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Une Canadienne arrêtée en Turquie pour avoir insulté Erdogan sur Facebook

Ottawa dit fournir l’assistance consulaire nécessaire pour Ece Heper, emprisonnée depuis le 30 décembre. Ses proches s’inquiètent pour sa santé.
Photo via Facebook

Une femme canadienne est emprisonnée en Turquie depuis le 30 décembre, soupçonnée d'avoir insulté le président Erdogan. Ses amis ont lancé une grande campagne pour la faire libérer.

Ece Heper, qui a la double nationalité turque et canadienne, a été arrêté et inculpée il y a deux semaines dans la ville de Kars, en Turquie, selon ses amis de Toronto et son avocat basé en Turquie.

Sa défense a dit à la presse canadienne que Heper avait été inculpée pour avoir insulté le président et qu'il faudrait attendre des mois avant que son cas ne soit examiné par un tribunal turc.

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Heper avait fait plusieurs publications sur Facebook où elle critiquait le président turc Recep Tayyip Erdogan. Depuis les deux dernières années, celui-ci s'est porté partie civile dans environ 2 000 cas pour diffamation dans le cadre d'une loi qui interdit toute insulte envers le président, sous peine de trois ans de prison ferme. Cette loi n'avait été utilisée que très rarement jusque-là.

« [Erdogan est] simplement en train d'enfermer les journalistes qui apportent des preuves concrètes que la Turquie soutient l'EI », avait-elle écrit dans une publication. Elle a ensuite questionné la motivation d'Erdogan de jeter la faute sur les États-Unis quant à l'émergence de l'État Islamique. Elle a ensuite traité le président turc de « biyatch de l'Amérique. »

Le ministère des Affaires étrangères du Canada nous a dit vendredi dernier qu'ils étaient au courant qu'une ressortissante canadienne était emprisonnée en Turquie et lui ont fourni une assistance consulaire. Ils ont refusé de donner davantage de détails, pour des questions de protection de la vie privée.

« [Erdogan] cherche tous ceux qui disent des choses qui vont à l'encontre de ce qu'il veut sur les réseaux sociaux, »a dit Birgita Pavic, une amie de Heper. «Il serre l'étau comme un dictateur. »

Selon Pavic, Heper avait fait de nombreux allers-retours entre le Canada et la Turquie au cours de l'année 2016 et est partie en Turquie pour la dernière fois en novembre pour aider un homme emprisonné, duquel elle s'était rapprochée.

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Cet homme vivait en exil en Irak depuis deux ans et avait été arrêté lorsqu'il a essayé de rentrer en Turquie avec Heper. Il est soupçonné d'avoir été attrapé avec un prospectus associé au Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), un groupe considéré comme une organisation terroriste par Ankara.

Heper vivait alors dans la ville de Mardin, près de la frontière syrienne, mais avait fait neuf heures de route jusqu'à Kars pour pouvoir ramener l'ex-épouse de son ami le visiter en prison. Elle a alors été arrêtée chez cette femme, selon les amis de Heper.

« On savait tous qu'elle était surveillée à cause de son lien avec cette personne qui était déjà emprisonnée, »a expliqué Pavic. « Elle a essayé de faire ce qu'elle pouvait [depuis le Canada], mais elle s'est dit qu'elle pourrait mieux aider depuis [la Turquie], et dans ce processus, elle s'est faite arrêter. »

« Ece a un coeur immense. C'est une personne extrêmement généreuse et gentille », a dit Pavic, rajoutant que son amie avait déjà travaillé dans un refuge pour chiens en Turquie et qu'elle y avait récupéré six chiens qu'elle a ramenés au Canada. Elle vivait depuis avec les animaux à Norwood, dans l'Ontario.

Pavic a entendu dire que Heper est en bonne forme et qu'elle a pu visiter l'infirmerie de la prison pour prendre ses médicaments. Mais elle est toutefois inquiète pour les problèmes de santé de son ami, notamment son hypertension.

« Une situation de ce genre sera traumatisante et va sans aucun doute exacerber tout problème de santé qu'elle a déjà », a-t-elle dit.


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