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Culture

Faites du stop avec Shia LaBeouf au nom de l'art

Pendant un mois, Shia LaBeouf, Nastja Rönkkö, and Luke Turner vous laissent les emmener où vous voulez.
Photo : Abazar Khayami

Depuis le 9 mai dernier, Shia LaBeouf, Nastja Rönkkö, and Luke Turner postent les coordonnées de leur emplacement GPS sur Twitter. Après avoir fait travailler l’imagination de ceux qui s’intéressent encore à ses lubies, le trio a révélé son nouveau projet — toujours assorti d’un hashtag. Après avoir reçu des appels téléphoniques d’inconnus pour #TOUCHMYSOUL, resté assis en silence pendant des heures dans une galerie de Los Angeles pour #IAMSORRY, voici #TAKEMEANYWHERE.

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Pendant un mois, LaBeouf, Rönkkö, et Turner font du stop par Internet. Ils annoncent leur emplacement exact grâce à leurs coordonnées GPS, et sous le hashtag #TAKEMEANYWHERE sur le compte Twitter @thecampaignbook, puis attendent le premier voyageur qui passe (voiture, train, bus, moto, poney) et le laisse l’emmener où il veut. Le trajet du trio est donc soumis au bon vouloir des internautes les plus rapides. Il est retracé en temps réel sur takemeanywhere.vice.com, tandis que LaBeouf poste des selfies avec ses conducteurs sur Instagram.

Un film, présenté au Finish Institute in London et au Boulder Museum of Contemporary Art, qui commissionnent le projet, documente les différents lieux visités et les personnes rencontrées sur leur route.

Trajet du projet #TAKEMEANYWHERE au 7 juin 2016. Capture d'écran via

VICE s’est posé avec LaBeouf, Rönkkö, et Turner dans une cabane au fin fond des Montagnes Rocheuses pour comprendre ce qu’il se passe dans leur tête.

VICE : Qu’est-ce que vous faites dans le Colorado, les gars ?
LaBeouf : On a été invités à MediaLive, un festival au BMoCA [Boulder Museum of Contemporary Art] — c’est la cinquième édition. Ils nous ont invités, avec le Finnish Institute in London. Ils ont été très sympas avec nous, ce qui est toujours cool — avoir la chance de travailler avec des gens qui croient en vous, et en qui vous croyez. Ça fait du bien. Je pense qu’on recherche ce genre de chose.
Turner : Le thème du festival cette année est la corruption.
Rönkkö : On avait ce projet qui collait bien selon nous.
Turner : Je pense qu’ils nous ont invités parce que notre travail, espérons, combat la corruption. Si les réseaux sociaux ont encore plein de hiérarchies problématiques, en même temps, il reste une sorte d’idéal égalitaire, utopique d’Internet, et nous voulons sans doute préserver et accentuer cela.
LaBeouf : Avec ces projets, on essaie de conserver une part de naïveté — c’est le but. Le but est en quelque sorte de rester naïf, impressionnable, malléable.
Turner : C’est une naïveté informée.

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Quel est donc le but de ce nouveau projet ?
LaBeouf : Se faire des amis.
Rönkkö : C’est une question de confiance, et un voyage aussi. Je suis plus intéressée par l’état d’entre-deux plutôt que l’arrivée à destination.
Turner : Et nous mettons tous notre confiance dans le collectif, dans les réseaux sociaux — ils décident, ils déterminent ce qui n’est pas encore écrit.
Rönkkö : Il s’agit de donner notre confiance aux gens. Et aussi, aux gens de nous faire confiance.
LaBeouf : Faire du stop est vraiment la collaboration ultime.

Est-ce que vous appelleriez ça votre grande épopée américaine ?
LaBeouf : Dans un sens, oui. Il y a clairement une sorte de nostalgie à la Easy Rider, mais il y a aussi un côté futuriste à la Blade Runner avec ce truc du GPS.
Rönkkö : Ouais, tout ce truc est rendu possible grâce à Internet, aux réseaux sociaux et les gens auront à prendre une décision consciente pour venir à nous. Donc ce n’est pas le scénario classique de s’arrêter au hasard prendre quelqu’un.

Quelle ambition avez-vous pour ce projet ?
LaBeouf : Avec tout ce que nous faisons, on essaie de trouver du sens, de faire sens…
Rönkkö : …de créer du lien.
LaBeouf : On ne sait pas vraiment où le show va nous emmener.
Turner : C’est toujours une exploration. Je pense que nous voyons tous l’art comme une exploration.
Rönkkö : On ne sait vraiment pas ce qu’il va se passer.

Photo : Abazar Khayami

Est-ce que ça vous fait flipper ?
Rönkkö : Parfois je pense à ce truc, qui sera, dans un sens, le plus petit show qu’on a fait. Parce que, si ça se trouve, on n’aura qu’une douzaine de personnes qui vont vivre cette expérience.
LaBeouf : Mais c’est aussi super vaste. Ce qui est perché c’est que c’est la chose la plus vaste et la plus intime qu’on ait fait.
Turner : Et pour en revenir à l’idée de grande épopée américaine, il y a toujours cette façon de vouloir fuir dans le paysage, bien qu’ici on soit tout le temps traqués. À la fois, on s’échappe et on devient plus visible que jamais. Ça crée une drôle de dynamique?
Rönkkö : Parce qu’on ne peut plus vraiment disparaître.

Vous êtes perdus et en même temps non — parce que tout le monde sait où vous êtes à chaque moment.
Rönkkö : On n’est jamais vraiment perdu, on ne sait juste pas quelle direction prendre.

Suivez LeBeouf, Rönkkö et Turner avec #TAKEMEANYWHERE sur @thecampaignbook et takemeanywhere.vice.com.

Cet article est initialement paru sur VICE US.