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Culture

La nuit, Radouan Zeghidour crée des installations sauvages dans les sous-sols de Paris

Si vous vous baladez dans les bas-fonds de Paris, vous croiserez peut-être une installation de cet étudiant des Beaux-Arts.
Désenchantement, 2015. Wood, acrylic, wool, wax. Installed without authorization below La Maison Rouge. All photos courtesy of the artist

Radouan Zeghidour est un étudiant en art le jour et un détective privé le soir. « J’explore sous-terre quand j’ai coup de mou. Ça m’apaise », énonce l’artiste parisien, décrivant ses explorations urbaines illégales. Avec du temps, des recherches et de la persévérance, Zeghidour a trouvé des accès au plus vaste espace secret de Paris : la ville sous la ville.

DESENCHANTEMENT de Radouan Zeghidour sur Vimeo

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L’artiste a choisi ses endroits isolés pour installer une série d’œuvres, qu’il laisse derrière lui, à l’instar de reliques sacrées que les ouvriers des sous-terrains de la capitale pourront trouver sur leur passage — si quelqu’un les découvre seulement un jour. Chaque œuvre a demandé un mois de préparation soignée. « C’est une sorte d’investigation », explique Zeghidour. « Je coince des mégots de cigarettes dans des verrous, je cale des trucs sous la porte et je place des objets le long des allées et des passages. Je reviens ensuite plus tard pour voir s’ils ont été bougés, et quand. Je fais aussi de longues recherches sur les emplacements et j’essaie de savoir si des travaux sont prévus sur les lignes de métro. Je cherche et trouve les horaires de travail des ouvriers, ainsi que ceux de la sécurité. Je prévois aussi une sortie d’urgence, au cas où ça tourne mal. »

Radeau échoué, 2014. Bois, laine, bougies, gilets de survie. Installé dans le métro de Paris sans autorisation.

Après s’être assuré que son plan fonctionne, Zeghidour se rend à l’aube sur le lieu choisi. « Je fais tout d’un coup, pendant une dizaine d’heures », raconte-t-il à The Creators Project. La plupart de ses installations sont faites à des objets trouvés sur place. Radeau échoué (2014), par exemple, suivait une ligne de métro, tandis que Désenchantement (2015), une structure en bois couverte de cire, a pris place sous le centre d’art contemporain La Maison Rouge, à Bastille.

Zeghidour publie, après installation, des traces documentaires de son passage, dont photos et vidéos. Ses petites incursions secrètes donnent aussi forment à d’autres projets : des peintures faites à partir de débris trouvés sur son chemin — complétées dans son studio et présentées au public.

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Mea Culpa, carte des emplacements des installations, à voir à l'exposition “Hypogea”.

Une exposition pensée par Marie Salomé Peyronnel, « Hypogea », prend place à la galerie Catinca Tabacaru, à New York, du 11 au 15 mai 2016. Elle se concentre sur l’installation Désenchantement, avec une série de photos et d’objets — des débris ou une carte dessinée à la main montrant les différents points d’accès au site. Pour les téméraires qui s’y risqueraient, sachez que l’aventure n’est pas sans risque : Zeghidour a déjà été appréhendé plus d'une fois.

Boîte de reliques, à voir à l'exposition “Hypogea”

Désenchantement, 2015 (détail)

Citadelle, 2013

Si vous êtes à New York entre le 11 et 15 mai 2016, passez à la galerie Catinca Tabacaru pour voir l’exposition « Hypogea ». Sinon, vous pouvez toujours chercher à en savoir plus en faisant un tour sur le site de Radouan Zeghidour.