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Il est plus dur d’arrêter le Pepsi diète que la cocaïne ou la cigarette

« Ce que je ne pensais pas être, c’est un addict aux liqueurs douces. Je ne pensais même pas que ça se pouvait. C’est vraiment la moins cool des addictions. »

J'ai arrêté beaucoup de choses dans ma vie. La cigarette, l'alcool, la drogue, la viande, le fromage ,  la malbouffe, les mauvaises fréquentations. Des fois, je recommence parce que ça ne me rend pas plus heureux finalement. Je fais ça n'importe quand. Quand je le sens, pour perdre du poids, pour me sentir mieux, pour relever un défi. Souvent, je commence au début de l'année. Une bonne vieille résolution.

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Cette année, c'étaient des résolutions. Je me sentais d'attaque. Je voulais absolument slacker sur la malbouffe, le sucre, le gras inutile, la drogue et la porno . Pour la porno, j'ai tenu une semaine. Mais, je vais réessayer plus tard, quand j'aurai vaincu le reste. J'écrirai là-dessus à ce moment-là. Les autres privations, je les endure encore et à ma grande surprise ce que je trouve le plus dur à arrêter dans tout ça, c'est le Pepsi diète.

Tout le monde me demande : « Coudonc, t'en buvais combien par jour? » Je n'avais jamais vraiment analysé la situation ou compté. Pour moi, c'était un produit légal vendu partout. Il ne fallait pas tant que ça s'en priver. Ça ne pouvait pas être si grave. Mais, pour répondre à la question, j'ai évalué que j'en buvais en moyenne une canette et demie par jour. J'ai déjà entendu parler d'intellos qui buvaient trois ou quatre deux litres quotidiennement – quand ils ont arrêté, ils ont perdu 50 livres sans rien faire. Mais une canette et demie, ça reste raisonnable.

J'en buvais surtout quand j'allais au resto, quand je mangeais de la pizz, des burgers, poutines ou hot-dogs.  Après une game de hockey ou en revenant d'une grosse journée, comme les gens boivent une bière . Moi, je n'aime pas la bière , mais j' adore le goût de la liqueur. J'étais passé du Pepsi au Coke, je suis revenu au Pepsi, pour finir vers le vice ultime : le Pepsi diète. Je savais que ça n'apportait absolument rien de bon dans mon corps, mais je ne pensais pas que ce serait aussi dur d'arrêter d'en consommer.

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Pour mieux comprendre pourquoi j'ai tant de misère à me défaire de ma canette et demie de Pepsi diète par jour, j'ai posé la question à Coline Pierret, psychologue aux services sociaux généraux du CIUSSS du Centre-Sud-de-l'Île-de-Montréal.

« Plusieurs éléments participent au fait que le Pepsi diète peut rendre accro, m'a-t-elle dit. Le sucre, dans ce cas-ci l'aspartame, mais que le cerveau traite de façon similaire au sucre, et qui entretient la dépendance au goût sucré. La caféine, un stimulant considéré comme un psychotrope (substance psychoactive la plus consommée au monde) et reconnu pour son côté addictif (symptômes de sevrage et de manque lors de l'arrêt). »

Elle m'a expliqué que les deux substances augmentent l'activité de la dopamine dans mon cerveau, dans la zone liée au plaisir et à la récompense. En plus, le sucre joue aussi sur la sérotonine, comme les autres substances psychoactives.  Donc, plus on consomme de sucre, plus on en veut. C'est pour ça qu'après avoir mangé un burger et bu une liqueur, j'avais toujours envie de clencher un petit sac de jujubes. Chaque fois, je sentais que je me faisais un petit cadeau.

Dans le passé, j'ai déjà arrêté de consommer de la cocaïne et je dois dire que ç'a été beaucoup plus facile. Premièrement, parce que de la poudre, tu fais juste ça dans une situation de party (en tout cas moi). J'ai déjà eu des phases de trois, quatre fois par semaine, mais jamais vraiment plus que ça, tandis que pour le Pepsi, c'est constant. Je vais au dep, j'en vois partout. Dans tous les restos, c'est soit Coke, soit Pepsi. Quand j'écoute du sport à la télé, ils sont partout. Des pubs qui jouent constamment. Tu te fais poker sans cesse et je peux dire qu'encore aujourd'hui, exactement un mois et demi après ma résolution, j'ai encore le goût.

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L'envie est souvent associée à une situation, comme quand tu arrêtes de fumer ou de prendre une drogue X. Mais là, la situation arrive tout le temps. Je vais au dep, au resto, à l'épicerie, je regarde la télé, je conduis sur l'autoroute , c'est tous les jours, constamment. Je m'ennuie même du bruit que fait une canette quand tu l'ouvres et du pétillement un peu trop intense d'une première gorgée trop froide qui remonte un peu dans le nez. Mmm. Un vrai junkie.

« La consommation excessive de sucre et de caféine joue sur le cerveau et peut provoquer des symptômes de sevrage lors de l'arrêt, ainsi qu'une sensation de manque. Toutefois, la communauté scientifique ne s'accorde pas à dire qu'il y a une dépendance au sucre similaire aux autres drogues. Certaines études (effectuées notamment sur des rats) vont dans ce sens, et d'autres non », m'a dit Coline Pierret.

Je suis pas mal persuadé que je suis dépendant au produit. Sinon, je n'y penserais pas 25 fois par jour depuis que j'ai arrêté.

« Le sevrage de caféine, si consommé en quantité significative et régulièrement, peut provoquer de la fatigue, des maux de tête, de l'anxiété et parfois même un état dépressif, ainsi qu'une sensation de manque, a poursuivi la psychologue. Quant au sucre, c'est moins clair, car les études sont moins nombreuses et controversées. Il semblerait que l'arrêt de la consommation de sucre pourrait entraîner des troubles du comportement et une sensation de manque également, à cause de la chute du taux de dopamine dans le cerveau. L'aspartame serait aussi susceptible de participer à la dépendance, mais on en sait encore moins à ce sujet. »

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Je dois dire que je triche un peu. Parce que, moi qui détestais le café depuis toujours, qui ai même lâché l'université parce que j'étais tanné de voir des étudiants marcher dans les corridors avec des litres de café comme s'ils étudiaient 22 heures par jour, j'ai commencé à en boire. Je pense que le manque de caféine a été plus fulgurant que je pensais. Au début, je buvais des petits vanille française au Tim, mais je suis vite passé aux cafés latte très réguliers, sans sucre, avec du lait d'amandes.

Selon une étude de la US Food and Drug Administration, il y aurait de trois à six fois plus de caféine dans un café, selon le grain, que dans une liqueur brune. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle je ressens un buzz quand je bois un café aujourd'hui et que je n'en avais aucun quand je clenchais une canette.

Mais le café n'est pas mauvais pour la santé pour autant. Il y aurait des avantages et un effet positif contre les maladies cardiovasculaires, les cancers du système digestif, le diabète sucré et même l'alzheimer. Le problème avec les liqueurs comme le Pepsi, ce n'est pas la caféine qu'elles contiennent, c'est le sucre ou l'aspartame. Le taux de sucre dans ces élixirs est tellement élevé que sa consommation est directement liée à l'augmentation de l'obésité et du diabète. Ah, c'est pour ça que je suis gros, pas de doute. Le café, c'est mieux. Mais crisse que c'est plate boire un café avec un burger.

C'est facile de se dire que « c'est juste du Pepsi, que tu ne vas pas ruiner ta vie ou celle de ta famille à boire une canette et demie par jour ». C'est vrai, mais depuis que j'ai arrêté le Pepsi diète, j'ai perdu trois livres. Pas tant que ça, mais quand même pas mal. Ça paraît quand je fais le downward dog, un peu. Mon cerveau est encore jammé sur le lien entre la bouffe grasse et la liqueur, mais on dirait justement que j'ai moins le goût d'aller manger des roteux. La liqueur est beaucoup plus diabolique qu'on le pense. Je vais vraiment essayer de ne plus jamais en boire et de ne pas en faire boire à mes kids.

Il paraît qu'il y a des personnalités addictives et je suis pas mal sûr que j'en suis une. Mais ce que je ne pensais pas être, c'est un addict aux liqueurs douces. Je ne pensais même pas que ça se pouvait. C'est vraiment la moins cool des addictions. Et je vous le dis, si vous voulez un défi, n'arrêtez pas de fumer du weed ou de manger des nachos à tous les repas, essayez juste d'arrêter de boire de la liqueur. Si vous n'en buvez déjà pas, commencez, parce que c'est fucking bon. Mais après, arrêtez, et vous pourrez en être vraiment fiers.