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Dennis Morris : C'était incroyable. En arrivant à Kingston, un groupe de rastas a interpellé John en criant : « Johhny Rotten, mec ! God Save the Queen, mec ! » Je savais que le reste du séjour allait être de ce calibre.Pourquoi étiez-vous là-bas?
Virgin Records voulait s'impliquer dans le mouvement reggae et ils voulaient que je fasse le déplacement avec Richard. Je leur ai proposé d'inviter John, en tant qu'immense fan de reggae. Ils ont accepté, et nous sommes partis tous les trois.
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Oui, tout à fait! On logeait au Sheraton et les grands producteurs locaux venaient à notre rencontre. On leur demandait combien ils voulaient et ils sortaient un chiffre. Richard répondait : « OK, revenez demain. » En 24 heures, il préparait l'argent, en cash. Le mot s'est vite répandu. Rapidement, tous les mecs qui faisaient du reggae en Jamaïque ont débarqué au Sheraton.
Le concert était un bordel monstre – autofinancé et organisé le jour de Noël, une grande première pour un truc d'une telle ampleur. Jah Wobble n'arrivait pas à jouer de la basse debout – il était encore en train d'apprendre à maîtriser l'instrument. Pourtant, tout le monde s'est dit : « Putain, c'est hyper radical, le mec est assis. » Lydon avait les paroles des chansons écrites sur des feuilles posées sur un pupitre. Encore une fois, les gens ont murmuré : « Wow, putain, ça se passe comme ça maintenant. »J'ai entendu dire que votre conseiller d'orientation vous avait déconseillé de devenir photographe.
En fait, ce type m'a demandé ce que je voulais faire plus tard. J'ai simplement répondu que je voulais devenir photographe. Et là, il m'a lancé : « Ne sois pas stupide. Tu sais bien qu'un photographe noir, ça n'existe pas. » En plus de ça, ma famille a commencé à me mettre la pression pour que je trouve un vrai job.
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Quand j'ai commencé à travailler avec Bob Marley vers mes 16 ans, je crois.Vous avez publié un livre intitulé Growing Up Black, qui réunit vos photos des années 60 et 70. Ça ressemblait à quoi, l'enfance d'un jeune noir à cette époque?
En fait, le titre découle du fait qu'aux yeux de la société du début des années 60, nous étions des gens « de couleur ». Avec le mouvement black power, nous revendiquions une nouvelle identité. Nous étions noirs, et nous l'assumions.Cette photo est sans doute la plus célèbre de votre carrière. A-t-elle nécessité beaucoup de préparation?Non, elle est tout à fait naturelle. Un jour, Bob m'a dit : « Dennis, je vais te montrer ce qu'est un vrai joint. » J'ai pris deux ou trois taffes, et j'étais défoncé.Touchez-vous encore beaucoup d'argent grâce à cette photo?
En fait, on pourrait la comparer à celle du Che. Elle est tellement connue qu'elle est quasiment dans le domaine public. Je n'ai aucun contrôle sur sa diffusion.
Ça s'est produit en 1973, lors de la première tournée en Europe avec les Wailers. Un matin, Peter Tosh a ouvert les rideaux. Il neigeait. Il m'a demandé ce que c'était, je lui ai répondu que c'était de la neige. Lui et Bunny Wailer y ont vu un signe de Jah leur intimant de rentrer au pays. Ce qu'ils ont fait.
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Oui oui! Ils détestaient l'Angleterre, le froid. Ils étaient végétaliens, alors imaginez le casse-tête pour trouver une telle nourriture à Londres au début des années 70. Bob, de son côté, voulait revenir. Il l'a fait deux ans plus tard en compagnie d'autres musiciens pour Live! – c'est là que tout a décollé pour lui.
Oui, on peut dire que l'industrie de la photo musicale n'avait pas l'habitude de voir ça. J'étais obsédé par Don McCullin ou Robert Capa, donc je me suis servi de leur travail pour me perfectionner. C'est grâce à eux que j'ai voulu me servir d'un Leica – personne ne le faisait à l'époque.Pourquoi ce choix?
En fait, un Leica est passe-partout. Vous devenez invisible aux yeux des gens.
Ils nous détestaient. Ils pensaient assister à un concert de reggae. À l'époque, j'avais une crête iroquoise, et les gens que je croisais dans la rue m'évitaient parce qu'ils pensaient que j'étais cinglé.Je vois.Suivez Gavin sur Twitter.