à travers la fenêtre de la cuisine. Trois mois plus tôt, Rocco avait survécu à une blessure par balle et devait donc savoir qu'il y aurait une autre tentative. La balle du tireur frappe Rocco en pleine poitrine, le tuant instantanément devant sa femme et ses enfants – un mode d'exécution jugé irrespectueux dans le monde mafieux.

Appuyer sur la gâchette et prendre le contrôle

Dans les années 1970 à Montréal, la guerre de territoire est menée par Rizzuto père, tandis que Vito travaille principalement dans l'ombre. Il ne faudra toutefois pas longtemps avant qu'il n'ait à son tour du sang sur les mains.

En 1981, le clan Rizzuto, qui possède désormais le contrôle de la scène montréalaise, entretient encore de solides liens avec la famille Bonanno à New York. La famille Bonanno a, à ce moment-là, trois capos dans son viseur qui, selon Joe Massino, le chef des Bonanno, complotent pour le renverser.

Alphonse Indelicato, Philip Giaconne et Dominick Trinchera doivent mourir, et c'est aux Rizzuto de s'en charger.

« [Nicolo] leur a dit : Pour vous prouver ma loyauté à vous et à votre organisation, je suis prêt à mener à bien cette tâche. Mon fils et d'autres montréalais vont s'occuper de ces trois capos, explique Nicaso. C'était sa manière de créer un lien entre les Rizzuto et les Bonanno à l'époque. »

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Vito et deux autres Siciliens montréalais se sont donc rendus dans un club de Brooklyn et se sont cachés dans un placard. Il est impossible de savoir avec certitude ce qui s'y est passé, mais un futur traître, Salvatore Vitale, qui se trouvait également dans le placard, a exposé sa version des faits lors d'une audience. Dans son article, Edwards écrit que Vitale a témoigné que « Gerlando (George du Canada) Sciascia devait passer sa main dans sa coiffure argentée, donnant aux autres le signal pour sortir ».

Selon Vitale, lorsque George du Canada a finalement passé sa main dans ses cheveux, Vito et les autres seraient sortis du placard et Vito aurait dit : « Que personne ne bouge. Ceci est un attentat. » Des coups de feu ont retenti. Quand la fumée de la pièce s'est dissipée, les trois capos étaient morts.

Ces meurtres, vaguement immortalisés dans le film Donnie Brasco, viennent hanter Vito Rizzuto.

Mais la rédemption ne viendra que des années plus tard – nous sommes dans les années 1980 et les affaires sont alors prospères dans le milieu criminel de Montréal. Les gangsters sont impliqués dans toutes sortes d'activités illégales : le jeu, le blanchiment d'argent, le trafic de drogue – surtout le trafic de drogue. Ils évoluent et se font de l'argent à la force du poignet. Mais avec les bons moments viennent les mauvais et, en 1988, Nicolo est arrêté par la police vénézuélienne pour des accusations de trafic. Nicolo, acquitté dans un premier temps, est finalement condamné à huit ans de prison à la suite de l'appel – il n'en purgera que cinq.

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Maintenant que son père est enfermé sur un continent différent, Vito gagne ses galons.

Réunir le gang

Dans les années 1990 et au début des années 2000, sous la direction de Vito, la mafia de Montréal fait de Québec une machine élégante et bien huilée. Nicaso décrit le leadership de Vito comme celui d'un « maître diplomate ».

Peut-être le plus impressionnant est-il le fait que Rizzuto rassemble alors une grande partie des autres gangs – des gangs qui d'ordinaire ne s'associent pas, comme les gangs de motards, les gangs haïtiens, etc. À ce moment-là, la sanglante guerre des motards québécois, qui revendiquent 150 vies, fait rage, mais la violence mafieuse s'est calmée.

« Il a créé des couches de responsabilité et de profit au sein de l'organisation. La mafia était impliquée à l'échelle de l'importation et avait des contacts pour organiser de grandes expéditions de cocaïne en provenance d'Amérique du Sud, déclare Nicaso. Les gangs de motards hors-la-loi, quant à eux, étaient principalement en charge de la distribution. Enfin, les gangs de rue s'occupaient de la vente. »

« Tout le monde était heureux sous la direction de Rizzuto, parce que tout le monde avait sa part du produit. »

Vito voulait gagner de l'argent, et pour gagner de l'argent, il savait qu'il lui fallait travailler avec des personnes extérieures au cercle familial. Leur influence sur l'industrie de la construction avait augmenté exponentiellement, avec une soi-disant « taxe mafieuse » de 30 pour cent appliquée sur les bâtiments. S'il voulait former son empire, Vito devait collaborer avec des individus de tous horizons.

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« En Italie, la Ndrangheta est une organisation calabraise, la Mafia est une organisation sicilienne et la Camorra est une organisation napolitaine, explique Nicaso. Il existe quelques exceptions, mais ces organisations sont très strictes au sujet de leurs membres. Au Canada, on observe un type de mafia différent, plus multiculturel, en quelque sorte. »

Il y avait toutefois un accord : si vous en faisiez partie, vous travailliez pour lui – Vito était le patron. Il en allait de même pour la famille : lorsque Nicolo est sorti de prison en 1993, il a fini par céder la place à son fils.

Le fait que tout le monde travaille ensemble dans un consortium stratégique a calmé la violence entre les différentes organisations, et par la même occasion l'attention des médias et de la police. Le règne de Vito a pourtant été marqué par un niveau de corruption sans précédent au Canada, selon Nicaso.

« Il a compris, mieux que quiconque dans l'histoire du Canada, les avantages de la corruption. Au lieu de recourir à la violence, il passait par la corruption, poursuit Nicaso. Il n'a pas eu à effrayer les gens, juste à leur donner de l'argent – il a infiltré les dirigeants syndicaux, il avait des indics dans la police et les forces de l'ordre, mais aussi dans la politique. »

Anthony LaPaglia interprète Vito Rizzuto dans la série Bad Blood.

Certes, des gens mourraient ou disparaissaient sous son règne, mais rien n'était comparable au bain de sang vu lors de l'ascension initiale des Rizzuto au pouvoir. Pendant ce temps, selon Nicaso, Rizzuto est devenu, pour un temps, « le gangster le plus puissant du Canada ». Il a acquis la réputation d'être intouchable par les forces de l'ordre.

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Puis, comme s'en doute quiconque a déjà regardé un bon film policier, tout s'est écroulé autour de lui.

Chute et siège

Au milieu des années 2000, si certains policiers étaient corrompus par le groupe, la plupart ne l'étaient pas et avaient remarqué que Vito avait pris le contrôle de la ville. Des groupes d'experts du crime organisé se réunissaient pour examiner la menace et la puissance des Rizzuto. La police infiltrait des groupes affiliés et bousculait les repaires de Rizzuto.

Ce ne sont toutefois pas les frasques de Vito à Montréal qui ont mené à sa chute, mais le triple homicide auquel il aurait participé il y a des années de cela, dans ce fameux club de Brooklyn.

De retour à New York, la famille Bonanno a rapidement retourné sa veste. Cela a conduit les autorités américaines à arrêter Vito en 2004 pour des accusations liées aux meurtres. Il a combattu l'extradition pendant plusieurs années, avant de perdre sa bataille judiciaire et d'être rapatrié aux États-Unis en 2006 pour être jugé. C'est là que Salvatore Vitale a témoigné contre lui.

Photo via Wikimedia Commons.

Vitale a raconté aux flics qu'il était dans le placard avec Rizzuto en 1981 et que ce dernier faisait partie des tireurs. Vito a bien évidemment livré une version différente de l'histoire. Peter Edwards a relaté le moment où Vito a finalement pris position :

« Quand Vito a pris la parole pour témoigner pour sa propre défense, il a dépeint les choses différemment, mais ses déclarations ne jouaient pas pour autant en sa faveur : "J'ai participé, a-t-il déclaré. Mais mon travail consistait à dire que c'était un hold-up, pour que tout le monde reste immobile. Puis d'autres mecs sont arrivés et ont commencé à tirer sur les gens." »

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Vito a finalement été reconnu coupable de racket et condamné à cinq ans et demi de prison, tout en obtenant une remise de peine pour le temps qu'il avait déjà servi. Il a été transféré dans une prison du Colorado afin d'être isolé géographiquement de sa famille.

À présent, Vito était comme un « lion en cage », contraint de voir le monde qu'il avait construit brûler sous les flammes et les gens qu'il aimait mourir.

Les forces de l'ordre nord-américaines n'étaient pas les seules à en avoir après les Rizzuto ; les policiers canadiens étaient aussi occupés à la tâche. La GRC finalisait une enquête massive sur la famille. Dans le cadre du « Projet Colisée », les forces de l'ordre avaient enregistré des milliers d'heures de conversations après avoir installé des caméras et des microphones dans les endroits fréquentés par la famille.

La GRC a lancé l'enquête en 2009 et un grand nombre de têtes associées aux Rizzuto sont tombées – y compris Nicolo, qui a fait l'objet de multiples accusations entourant ses fiancées. Quelques années plus tard fut lancée la commission Charbonneau, une enquête sur la corruption généralisée dans le secteur de la construction au Québec, causant encore plus de problèmes aux Rizzuto.

Les Rizzuto étaient au garde-à-vous – c'est là que les détentes commencèrent littéralement à être pressées.

En août 2009, la première mort fut celle de Frederico Del Peschio, un trafiquant de drogue haut placé dans la famille. Del Peschio sortait de son véhicule, garé devant le restaurant montréalais La Cantina, que les Rizzutos fréquentaient souvent, quand il a été abattu.

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On suppose que ce meurtre, de même que les suivants, a été commis dans le cadre d'une tentative de prise de pouvoir suite à l'emprisonnement de Vito. L'un des présumés aspirants au règne était Raynald Desjardins, décrit comme le non-italien le plus influent de la mafia montréalaise. L'autre était Salvatore Montagna, ancien patron de la famille Bonanno, dont le cadavre gorgé d'eau fut retrouvé criblé de balles sur la rive de l'Assomption en 2011.


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C'est peu de temps après la mort de Del Peschio, en décembre de 2009, que le premier des Rizzuto est tombé. Le fils aîné de Vito, Nick, se trouvait dans le quartier de Notre-Dame de Grâce, à Montréal, lorsqu'un homme s'est approché de lui, a sorti un pistolet et lui a tiré une balle dans la poitrine. Nick Rizzuto est mort sur le chemin de l'hôpital. La fusillade, qui s'est déroulée en plein jour, était un avertissement.

Quelques mois plus tard, en mai, le beau-frère de Vito, Paolo Renda, est sorti acheter des steaks pour le dîner. Puisqu'il ne rentrait pas, son beau-fils est parti à sa recherche et a retrouvé sa voiture, abandonnée. Renda n'a jamais été revu. En été 2010, Agostino Cuntrera, un associé de longue date, a été abattu devant une société de distribution alimentaire.

Après avoir appris, depuis sa cellule, que son fils et certains de ses proches collaborateurs étaient morts, Vito a subi un nouveau coup dur avant sa libération – la mort de son père. Nicolo, âgé de plus de 80 ans, était intervenu dans la gestion de l'entreprise familiale pendant que Vito était en prison. Un soir, alors que Nicolo dînait avec sa famille, un homme a tiré une balle à travers la fenêtre de la cuisine et l'a touché à la gorge – faisant écho à la mort de Rocco Violi, qui avait marqué la solidification du pouvoir de Rizzuto pendant toutes ces années.

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« Un fantôme du passé le hantait, déclare Nicaso. Alors qu'il était en prison, sa famille était assiégée, attaquée. Il a perdu son père, son fils, son beau-frère et d'innombrables associés dans ce que beaucoup de gens appellent une guerre de pouvoir au Canada. »

Vito Rizzuto descendant d'un avion lors de son retour au Québec.

Revanche et pneumonie

Moins de deux ans après le meurtre de son père, Vito a été libéré de prison. Et après avoir vu sa famille se faire massacrer depuis sa cellule, il préparait sa vengeance.

En bref, Vito a rétabli une partie de son ancien pouvoir et a commencé à riposter. Il n'a fallu qu'un mois après sa libération pour que le sang recommence à couler à Montréal. L'un après l'autre, ses rivaux furent tués. Le trafiquant de drogue Emilio Cordileone est mort dans son SUV. D'autres opposants à la famille, Tony Gensale et Mohamed Awada, deux hommes soupçonnés d'avoir enlevé un associé des Rizzuto, ont été tués peu de temps après. Joe Di Maulo, un traître présumé, a été abattu devant sa maison.

Tous ces décès sont survenus en un seul mois.

« Les groupes qui se faisaient de l'argent en l'absence de Rizzuto ont reçu une offre très difficile à refuser : "Je n'ai pas besoin de ton argent, je veux ta loyauté", déclare Nicaso. Beaucoup de gens ont rejoint la famille Rizzuto avec l'idée qu'ils n'auraient plus à partager leurs profits avec lui parce qu'il ne cherchait qu'à se venger. »

« Il a dit : "Je ne cherche pas d'argent à ce stade, je cherche la vengeance, je veux tuer ceux qui défient ma famille, ceux qui ont mis une balle dans la tête de mon père, de mon fils, de mon beau-frère et de tant de personnes de mon organisation. Je ne me soucie plus que du sang. »

Et le sang a continué de couler dans les rues de Montréal.

Peu de temps avant Noël, un homme vêtu d'un masque de ski est entré dans un café de l'est de Montréal. Il a tué Domenic Facchi et a gravement blessé un autre homme. Pour démarrer la nouvelle année, Gaétan Gosselin, un proche associé de Raynald Desjardins, a été abattu à son domicile. Ceci n'est en aucun cas une liste définitive des personnes tuées durant la guerre de territoire – il est difficile de connaître le nombre exact de décès, mais plus d'une dizaine de personnes ont fini six pieds sous terre à la suite de cette guerre sanglante.

« Il est retourné en ville avec cette idée de vengeance après avoir ressenti de la douleur. Mais il n'a jamais ressenti la même douleur en tuant les fils des autres, déclare Nicaso. Il est difficile de savoir de combien de morts Rizzuto est responsable, mais c'était sanglant. »

En fin de compte, Vito n'est pas parti à la manière de Scarface, mais plutôt de celle du personnage principal dans Le Parrain.

En décembre 2013, à l'âge de 67 ans, alors qu'il était toujours en train d'orchestrer le bain de sang dans sa ville, Rizzuto s'est évanoui chez lui. Ce grand fumeur se battait secrètement contre le cancer du poumon. Il a été transporté à l'hôpital, où il a succombé à une pneumonie le 23 décembre 2013.

Il est fort probable qu'il n'y ait plus jamais de gangster aussi influent au Canada.

« C'était la fin d'une ère. Rizzuto était le patron le plus puissant au Canada, mais il était aussi respecté en Italie et avait des contacts aux États-Unis. En ce sens, c'était un mec unique », conclut Nicaso.

« J'ai du mal à identifier n'importe qui dans la mafia canadienne qui ait le même charisme ou les mêmes capacités. »

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