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La crise des opioïdes serait plus mortelle que l’épidémie de VIH

De nouvelles données montrent un recul important de l’espérance de vie aux États-Unis
seringue héroïne
Photo : Darryl Dyck/La Presse Canadienne 

L’espérance de vie fait partie des données les plus faciles à comprendre lorsqu’on veut mesurer le progrès social. Les avancées scientifiques et médicales font habituellement en sorte que la durée moyenne d’une vie s’allonge d’une année à l’autre. Ça aura été le cas pendant plusieurs décennies aux États-Unis, mais on assiste aujourd’hui à une réduction de l’espérance de vie.

Selon des données publiées jeudi par le Centre national des statistiques de santé, l’espérance de vie aux États-Unis a reculé de 0,1 année en 2017 pour s’établir à 78,6 ans. La tendance n’est pas nouvelle : en 2014, l’espérance de vie se situait à 78,9 ans.

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La réduction de l’espérance de vie serait attribuable à ce que le Wall Street Journal décrit comme « la plus grande augmentation annuelle du taux de suicide en près de 10 ans et le nombre grandissant de décès causés par des puissants opioïdes comme le fentanyl ».

Selon un reportage publié par le New York Times, le nombre de décès causés par les surdoses est désormais plus élevé que ne l’étaient ceux causés par le VIH, les accidents de voiture ou les armes à feu à leurs sommets respectifs. Depuis 2013, le nombre annuel de décès par surdose de fentanyl ou de drogues semblables a grimpé de 3 000 à 28 000.

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Ce n’est pas juste aux États-Unis que la crise des opioïdes porte un coup aussi dur à la santé publique. Le mois dernier, une étude publiée par l’Agence de la santé publique du Canada montrait que l’espérance de vie en Colombie-Britannique avait été gravement affectée par la crise des opioïdes au cours des dernières années. Selon les chercheurs, « l'espérance de vie à la naissance en Colombie-Britannique a diminué de 0,38 an entre 2014 et 2016, et les surdoses mortelles de drogue (la majorité mettant en cause des opioïdes) expliquent 32 % de cette baisse ». En entrevue avec la CBC, la Dre Theresa Tam, l’administratrice en chef de la santé publique du Canada, a affirmé que le Canada vit présentement « sa plus importante crise de santé publique depuis des décennies ».

Au Québec, où la crise de fentanyl ne sévit pas aussi durement qu’ailleurs au Canada, le Bureau du coroner a comptabilisé 376 décès liés à la consommation d’opioïdes ou d’autres drogues entre juillet 2017 et juin 2018. À titre comparatif, en 2017, 1473 décès pour des raisons semblables ont été rapportés en Colombie-Britannique.