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Les 100 meilleurs morceaux de Tupac

Notre manière tout à fait personnelle et totalement excessive de marquer les 20 ans de sa disparition.

L'histoire paraissait écrite d'avance : un jeune noir issu des quartiers les plus pauvres des États-Unis, constamment rattrapé par son environnement, parvient à le dépasser pour devenir une superstar du rap. Sauf que, dès le départ, il y a quelque chose de différent chez Tupac. Quelque chose de franchement touchant. Son apparence, tout d'abord. Avec sa gueule d'ange, son corps frêle et son piercing sur le nez, Tupac n'a pas vraiment la dégaine d'un superhéros du game. Cette fragilité, il va en faire une force. Bien sûr, il reprend les codes du gangsta rap – l'arrogance, la réussite qui n'existe que si elle est étalée, la méfiance à l'égard de la police, le mépris des balances –, mais il se forge aussi l'image d'un poète sensible, un peu génie sauvage, comme personne avant lui, comme Kendrick Lamar et Freddie Gibbs après lui.

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Écouter Tupac, c'est découvrir un jeune homme qui frappe par son intelligence et un souci de vérité qui transpire dans ses propos et son regard d'un feu intense. C'est se confronter à un personnage hors-norme, surhumain dans tout. Forces et faiblesses comprises. C'est entendre un hip-hop social, au sens premier du terme, tant ses actions s'épanouissent en société. C'est aussi découvrir un homme qui a dû se résoudre à la finitude d'une vie de thug : les procès, la prison, la mauvaise presse, la mort… Autant d'éléments qui soignent sa légende, mais qui expliquent sans doute aussi pourquoi il est aujourd'hui encore périlleux de faire le tour de son œuvre, riche en compositions, en collaborations et en inédits. On parle quand même d'un rappeur qui a enregistré près de 200 morceaux, dont un sacré nombre de classiques dans le lot, entre sa sortie prison en octobre 1995 et sa mort le 13 septembre 1996. Et, rien que pour ça, ça valait bien un Top 100.

100. « Thugz Mansion » feat. Anthony Hamilton

Il faut bien commencer quelque part, et on peut supposer qu'une chanson qui a donné envie à

Justin Bieber de la réinterpréter en live à la BBC Radio 1

ne méritait pas d'être forcément plus haut.

99. « My Burnin' Heart »
Dès ses débuts au sein de Born Busy ou Strictly Dope, 2Pac a pris le parti de faire de ses inquiétudes et de son sentiment d'injustice des éléments fondamentaux de ses textes. Ce n'est pas toujours réussi, mais « My Burnin' Heart » a de sacrés bons arguments à faire valoir. Notamment un flow étonnement posé et un excellent sample de Grover Washinton Jr.

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98. « Definition Of A Thug Nigga »
Parce que Poetic Justice est loin d'être un aussi mauvais film. Parce qu'un titre qui se nomme ainsi quand on sait l'importance du mot « Thug » chez 2Pac ne peut être foncièrement mauvais. Parce que même le single le moins clinquant de 2Pac restera toujours excitant.

97. « Runnin (From Tha Police) »
Parce que, parfois, la valeur historique d'un morceau prévaut sur ses qualités intrinsèques. Ici, ce titre enregistré avec Biggie quelques mois avant la fusillade du Quad Recording Studios en 1994 prouve bien que l'issue des deux stars du rap aurait pu être bien différente.

96. « If My Homie Calls »
En novembre 1991, trois mois après avoir paraphé son premier contrat avec Interscope, 2Pac débarque dans les bacs avec 2Pacalypse Now. Il n'a que 20 ans, ses chansons manquent encore parfois de profondeur et de singularité, mais il impressionne déjà par son sens du storytelling et sa conscience politique. « Ça fait vingt ans que j'suis sur terre, et voici ce que j'ai vu, voici mon rapport. C'est mon cri de guerre à l'Amérique. » Ce titre, qui narre l'histoire de deux potes aux trajectoires opposés, n'est pas le plus engagé socialement, mais il a le mérite de poser une vérité : désormais, même les rappeurs les plus affirmés auront du mal à lutter avec ce rappeur de l'East Harlem.

95. « Late Night »
Enregistré entre 1994 et 1996, comme la plupart des titres réunis sur Better Dayz, « Late Night » a été produit par DJ Quik, un de ces producteurs sous-estimés qui inventa le G-funk avant que Dr. Dre ne le popularise dans le monde entier. Suffisant, non ?

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94. « Holla At Me »
Jamais sans son flegme, 2Pac tire ici à boulets rouges sur ses ennemis, ceux qui jalousent son arrivée chez Death Row, ceux qui ont voulu raccourcir son passage sur Terre, ceux qui, n'ayant pas réussi leur coup, se verraient bien le plomber à nouveau. En vrai, ils pourraient être nombreux, mais c'est bien Biggie qui semble être visé ici.

93. « Pain »
Parce que ça n'aurait pu être qu'une énième chute de studio et que c'est quand même l'un des morceaux de 2Pac qui charme le plus par sa pudeur et sa puissante mélancolie.

92. « Nothin 2 Lose »
Parce que se dire que l'on n'a rien à perdre est encore le meilleur moyen de pondre des morceaux qui donnent envie de vivre la vie à fond.

91. « Tha Lunatic »
Parce qu'il est certainement le morceau le plus sous-estimé d'un album, dont le livret est on ne peut plus clair : « Fuck all Police, Skinheads, Nazi whatever!! ».

90. « Breathin' »
« Je m'étais dit : 'Comment un garçon de vingt-cinq ans peut-il être aussi craintif à l'idée de se faire prendre dans une embuscade ?' Et c'était très pesant pour le plateau : on tournait dans la rue et, même si on avait stoppé le trafic, on ne pouvait pas vraiment empêcher un éventuel dérapage… »  À New York en 1996, entre deux scènes pour Gridlock'd, l'acteur Tim Roth dit vrai : 2Pac craint plus que jamais pour sa vie, et ça s'entend dans chaque phrase de ce morceau enregistré aux côtés de Johnny J en pleine période Death Row.

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89. « Str8 Ballin »
Parce que cette punchline :« Even if they kill me/They could never take the game from a young G. »

88. « When Thugz Cry »
Parce qu'un homme qui ne pleure pas n'est pas un homme, et que 2Pac le savait mieux qu'aucun autre de ses contemporains, lui qui subissait les moqueries de ses petits camarades à l'adolescence en raison de son corps frêle et de ses mains douces.

87. « Outlaw »
Faire d'un désavantage social un atout ultime pour gagner sa place dans le monde : voilà le concept sous-tendu par ce brûlot placé en conclusion de Me Against The World.

86. « Strictly 4 My N.I.G.G.A.Z. »
Indomptable, incernable, 2Pac n'obéit qu'à deux critères : l'intransigeance de sa plume et la reconnaissance des siens. D'où ce « Strictly 4 My N.I.G.G.A.Z. », à entendre comme « Strictement pour mes négros » ou, selon l'acronyme de « Niggaz » retenu par le rappeur, « Strictement pour ceux qui sont toujours conscients du devoir d'accomplir nos objectifs. »

85. « The Uppercut »
Parce que ce titre ne pouvait prétendre à une place plus haute à cause de la prestation mitigée, et loin d'être aussi percutante que celle de 2Pac, d'E.D.I. Mean et Young Noble. Parce que les puristes – ceux qui rejettent en bloc ses albums posthumes – adorent le détester, et que c'est toujours bon signe.

84. « Thug Luv »
Parce qu'un feat. de 2Pac sur un album des Bone Thugz-N-Harmony, ça ne se refuse pas.

83. « Rebel Of The Underground »
Parce que si 2Pac n'a jamais vraiment accepté le surnom que lui donnait Money-B lorsqu'il était au sein du Digital Underground, il a tout de même fini par s'en servir pour nommer un des morceaux les plus laid-back et mélodiques de son premier album. Forcément, c'est Shock G à la production.

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82. « Only Fear Of Death »
Parce que même si Striclty 4 My N.I.G.G.A.Z. n'est pas son disque le plus abouti, ses sessions, aux côtés du Live Squad au studio Echo Sound de Los Angeles, ont donné naissance à des titres qui préfigurent déjà son goût pour ces fameuses haunting song, celles qu'il développera à merveille quelques années plus tard avec « I Ain't Mad At Cha » ou « Hail Mary ».

81. « Hold On Be Strong »
Là encore, un titre issu des sessions de S4MN et publié un an après sa mort sur R U Still Down ? (Remember Me). C'est basique, c'est son pote Stretch au refrain, c'est fidèle à la version originale et c'est conclu par un message consciencieux : « Je sais que ce ne sont pas des larmes qui coulent sur ton visage, sèche tes yeux. Dans ce monde, seuls les plus forts survivent, tu vois. Je sais que c'est dur, la zone, le SIDA, les tremblements de Terre, les agressions, les car-jacking… Ouais, nous avons des problèmes, mais crois-moi quand je te dis : 'Les choses finissent toujours par aller mieux'. Dieu n'aime pas la laideur, et Dieu n'aime pas les dégonflés. Tu sais ce que disait Billie Holiday, bébé ? "'Dieu bénisse l'enfant qui se débrouille seul'. Tu vois, tu dois tenir le coup. »

80. « Fuck The World »
Rien à ajouter.

79. « Fame »
Parce qu'une fois entendu, impossible de s'enlever le refrain de la tête.

78. « Old School »Parce que parler de l'ancienne époque et se dire nostalgique du hip-hop des débuts alors que l'on est qu'en 1995, c'est encore le meilleur moyen de s'attirer un public. La preuve : ça marche encore aujourd'hui.

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77. « Out On Bail »
Écrit en 1993 à Atlanta, ce morceau devait originellement servir de titre à l'album du collectif Thug Life. Mais Interscope veut autre chose et refuse de s'en servir comme éventuel single. « Out On Bail » devient alors un inédit que l'on fait circuler sous le manteau, tandis que 2Pac, pas du genre à faire des courbettes, l'interprète malgré tout lors des Source Awards de 1994.

76. « Hell 4 Hustler »
Parce que c'est ce genre de morceaux qui donne de l'intérêt à Still I Rise, entamé en 1995 aux côtés des Outlawz mais publié de façon posthume quatre ans plus tard.

75. « They Don't Give A Fuck About Us »
Parce qu'on a toujours trouvé que le single de Michael Jackson en 1996 était trop poli et qu'il fallait qu'un autre artiste aille plus clairement au fond des choses.

74. « Lord Knows »
Parce que si seul Dieu a le pouvoir de le juger, Dieu sait aussi à quel point 2Pac était en conflit avec lui-même : « Je fume un joint pour calmer la douleur/Car si je n'étais pas défoncé/J'essaierai probablement de me faire sauter la cervelle ».

73. « Thug Passion » 
Parce qu'être un thug, c'est bien. Mais être un thug qui aime le Cristal et l'Alize, c'est mieux. Comprend qui écoutera.

72. « Young Niggaz »
Parce qu'on est ici en présence du « jeune négro » dans toute sa splendeur et sa subtilité, et que ce refrain R&B – comme souvent à partir de Me Against The World – n'est pas là pour doucher l'enthousiasme général.

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71. « 5 Deadly Venomz »
2Pac vient de la côte d'Est et représente un art qui, comme le prétend le journaliste Bruno Blum, est né en Jamaïque. Ce titre vaut mille autres explications.

70. « Letter 2 My Unborn »
Si le projet One Nation, un album collectif qu'il envisageait d'enregistrer aux côtés de Scarface, Outkast, Smif-n-Wessun ou encore E-40, reste à l'état de fantasme, jamais concrétisé, né d'un cerveau passionné, obsessionnel et créatif, ce n'est pas le seul acte manqué de 2Pac. À entendre Kidada Jones, sa dernière petite amie, le rappeur commençait à réfléchir à l'idée d'avoir un enfant quelques semaines avant de se faire flinguer, et ce « Letter 2 My Unborn » en est probablement une preuve parmi d'autres.

69. « Heaven Ain't Hard 2 Find »
Parce que ce titre, produit par Quincy Jones III et ajouté au tracklisting d'All Eyez On Me en dernière minute, vient clore un disque qui aura éclaté toutes les statistiques malgré un horrible gilet en cuir, tendance sado, fièrement arboré sur la pochette. « Love me for my thug nature ». Il y a sans doute un peu de ça.

68. « Part Time Mutha »
Parce que Stevie Wonder en personne coréalise le morceau. Tout simplement.

67. « My Block »
Parce qu'on dira ce qu'on voudra, cette ligne de guitare et ce refrain chanté par un chœur d'enfants font largement le boulot.

66. « It Ain't Easy »
Parce que s'il ne promet pas le grand soir – ni à manger et à boire, d'ailleurs -, 2Pac n'a rien d'un enfoiré : lui évite ici tous les pièges stylistiques de la chanson sociale et tend un miroir effrayant à la face de l'Amérique dominante. « Dehors, il y a des enfants qui tuent parce qu'ils sont sauvages/Bill Clinton, pourrais-tu reconnaître un négro qui représente ? Purgeant une peine pour homicide à San Quentin ? »

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65. « Run Tha Streetz »
Parce que cette ligne mélodique et ce refrain que l'on a envie de chanter à tue-tête transpirent salement les 90's.

64. « Check Out Time »
Parce qu'il est toujours bon de savoir l'heure qu'il est, surtout dans la rue.

63. « Hold Ya Head »
Parce que si on vivait dans un monde où l'on reconnaissait le talent qu'il faut pour transformer une ballade en un acte de résistance, écouter ce morceau ferait partie de nos besoins primaires.

62. « We Do This »
« À New York, j'ai appris pas mal de trucs sur la scène rap, la posture à adopter, l'attitude, plein de conneries comme ça… Et ce n'est pas pour casser New York, mais sur le rap, je n'y ai rien appris… À Baltimore, personne ne m'a rien appris non plus. Oakland m'a tout appris. »  Et ce morceau, publié en 1995 sur l'album Cocktails de Too $hort en est la preuve ultime.

61. « Smile »
Parce qu'un an après sa mort, 2Pac permet à Scarface de connaître le plus gros succès de sa carrière.

60. « Life Of An Outlaw »
Au moment d'entrer en studio, 2Pac demande à Napoleon des Outlawz s'il serait prêt à tuer ou à mourir pour lui. On est en 1996, ce fils de Black Panther sent la fin approcher et son mode de vie made in Death Row ne lui laisse aucun doute : il mène la vie d'un hors-la-loi.

59. « Heartz Of Men »
Parce que c'est le seul titre où DJ Quik est crédité à la production sur All Eyez On Me. Parce qu'à entendre la qualité du boulot, on se dit que Death Row s'est vraiment foutu de la gueule de tout le monde au moment de verser les droits d'auteur aux artistes concernés.

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58. « Wonda Why They Call U Bitch »
Parce que combien de rappeurs peuvent se vanter d'avoir invité la meuf de leur meilleur ennemi pour ensuite prétendre lui avoir fait la farandole de l'amour durant les sessions ? Un seul ? On est d'accord.

57. « Krazy »
Parce que, tout connement, il y a beaucoup de douceur dans cette désolation.

56. « Gotta Get Mine »
À partir de 1993, dès que son emploi du temps lui permet d'honorer une invitation, 2Pac est convié à poser sur les albums d'autres MC's. Là, c'est au The New Breed de MC Breed qu'il apporte un peu d'intérêt en participant à deux morceaux, dont ce « Gotta Get Mine » où l'on apprend qu'il est donc possible de rapper avec des billets sortant du bonnet.

55. « Just Like Daddy »
En cinq minutes et huit secondes, 2Pac résume tout ce dont un homme a besoin dans la vie : s'allonger avec une femme, s'enfoncer entre ses reins et la sentir vibrer tout contre lui.

54. « Cradle To The Grave »
Du berceau à la tombe, OK, la vie est triste ! Mais elle vaut le coup d'être vécue pour bouncer sur des titres de la sorte !

53. « Can't C Me »
Parce que c'est l'une des rares collaborations entre Dr. Dre et 2Pac, et que c'est sans doute très bien comme ça.

52. « Ballad Of A Dead Soulja »
Parce que le titre du morceau, le thème ou cette putain d'instru electro-funk rappellent l'un des thèmes favoris de 2Pac : la mort et la guerre.

51. « When We Ride »
Parce qu'un 2Pac au refrain et des Outlawz en pleine forme, ça mérite bien une 51ème place.

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50. « Bomb First (My Second Reply) »
Alors qu'il vient de s'acheter une nouvelle maison et d'y installer un piano dans la pièce principale, 2Pac compose une petite boucle, introduit Young Noble, dernière recrue officielle des Outlawz et en profite pour annoncer à tous les auditeurs qu'il convient désormais de l'appeler Makaveli. Et dire que ce n'est que le premier morceau de The Don Killuminati (The 7 Day Theory).

49. « Starin' Through My Rear View »
Avant qu'Eminem ne transforme les inédits de 2Pac en soupe indigeste, chez Interscope on avait au contraire l'intelligence de publier des titres aussi forts que ce « Starin' Through My Rear View », puissant et bien plus fidèle à l'œuvre du bonhomme que ce putain de « Ghetto Gospel ».

48. « Heavy In The Game »
Parce qu'on sait tous que 2Pac est plus un produit d'Oakland que de Los Angeles, et parce qu'il magnifie ici le rap de la Bay Area aux côtés d'un Richie Rich qui s'apprête alors à rejoindre Def Jam – une première pour un MC de San Francisco.

47. « Only God Can Judge Me »
S'il se demandait quelques années plus tôt comment survivre dans la rue avec une mère sous crack, 2Pac est désormais un homme pressé, en croisade contre le sommeil. Deux semaines après sa sortie de prison en octobre 1995, le nouveau poulain de Death Row a déjà enregistré près de 24 morceaux dans trois studios différents. « Ambitionz Az A Ridah » et « I Ain't Mad At Cha » ont été les premiers à être finalisés, mais ce « Only God Can Judge Me », produit par Doug Rasheed (l'homme derrière « Gangsta's Paradise » de Coolio) et rythmé par le bruit d'un électrocardiogramme au début du deuxième couplet, prouve bien que 2Pac pouvait enchainer les titres sans craindre la baisse de régime.

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46. « Bury Me A G »
Parce que si les mecs de Thug Life ne sont pas au niveau de 2Pac sur ce morceau, « Bury Me A G » n'en démontre pas moins que l'on peut tenir un propos grave pendant cinq minutes sans tomber dans l'excès de moralisation.

45. « Panther Power »
Parce que ceux qui ont entendu ce titre à la fin des années 1980, presque vingt ans avant sa publication officielle, n'avaient sûrement plus envie de déconner et ont certainement commencé à prendre ce gamin d'à peine 18 ans – hautement inspiré par Public Enemy, il faut bien le dire – très au sérieux.

44. « Trapped »
Parce que s'il ne subvertit en rien le genre, « Trapped » se plie à trois des obsessions de son auteur : la conscience politique, les inégalités raciales et l'ambiguïté morale.

43. « Can U Get Away »
Combien de morceaux de rap sur les femmes battues ? Peu, en effet.

42. « Same Song » feat. Digital Underground
Un coup d'œil au clip suffit à comprendre la destinée de 2Pac : c'est son premier morceau officiel, son premier clip, il n'est qu'un feat, et pourtant le mec est porté tel un roi africain au moment de déballer son couplet : « Now I clow around/When I hang around/With the Undergroun. » Une destinée, on vous dit !

41. « White Man'z World »
Bon, OK, la production est un peu bancale, mais la combinaison mea culpa-guitare acoustique-refrain R&B fonctionne carrément bien, non ?

40. « Papa'z Song »
Parce qu'on comprend que 2Pac a manqué de figure paternelle toute sa vie. Parce que la présence Mopreme Shakur (sous l'alias Wycked) renforce la portée biographique du morceau. Parce que Poppi transcende le refrain. Parce que ce couplet : « "Papa est rentré", tu dis ça comme si ça signifiait quelque chose pour moi / Tu es parti depuis un putain de long moment/Pour revenir à la maison et dire "Papa est rentré"/Merde/On va bien sans toi/Moi, mon frère et ma mère / Donc si tu ne te souviens pas de moi, tu peux aller te faire foutre, pa'/Je t'emmerde ».

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39. « Death Around The Corner »
2Pac, sur la grande majorité de ses titres, c'est un peu une station de radio qui diffuserait en permanence les récits détaillés de tous les incidents du quartier. « Death Around The Corner » en est l'exemple-type, et c'est pour ça qu'il figure à la 39ème place.

38. « God Bless The Dead »
« Rest in peace to my mothafuckka Biggie Smalls ». Ou l'art de créer la confusion dès les premières secondes du morceau. Enregistré en 1994, « God Bless The Dead » prouve-t-il définitivement que 2Pac était visionnaire, au point d'annoncer la mort de son ennemi trois ans avant les faits ? Pas sur ce coup, en tout cas : le Biggie Smalls en question n'est autre qu'un homonyme, un proche du Live Squad.

37. « Brenda's Got A Baby »
Les grossesses adolescentes sont une des obsessions de 2Pac à ses débuts. Mais « Brenda's Got A Baby » n'est pas une ressassée de ses tentatives précédentes : c'est un vrai tube, réfléchi, conscient, dont le propos se veut nettement moins séduisant que le refrain de Roniece Livias et Dave Hollister. On parle quand même d'une fille de douze ans jetant son nouveau-né dans une benne à ordure après être tombée involontairement enceinte de son cousin.

36. « If I Die 2Nite »
Personne, 2Pac en premier, n'a jamais vraiment cru qu'il ferait de vieux os dans ce bas monde. Parce qu'il a toujours vécu à la marge. Parce qu'il a toujours avancé selon des règles éditées par lui seul, comme un grand enfant turbulent qui aurait renoncé à la normalité. Parce que ce titre illustre peut-être mieux qu'un aucun autre le fait qu'il savait la faucheuse roder autour de lui.

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35. « Shorty Wanna Be A Thug »
Pour ce mélange de trompette et de synthés G-funk, tout simplement.

34. « No More Pain »
Parce qu'on sait très bien que ce beat, coproduit par un Timbaland non crédité, est ce qui existait de mieux pour faire des pompes en 1996.

33. « Against All Odds »
Parce que 2Pac est du genre à entendre un morceau à la radio, à arriver au studio en demandant à son producteur de lui sampler le morceau en question en moins d'une heure et à pondre une tuerie qui vient conclure The Don Killuminati (The 7 Day Theory).

32. « Ratha Be Ya Nigga »
Parce que si All Eyez On Me est une immense usine à tubes, ce « Ratha Be Ya Nigga » ne fait pas exception : l'écouter une fois, c'est l'assurance de passer plusieurs années avec.

31. « Me Against The World »
Ceux qui ont vu Bad Boys (et on espère que vous êtes nombreux) se souviennent forcément de ce lever de soleil avec « Me Against The World » en fond sonore. Pour les autres, rappelez-vous seulement qu'en quatre minutes et quarante secondes, 2Pac défini ce qui s'apprête à caractériser le hip-hop jusqu'à la fin des 90's : un beat G-funk, une efficacité pop et des chœurs féminins.

30. « Troublesome 96 »
Parce que sur une face B, 2Pac prouve au monde entier que la pop n'a pas le monopole des « la la la » dans le refrain.

29. « Until The End Of Time »
Parce que si 2pac disait, dans une interview à Vibe, ne pas avoir d'amis et avoir « perdu le facteur confiance », ce titre n'en reste pas moins une preuve de l'homme qu'il était : « Comment ça se fait qu'à travers la misère qui règne et les temps difficiles/Un vrai pote ait peur de me demander de l'argent ?/Tu peux venir vers moi quand tu as besoin/Je ne partirais jamais/Honnêtement, je suis quelqu'un de confiance/Tu peux le voir/C'est rien pour un vrai pote/Que veux-tu que je fasse ?/Les vrais amis t'aident à t'en sortir/Et ils feraient de même s'ils le pouvaient/Car dans le quartier tes potes te font te sentir bien. »

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28. « I Wonder If Heaven Got A Ghetto »
On a fait l'effort d'aller interviewer DMaq, un des producteurs de Strictly 4 My N.I.G.G.A.Z., alors on lui laisse la parole : « 'I Wonder If Heaven Got A Ghetto' est probablement ma chanson préférée. Parce qu'il y a une vraie histoire derrière. Déjà, il y a ces paroles que Tupac a écrit dans mon studio en 1992-1993 et où il se demande, comme dit dans le titre, si les Noirs vont au ciel une fois morts et s'ils vont dans un ghetto. Ça peut paraître bête comme questionnement, mais il a côtoyé régulièrement la mort. Ce titre est également très spécial parce qu'il figure sur le premier album posthume publié quelques mois après sa disparition, R U Still Down ? (Remember Me). »

27. « Keep Ya Head Up »
Parce qu'on préférera éternellement cette expression au fameux « garde la pêche » de qui vous savez.

26. « Picture Me Rollin' »
Enregistré sous les yeux de sa mère, « Picture Me Rollin' » est l'un des nombreux morceaux produits aux côtés de Johnny J lors des onze derniers mois de sa vie.  C'est aussi l'instant où 2Pac, voyant le bonheur de son producteur auprès de sa femme et ses gosses, lui aurait confié : « Mec, je veux être comme ça. Je veux ressentir cette fibre familiale, je veux cette femme et ces enfants. Un jour, ça m'arrivera. » Bon, ça n'a rien à voir avec l'histoire narrée dans le morceau, mais c'est toujours bon à savoir.

25. « All About U »
Parce que, même si 2Pac aime bien tuer le temps avec quelques groupies entre deux sessions, il reste avant tout un homme. Autrement dit, il a besoin de chair fraîche et commence à en avoir marre de croiser toujours les mêmes bitches. D'où All About You. D'où ce ton léger. D'où ce refrain, assuré par Nate Dogg : « Dans toutes les villes où l'on va/Et dans toutes les vidéos/Peu importe où je vais/Je vois la même garce. »

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24. « Toss It Up »
Parce que reprendre le beat des Blackstreet sur « No Diggity » pour faire chier Dr. Dre et en faire un tube bien plus ghetto, c'était déjà génial. Mais réussir à imposer sa version comme un classique instantané, c'est encore plus grandiose.

23. « Temptations »
Parce que réussir à sampler « Computer Love » de Zapp en sonnant laid-back, en évitant de copier la multitude d'artistes ayant eu la même idée ou en rappant l'amour comme un Bobby Womack excité, ça mérite bien une 23ème position.

22. « How Long They Will Mourn Me ? »
Dédié à Big Kato, un gang member qu'un des gars de Thug Life (Big Syke) connaissait, ce titre, produit par un Warren G au bord de la banqueroute, qui conseille alors à Pac la présence de Nate Dogg au refrain, est sans aucun doute l'un des titres les plus morbides du rappeur californien. Une preuve ? Elle tient en trois phrases : « On aurait dû me tirer dessus à ma naissance/Maintenant je suis bloqué dans cette putain de tempête/Combien de temps pleureront-ils ma mort ? »

21. « Skandalouz »
Parce qu'avoir Daz Dillinger à la production et Nate Dogg au refrain, c'est assurément le meilleur moyen d'avoir un tube g-funk sur son album sans avoir fait appel à Dr. Dre au préalable.

20. « I Ain't Mad At Cha »
2Pac est un homme malin : il sait que la noirceur vaincra d'une manière ou d'une autre. Pour le clip de « I Ain't Mad At Cha », il met ainsi en scène sa mort, devance tous ceux qui souhaiteraient l'envoyer entre quatre planches et s'en va entamer un bœuf au paradis avec Jimi Hendrix, Miles Davis et d'autres grandes figures de la Great Black Music. Ce qu'il est amplement, on est d'accord.

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19. « Got My Mind Made Up »
Parce que de la pléthore d'invités présents sur All Eyez On Me, Redman et Method Man sont peut-être, avec l'acolyte Snoop Dogg, ceux dont la contribution est la plus intéressante. Viré du mixage final, Inspectah Deck peut faire la gueule.

18. « Changes »
Disons-le franchement : sur le papier, ce titre a tout d'une escroquerie. Un couplet piqué à « I Wonder If Heaven Got A Ghetto », une publication posthume et un sample – celui de « The Way It Is » de Bruce Hornsby - surtout destiné à faire gonfler les ventes du Greatest Hits publié en 1998. Mais la musique a ceci de magique : elle transcende tous les a priori. Conséquence : « Changes » est bel et bien l'un des singles emblématiques de 2Pac, celui qui permet aux lectrices de Elle de statuer : « I <3 rap ».

17. « To Live & Die In L.A. »
Parce qu'il n'a jamais fait aussi bon vivre dans la Cité des Anges que quand 2Pac en a composé la bande-son. En glissant un petit tacle à Dr. Dre, taxé quand même de « pédé », au passage.

16. « Tradin War Stories »
Parce que quand 2Pac entame le refrain après quelques secondes d'introduction (« We tradin war stories/We Outlawz on the rise/Jealous niggas I despise, look in my eyes »), plus rien ne semble compter, pas vrai ?

15. « How Do U Want It »
À défaut d'être toujours du meilleur goût, les chansons de cul dans le rap ont au moins le mérite de détendre l'atmosphère. À ce petit jeu, « How Do U Want It » est un archétype : ici, dégrader verbalement les filles devient un exercice de style qui donne lieu à d'étonnantes phases et à un clip mythique, diffusé en exclusivité sur Playboy Channel et tourné aux côtés des actrices porno Heather Hunter et Nina Hartley.

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14. « Holler If Ya Hear Me »
« On y va, monte le son/C'est parti !/De quartiers en quartiers/On fait peur et on vole/Et cette putain de Police ne me fait pas peur/Peut-être qu'un jour on aura la paix/Mais pour l'instant mon esprit se prépare/Je mate le canon de mon flingue : lève-toi ! ». À la seule écoute de cette déclaration d'intention qui ouvre Strictly 4 My N.I.G.G.A.Z., on peut légitimement se demander si 2Pac, en 1993, n'avait pas déjà tout compris au fonctionnement d'un album : qui doit donc nécessairement s'ouvrir sur un titre dynamique, rageur, nerveux et bavard.

13. « 2 Of Amerikaz Most Wanted » feat. Snoop Dogg
Habitué à tout enregistrer en une prise, 2Pac accepte mal que son acolyte ne soit pas prêt le jour J. Habituellement, 2Pac l'aurait zappé et aurait enregistré le reste du morceau lui-même. Mais là, il s'agit de Snoop Dogg. Alors 2Pac fait une concession. Et puis, comme il le dit, il s'agit d'un titre qui « va devenir l'hymne du rap sur la côte Ouest. Il va révolutionner la scène musicale. » Alors, il peut bien attendre quelques heures, finalement.

12. « Blasphemy »
Chez de nombreux artistes, le triomphe pousse au confort, à la recette. Chez 2Pac, il permet surtout d'acheter la liberté de créer et produire un rap de plus en plus morbide et spirituel. Paraîtrait même que « Blasphemy » ait été enregistré alors que des dizaines de bougies brûlaient dans le studio, c'est dire l'ambiance…

11. « Me And My Girlfriend »
Parce que le flow de Pac et les interludes énervés de Virginya Slim vaudront toujours bien plus qu'une seule des phases de la version édulcorée de Jay-Z et Beyoncé.

10. « Ambitionz Az A Ridah »
En 1996, Mike Tyson est déjà entré dans l'histoire de la boxe. Mais plutôt que de jouer le mec blasé, l'Américain se réinvente et change sa façon d'appréhender chaque combat. 2Pac lui a certes écrit un morceau (« Road To Glory » ou « Road 2 Glory », c'est selon), mais c'est bien « Ambitionz Az A Ridah » qu'il se passe en boucle avant de monter sur le ring. Impact maximum.

9. « All Eyez On Me »
En pleine guerre East Coast/West Coast, c'est quand même marrant de se dire que Tupac a basé la chanson-titre de son quatrième album solo sur une instru purement new-yorkaise, non ?

8. « I Get Around »
Parce que Shock G a eu l'intelligence de ne pas utiliser ce morceau sur un album du Digital Underground. Parce qu'en quatre minutes et vingt-deux secondes, 2Pac prouvait au monde entier que hip-hop = bitchs aux formes arrondies + tatouage fièrement affiché + bain avec cigare dans la bouche. Prends ça, la morale américaine.

7. « California Love »
« Quand j'étais dans cette cellule à New York, la seule chose à laquelle je pensais était combien j'aime la Californie. Sunset Boulevard, Crenshaw, Long Beach, la 101e, la 110e et tout ça. Je ne pensais qu'à ça : j'avais un pote qui me passait des photos de la Californie, des rues, etc. Avec 'California Love', je veux redonner à la Californie sa place sur la carte car la côte Est ne fait que gueuler 'New York New York' et dédaigne la côte Ouest. Donc je veux revaloriser la côte Ouest et montrer qu'ici on aime le hip-hop » Entre cette collaboration avec Dre, ce sample de « Woman To Woman » de Joe Cocker et ce clip chiffré à 600 000 dollars et réalisé en hommage à Mad Max 3, la mission est totalement réussie.

6. « Hit 'Em Up »
Quand il débarque dans un New York converti à l'automne en novembre 1994, Tupac est dans la merde. Il est accusé de viol sur Ayanna Jackson et, le 30, la veille de sa délibération, se prend cinq balles dans le buffet en allant enregistrer un feat avec Little Shawn au Quad Recording Studios. Dans le même immeuble, à Manhattan, Biggie et Puff Daddy, ceux-là même que Pac accuse d'être à l'origine de l'embuscade et qu'il prend un malin plaisir à viser dans Hit 'Em Up. Certainement le plus célèbre diss track de l'histoire du hip-hop.

5. « Dear Mama »
Tout au long de sa carrière, 2Pac n'a jamais caché l'amour invraisemblable voué à sa mère, pas plus qu'il n'a cherché à le dissimuler à ses homies. Quelque part, le rappeur a toujours été un fils à maman. Alors, forcément, il fallait qu'il finisse par lui rendre hommage, il fallait qu'il soit le premier MC à rapper son amour pour la femme de sa vie et cette relation qui, à l'entendre, a beaucoup évolué, passant d'une relation mère et fils à une relation « sergent instructeur et élève officier, puis dictateur et petit pays. » Bref, c'est touchant, c'est presque mielleux quand Afeni s'immisce dans le clip et feuillète des photos de famille, mais il faut bien s'y plier : « Dear Mama » est un classique, instantané et émouvant.

4. « Life Goes On »
Johnny J l'affirme : à l'écoute de « Life Goes On », « des mecs hardcore, issus de la rue, sortaient du studio en pleurant. » Un tube à faire chialer les thugs.

3. « Hail Mary »
Parce qu'à une époque où il écrit entre trois et cinq chansons par jour, Tupac parvient encore à dévoiler ses talents dans un titre plein de profondeur et de mélancolie. En France, ça a donné naissance à « Le son de la hagra » de Rohff et Expression Direkt. C'est plus violent, ça « fuck ceux qui sucent », mais, « que vous soyez là ou pas là », c'est toujours « le ha la la la la la la ».

2. « So Many Tears »
Parce qu'il y a quelque chose de beau dans cette façon d'être rattaché involontairement au gangsta rap, mais de chercher à perpétuellement s'en détacher avec des propos aussi funèbres que poétiques : « Et j'envoie chier le monde parce que je suis maudit ; j'ai des visions/De partir d'ici dans un corbillard, Dieu est-ce que tu me sens ? / Emmène-moi loin de toute cette pression, et de toute cette douleur/Montre-moi du bonheur à nouveau, je deviens aveugle. » Et puis ce refrain à l'harmonica, putain !

1. « Pour Out A Little Liquor »
Parce que si certains morceaux marquent leur époque, celui-ci a fait bien plus. Il a magnifié une scène de l'inégal Above The Rim, participé à l'émergence de la Thug Life et à la popularisation du collectif du même nom. Surtout, il fait référence à cette tradition qu'ont les gangsters de verser un peu d'alcool au sol à la mort d'un des leurs. Geste qu'exécuteront d'ailleurs les centaines de fans postés au pied de l'University Medical Center de Las Vegas le 13 septembre 1996, à l'annonce du décès de 2Pac.