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Comment je suis devenu supporter du Stade Rochelais grâce à la ferveur populaire

Tout à commencé peu après la Coupe du monde 1999. Un premier match à Marcel-Deflandre et le virus l'atteint.
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Autant être honnête tout de suite. Les supporters du Stade Rochelais n'ont pas les chants les plus transcendants de la planète ovale. Mais, récités avec une énorme passion, ils n'ont jamais manqué de donner quelques frissons au jeune Charentais que je suis. Né peu après la dissolution de l'URSS, je n'ai découvert ce sport étrange qu'au début des années 2000, soit peu après la Coupe du Monde 1999 et cette fameuse demi-finale France – Nouvelle-Zélande qui figure en tête de mes premiers souvenirs rugbystiques.

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Ça tombe bien, à cette époque, les Maritimes évoluent en Top 16, l'ancêtre du Top 14. En cette saison 2001-2002, les « Allez les jaunes, allez les noirs, allez les jaunes et noirs ! » résonnent comme rarement au stade Marcel-Deflandre. Nichés derrière les poteaux, de grands gaillards chelous déguisés en bagnards se chargent de les lancer. Le public populaire ne manque pas de pousser derrière son pack à chaque entrée en mêlée. Pourtant pas une terre du rugby, la cité portuaire vit depuis quelques décennies pour le ballon ovale. Et la discipline y connaît certaines de ses plus belles heures à l'heure du passage au troisième millénaire.

Pour ma part, c'est donc en tribune Port-Neuf, côté historiquement dédié aux dockers rochelais, que je suis traîné par un père bien décidé à montrer à sa progéniture ce qu'est vraiment le sport. Pas bien grand à mes 10 ans, il me faut un petit coussin pour espérer apercevoir la gonfle de temps à autre depuis les gradins en bois. Les fesses rehaussées, ma carrure n'en est pas plus impressionnante, mais le spectacle est d'autant plus appréciable. Comme celui de Philippe Bernat-Salles et ses festivals sous les couleurs du Biarritz Olympique, toujours conclus par cette célébration avec les bras en l'air et deux doigts de chaque main en V.

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C'est pourtant à la fin de la saison précédente que j'ai partagé ma première grande émotion en public. A la fin du mois d'avril 2001, pas loin de 10 000 personnes sont regroupées dans une enceinte pleine à craquer qui n'a pourtant alors rien d'un chaudron. Le petit poucet maritime reçoit l'ogre toulousain et ses internationaux français à la pelle : Fabien Pelous, Christian Califano, Yannick Bru, Xavier Garbajosa (aujourd'hui, pour l'anecdote, entraîneur des trois-quarts du Stade Rochelais)…

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Côté Charentais, les noms des trois-quarts Romuald Paillat ou Filipo Toala sont nettement moins connus. Mais c'est surtout une lignée qui fait vibrer le club à cette période. Après Arnaud le grand-père, dans les années 1960, Jean-Pierre Elissalde est entraîneur, alors que son fils Jean-Baptiste s'apprête à faire le bonheur de l'équipe de France. Mais ce jour-là, c'est tout un peuple en jaune et noir que l'ouvreur ravit.

Tenus en haleine au terme d'une rencontre engagée, les spectateurs s'arrêtent de respirer près de cinq minutes après la sirène. Leurs joueurs sont menés 16-18 et J-B, l'enfant du pays, tente un drop à une trentaine de mètres des perches. Le temps paraît interminable mais deux secondes plus tard, celui qui s'apprête à donner l'envol de sa carrière international au Stade Toulousain enfonce son futur club en envoyant le cuir au milieu des poteaux au bout du suspense : 19-18 !

Malgré l'ivresse de cette folle victoire, le désormais nommé « Atlantique Stade Rochelais » connaît une période plus sombre après la descente en deuxième division une saison plus tard. Pas vacciné, le virus a néanmoins eu le temps de m'atteindre à l'heure où le stade se vide plus tôt. En fin d'après-midi chaque samedi, le rendez-vous est fixé à Marcel-Delfandre avec les potes, même dans le vent glacial de l'hiver. C'est même là qu'on rigole le plus, devant une belle générale avec les roublards narbonnais ou les cartouches distribuées par le Fidjien Caucaunibuca après la descente d'Agen en Pro D2.

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Les hormones en ébullition à l'adolescence, on se prend même à gueuler à l'occasion « barbus, barbus, bouffe moi le cul ! » aux piliers palois les plus imposants en plein échauffement à quelques mètres de nos yeux. A l'entrée, les distributeurs des billets ayant-droits (gratuits pour les moins de 17 ans à cette époque) sont devenus nos copains, mais pas les serveurs du bar qu'il faut soudoyer pour choper un maigre demi avec nos têtes de puceaux.

L'engouement, lui, reviendra à partir de 2007 avec la qualification systématique pour les phases finales du Pro D2, puis la montée en Top 14 en 2010, et la remontée en 2014 - que j'ai assidûment suivies mais souvent à distance désormais. Depuis, l'enceinte agrandie connaît un taux de fréquentation jamais vu ici. En 2015, de nouveaux exploits dignes de films aux scénarios hollywoodiens ont fait exploser Deflandre comme rarement. Et même si l'entendu « Ici, ici, c'est La Rochelle » a depuis été piqué à d'autres supporters (Oyonnaxiens en l'occurence), ce chant-là continue parfois de me faire vibrer comme le gamin que j'étais il y a quinze ans.