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Food

La crème de marrons défonce toutes les autres pâtes à tartiner

D'ailleurs, ce n’est pas vraiment de la crème, ni des marrons, mais une tuerie dont je ne pourrais me passer pour rien au monde.
Crème de Marrons Pâtes à tartiner
Composition par Claire Migeon

Bienvenue sur Ceci n'est pas une pub, la rubrique qui dévoile – avec une dose variable de mauvaise foi – nos petites lubies alimentaires.

En classe de 4e, j'ai déclaré solennellement devant plusieurs de mes camarades préadolescents que, pour moi, la crème de marrons était bien meilleure que le Nutella. Je me suis retrouvée devant une bande de collégiens scandalisés. Alors que mépris et insultes s'abattaient sur moi, je réalisais que cette pâte – tout simplement une purée de châtaignes mélangée à du sucre – divisait.

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Si j’en parle aujourd’hui c’est qu’en plus de révéler mon caractère anticonformiste de l’époque (j’imagine qu’assumer ne pas aimer le Nutella à 13 ans est un truc plutôt couillu) je continue de porter un amour viscéral à la crème de marrons.

Pour ceux qui découvrent le produit en lisant ces lignes, vous pensez peut-être qu’il s’agit du truc qu’on fout dans les bûches de Noël. Comme le lait concentré, vous n’imaginez pas un seul instant que des gens puissent manger ça « nature ». Pourtant, avec ou sans pain, cuillère ou pas cuillère, il n’y a rien de meilleur sur Terre.

Qu’est-ce qui fait que la crème de marrons est tellement à part ? Je vous répondrais qu'elle est unique et que, ce que j'aime en premier chez elle, c’est sa consistance. J’adore ce côté compact qui fond immédiatement en bouche. C’est comme de la pâte de bonbons avec un arrière-goût de balade en forêt ardéchoise sous une bruine d’automne.

La boîte de conserve est si robuste qu’elle a forcément été pensée pour survivre en temps de guerre. Plus on la regarde de près, plus on remarque qu’elle a l’air comme égarée dans le temps.

Déjà, étant gosse, je voyais mon père en rajouter dans les crêpes ou en manger avec un filet de crème fraîche liquide. Il disait que c’était beaucoup moins écœurant comme ça. Aujourd’hui, je trouve surtout que c’est le comble de l’absurdité. À cette époque, je décidais d’en étaler bien généreusement sur mes tartines briochées ou tout simplement d’en piquer une cuillerée dans le frigo à des heures dites « de grignotage ».

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La cuillère était le seul moyen de ne pas mettre en rogne mes parents s'ils me prenaient en flag’. Je me souviendrais toujours du jour où mon père m’a montré le pot de crème de marrons avec une grosse trace de doigt bien creuse, tellement apparente qu'on aurait dit que je l'avais fait exprès. Je me suis faite uniquement engueulée pour la raison suivante : je peux manger tant que je veux de la crème de marrons, mais jamais avec mes doigts sales.

Il n’y a pas de doute, ce pot représente vraiment mon enfance. La boîte de conserve est si robuste qu’elle a forcément été pensée pour survivre en temps de guerre. Plus on la regarde de près, plus on remarque qu’elle a l’air comme égarée dans le temps. On retient rapidement le nom de Clément Faugier – que j’ai longtemps imaginé être le seul à vendre de la crème de marrons. J’adore ce genre de produit sans âge. La mascotte, baptisée Marono, une version champêtre du bonhomme Michelin, existe en version peluche.

Et puis un jour, j’ai découvert que la crème de marrons Clément Faugier se vendait en tubes. Sérieux, c'était comme si Dieu avait répondu à mes prières. Le tube, c’est synonyme d’indépendance. C’est l’outil parfait quand on a 16 ans. Je pouvais manger ça en scred’, la tête en arrière, avec la crème qui forme un gros pâté dans le fond de la gorge, et laisser fondre tout ça dans la bouche. Pure extase. J’étais ravie.

Pourtant, disons-le, c’est un produit qui fait vieille France. C’est vrai. Je dirais même qu’il n’y a rien de mieux pour me rappeler mon pays. Je dis ça dans le sens où ça vaut largement le croissant au beurre et le pinard sur le plan symbolique. Allez vivre à l’étranger, et demandez-vous quel truc vous manque le plus, vous verrez.

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Pour moi la crème de marrons est juste imbattable, c’est une vraie guerrière des rayons « condiments sucrés » injustement éclipsée par toutes les autres pâtes à tartiner.

J’ai fait cette expérience en Allemagne, pourtant pas le bout du monde, et la première chose que je me suis dit c’est : « Comment manger de la crème de marrons Clément Faugier qui ne coûte pas le prix de trois pintes de bières ? ». Toute ma famille avait son idée, et je les remercie grandement de m’avoir fourni en crèmes de marrons pendant la rude saison hivernale berlinoise.

Je crois que le manque était d’autant plus intense que je l’ai vécu en automne et hiver, précisément les saisons où j’en bouffe le plus, un peu comme la raclette à partir de mi-novembre ou le taboulé au mois de juin. Il y a des saisons où la consommation de certains produits s’impose comme une évidence, allez savoir pourquoi.

Autre chose à savoir sur la crème de marrons ; ce n’est pas vraiment de la crème et ce n’est pas vraiment des marrons. C’est surtout beaucoup de sucre. Même si adore ça, on ne s'en gave jamais. C'est juste de la putain de purée de châtaignes avec du sucre et rien d’autre. Avec le temps, je trouve que c’est presque un avantage de savoir qu’on ne peut pas manger indéfiniment de son produit préféré.

Aujourd’hui je suis fière d'avoir un « péché mignon » calorique mais avec peu d'ingrédients, plutôt qu’un truc transformé avec des merdes qui détruisent des forêts et qui se finit en quatre coups de cuillères à soupe. Pour moi la crème de marrons est juste imbattable, c’est une vraie guerrière des rayons « condiments sucrés » injustement éclipsée par toutes les autres pâtes à tartiner.

Personne ne peut lui reprocher quoique ce soit. Montrez-moi un meilleur truc qui se mange avec l'intégralité de votre index, vous ne trouverez pas. Et cette boîte qui a l’air d’avoir été trouvée dans le grenier de vos grands-parents, je ne pourrais m’en passer pour rien au monde.


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