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La faim et la confusion : Le Venezuela au bord de la rupture

Le chaos économique qui règne au Venezuela a plongé la population locale dans un état de désespoir total.
ASSOCIATED PRESS

Le chaos économique qui règne au Venezuela a plongé la population locale dans un état de désespoir total. La baisse du prix du baril de pétrole et l'hyperinflation ont des conséquences graves sur la vie quotidienne de millions de Vénézuéliens. Au cours des derniers mois, la population doit faire face à un ensemble de problématiques :

  • Le gouvernement a imposé des limites sur la nourriture. Les rayons des supermarchés se retrouvent donc souvent vides.
  • La nourriture est transportée par des gardes armés.
  • Les coupures de courant de grande envergure sont devenues normales.
  • Le manque d'eau oblige certains à voler de l'eau dans les réserves locales.
  • L'inflation a atteint les 500 pour cent à la fin de l'année 2016.
  • Il manque près de 80 pour cent de fournitures médicales de base dans le pays.

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Maintenant, c'est une crise monétaire qui menace encore un peu plus le Venezuela — une situation impensable pour ce pays qui était le plus riche d'Amérique latine.

Que se passe-t-il ?

Début décembre, le président vénézuélien Nicolas Maduro a annoncé la volonté du gouvernement de retirer de la circulation le plus gros billet de banque, afin d'empêcher les « mafias » de stocker cette monnaie.

Le billet de 100 bolivars — qui vaut aujourd'hui quelques centimes d'euros — représente 77 pour cent de l'argent en circulation. Maduro a aussi fermé les frontières pour empêcher la thésaurisation de devise dans les pays voisins.

Cette décision a créé une situation de panique et de confusion. Les gens faisaient la queue en masse devant les banques, les distributeurs et les magasins. Des affrontements et des pillages se sont soldés par trois morts en l'espace d'un week-end.

Après des manifestations, le gouvernement a fait machine arrière, indiquant que le billet de 100 resterait en circulation jusqu'au 20 janvier 2017. Les autorités comptent régler cette crise en introduisant six nouveaux billets, dont un de 20 000 bolivars.

Central Bank of Venezuela's 6 new bank notes that will enter circulation on Dec. 15 - — The Goodman Report (@TheaGood)December 7, 2016

Quand Hugo Chavez présidait le pays, le Venezuela cherchait à contrôler le capitalisme. De grandes et moyennes entreprises étaient placées sous le contrôle de l'État — ce qui freinait l'innovation et la croissance pour les critiques du président Chavez. L'ancien président est parvenu à rester très populaire pendant ses mandats, grâce aux énormes réserves de pétrole du Venezuela. Les bénéfices tirés de l'industrie de l'or noir permettaient ensuite de sortir les citoyens de la pauvreté.

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Que s'est-il passé ?

Les réserves de pétrole du pays représentent 96 pour cent des exportations du pays et la moitié du budget fédéral. Cela fonctionnait bien quand le baril de brut se négociait autour des 100 dollars, mais aujourd'hui — avec un baril à 50 dollars — le gouvernement se retrouve contraint de limiter les initiatives sociales. Maduro n'est donc plus capable de maintenir les taux de popularité de Chavez.

Si la baisse du prix du pétrole est problématique, ce qui l'est d'autant plus est que le détournement de fonds. Deux anciens membres du gouvernement estiment que 300 milliards de dollars de revenus liés à l'industrie pétrolière ont été détournés au cours de la dernière décennie.

La sécheresse, qui a frappé le pays plus tôt dans l'année, a aussi exacerbé les problèmes du Venezuela. 65 pour cent de l'électricité du pays provient d'un unique barrage hydroélectrique.

L'hyperinflation

La solution choisie par Maduro a été de faire fonctionner la planche à billets, mais cela a simplement fait grimper l'inflation à des niveaux historiques.

Le gouvernement a arrêté de publier des chiffres officiels, mais le Fonds monétaire international (FMI) indique que l'inflation atteignait 481 pour cent en fin d'année 2016, et qu'elle pourrait atteindre les 1 642 pour cent en 2017. D'autres prévisions estiment qu'elle pourrait atteindre la barre des 2 200 pour cent.

Aujourd'hui, un billet de 100 bolívars vaut environ 2 centimes de dollars sur le marché noir — ce qui veut dire que les gens doivent transporter leur argent dans des sacs. La dévaluation de la monnaie fait que l'État et les entreprises sont incapables d'acheter quoique ce soit. Le gouvernement est allé jusqu'à échanger du pétrole contre de la nourriture avec la Jamaïque. La nourriture est rationnée dans le pays et sur le marché noir un paquet de pâtes peut valoir jusqu'à l'équivalent de 300 dollars.

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Qui est responsable ?

Les critiques de Maduro disent qu'il doit démissionner, estimant que la crise financière est due au mauvais management du gouvernement. « Les violences et l'agitation qui règnent au Venezuela sont la faute du gouvernement de Maduro, qui a passé des années à supprimer l'opposition et à imposer des contrôles arbitraires de la monnaie qui ont transformé une économie autrefois prospère en une des plus dysfonctionnelles au monde, » pouvait-on lire dans un édito du New York Times en décembre dernier.

Maduro estime que le gouvernement américain est responsable. Il pense que des « mafias » soutenues par les États-Unis thésaurisent de la monnaie vénézuélienne à l'étranger afin de déstabiliser le pays. Il assure aussi que l'introduction des billets de 500 bolívars a été retardée à cause du gouvernement américain.

Que va-t-il se passer ?

Les tentatives visant à se débarrasser de Maduro ont échoué, quand un référendum (dont la pétition a été signée par 1,85 million de citoyens) a été bloqué par ceux qui sont du côté du président.

Le problème des opposants de Maduro est que la constitution du pays indique que : si le président quitte son poste dans les deux dernières années de son mandat, la présidence est automatiquement transférée au vice-président, qui n'est autre qu'Aristobulo Isturiz, un autre hériter de Chavez.

La date limite pour forcer une nouvelle élection présidentielle est fixée au 10 janvier 2017.

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Quite possible first overseas crisis confronting Trump administration will not involve Russia, China, N Korea, Isis or Iran but Venezuela

— Richard N. Haass (@RichardHaass)December 18, 2016

La première crise internationale de l'administration Trump pourrait ne pas concerner la Russie, la Chine, la Corée du Nord, l'EI ou l'Iran, mais bien le Venezuela.

Cette crise pourrait provoquer un rapprochement avec les États-Unis. Malgré l'animosité historique du président vénézuélien envers les États-Unis, le sous-secrétaire d'État Thomas Shannon s'est rendu à Caracas en juin dernier pour ouvrir un dialogue avec le gouvernement de Maduro. Pendant sa campagne, le président-élu Donald Trump a promis de « se tenir aux côtés du peuple opprimé du Venezuela qui mérite d'être libre ». Trump n'a en revanche pas explicitement détaillé son plan.


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