Crime

Le nouveau chef de police de Tijuana reçoit une tête coupée pour son premier jour

Au Mexique, les menaces de mort contre les forces de l'ordre par les cartels sont courantes, tout comme la corruption de la police.
Sandra  Proutry-Skrzypek
Paris, FR
tijuana
Des soldats surveillent une scène de crime où un homme a été tué par balle dans le centre-ville de Tijuana, en Basse-Califonrie, au Mexique, le 21 avril 2019. Tijuana est l'une des villes les plus violentes du pays. Photo : Guillermo Arias/AFP via Getty Images

Le nouveau chef de police de Tijuana, au Mexique, a reçu un étrange cadeau de bienvenue lors de sa prise de fonction : une tête coupée, accompagnée d’une menace de mort de la part d'un cartel de la drogue.

La tête a été retrouvée en décomposition à l'intérieur d'un sac en plastique noir laissé dans la rue, avec un message qui accusait Rafael Vázquez, qui est policier depuis 19 ans, d'être un « kidnappeur prenant ses ordres du cartel de Sinaloa ». « Tijuana saignera à cause de ce kidnappeur », affirmait le message trouvé le 5 octobre. 

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Le lendemain soir, deux autres messages similaires auraient été trouvés à différents endroits de la ville, mais cette fois accompagnés de ce qui semblerait être des morceaux de viande animale. 

Véritable plaque tournante du trafic de drogue vers les États-Unis, Tijuana se classe régulièrement parmi les dix villes les plus violentes du monde, une violence largement attribuée aux conflits entre cartels de drogue rivaux qui se battent pour contrôler la ville.

Les rapports locaux suggèrent que les messages proviennent d'un rival du cartel de Sinaloa, qui était dirigé par Joaquín « El Chapo » Guzmán jusqu'à ce qu'il soit extradé aux États-Unis et condamné à la prison à vie pour trafic de drogue. 

Vázquez n'a pas commenté publiquement les menaces, mais la maire de Tijuana, Monserrat Caballero, a montré son soutien au chef de police lors d'une conférence de presse. « S'il y a des menaces, pour moi, c'est une indication que les escrocs ont peur de lui », a-t-elle déclaré. 

Vázquez a déjà été au centre d'une controverse. En avril 2017, une banderole accrochée à un pont l'accusait, ainsi qu'un autre policier, de « collaborer avec le cartel de Sinaloa, pour lequel ils s’adonnent à l'extorsion, au vol et à l'abus d'autorité ».

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En 2019, il a été accusé d'avoir vendu des postes au sein des forces de police, ainsi que d'autres crimes, dont la torture et le vol. Il n'a encore jamais été inculpé.

Caballero a affirmé qu'elle continuerait à soutenir Vázquez tant qu'il n'y aurait pas d'accusation formelle contre lui de la part des procureurs. 

Il n'est pas rare que des organisations criminelles fassent des allégations fallacieuses contre des policiers qui, selon elles, menacent leurs opérations, afin de compromettre leur crédibilité. Mais le Mexique a aussi de longs antécédents de hauts responsables de la sécurité qui ont été corrompus par les puissants cartels. 

L'un des derniers exemples les plus médiatisés est celui de Genaro Garcia Luna, qui a été ministre de la Sécurité publique du Mexique de 2006 à 2012. En décembre 2019, les procureurs américains ont inculpé Garcia Luna pour complot de trafic de drogue et fausses déclarations.

Selon l'acte d'accusation, Garcia Luna a reçu « des millions de dollars de pots-de-vin du cartel de Sinaloa alors qu'il contrôlait la police fédérale mexicaine et était chargé de garantir la sécurité publique au Mexique ». Il a plaidé non coupable et attend son procès à New York.

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