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Gaming

Wow, la NRA est contre les jeux vidéo

La NRA – les types qui protègent tout ce qui touche de près ou de loin aux armes à feu – est descendue de sa chaire de moralité et de « liberté à l'américaine » pour enfin révéler la vérité au grand public : faire reconnaître aux gens que les vrais...

Le nouveau jeu vidéo de la NRA

Les armes ne sont pas responsables des fusillades auxquelles on vient d'assister aux États-Unis. Tout le monde le sait. En revanche, personne ne sait sur qui ou sur quoi remettre la faute. Heureusement, la NRA – les types qui protègent tout ce qui touche de près ou de loin aux armes à feu – est descendue de sa chaire de moralité et de « liberté à l'américaine » pour enfin révéler la vérité au grand public : faire reconnaître aux gens que les vrais responsables des derniers shootings de masse seraient les jeux vidéo. Bien joué, la NRA.

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Lors d'une conférence de presse tenue au mois de décembre, Wayne LaPierre, le vice-président de la NRA, a fait feu de tout bois pour expliquer que « les armes ne [tuaient] personne », mais qu'en revanche, « les jeux vidéo, les médias et la politique budgétaire d'Obama, elles, tuaient des gens pour de vrai ». Le truc hilarant, c'était d'écouter tout ce qui se racontait dans la salle au moment du discours. Mais ce qui rendait le truc encore plus drôle (et très triste, aussi), c'était de se rappeler que la NRA venait juste de sortir une application iPad et iPhone et que cette celle-ci était : un jeu de tir.

Par ailleurs, malgré tout ce que racontent les groupes de pression anti-armes et les hommes politiques à propos de l'association, il s'avère que le jeu en question n'est absolument pas violent. Pour être franc, il est même complètement chiant. Pour couronner le tout, lors de la conférence, le comité exécutif de la NRA a su montrer combien ils étaient incapables de passer pour des gens sérieux ; ils ont tenté d'enfumer tout le monde avec des arguments bidons pendant trois heures. Et puis, je me suis rappelé qu'ils avaient quand même réussi à publier un jeu de tir, alors qu'une semaine avant, ils avaient défoncé les jeux vidéo en conférence de presse… Sans doute la NRA s'était-elle soumise à Apple, qui avait décidé de retarder la sortie du jeu. Ces pipes.

Donner aux enfants de vraies armes chargées, c'est bien plus honnête qu'une manette de Playstation

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Ce que ce tollé médiatique ne mentionne pas, c'est que depuis la fusillade de Newton en décembre, des hommes politiques, des fans d'armes, des parents, des groupes de pression et plusieurs magnats de l'industrie du jeu se sont tous battus pour la liberté des jeux vidéo. Récemment aux États-Unis, une proposition de loi visant à taxer les jeux réservés aux « adolescents », aux « majeurs » et aux « adultes avertis » a vu le jour. Les fonds récoltés auraient pour but de subventionner des programmes de santé mentale. Mais cette taxe fourre-tout impliquera donc que des jeux non-violents seront également touchés. Cette taxe va donc toucher tous les jeux vidéo. En gros, tous les jeux qui sont intéressants et qui ne sont pas Mario Kart.

Quand j'ai contacté les mecs de l'association Southington SOS (qui voulaient débarrasser leur ville de tous les jeux vidéo en les brûlant – ce qu'ils n'ont finalement pas réussi à faire), le porte-parole Dick Fortunato m'a donné des arguments du style « les jeux vidéo violents provoquent la colère, l'agressivité, l'ultra-compétition et la perte des sens. Je ne pense pas que ce soit bon pour la société. »

Je crois que tout le monde tombera d'accord avec Dick – la colère et l'agressivité ne sont généralement pas des trucs cool pour une société. Mais pas plus que les 7 millions de dollars qu'Obama s'apprête à dépenser pour une étude sociologique sur les jeux vidéo. Il n'y a donc aucune raison d'encourager ce que font des types comme Dick, pas plus que les théories de Wayne LaPierre.

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Grand Theft Auto, un jeu qu'aiment bien les tueurs en série.

J'ai eu l'occasion de discuter avec Rob Crossley, un collaborateur de CVG, site dédié aux jeux vidéo. Il m'a expliqué ce qui posait vraiment problème avec les jeux et la violence – un malentendu intergénérationnel.

« Aujourd'hui, les jeux vidéo représentent un business énorme. Cependant, il existe aussi une génération qui ne les comprend pas toujours », m'a-t-il expliqué. « Les gens d'une cinquantaine d'années et de la génération précédente portent un regard très singulier sur les jeux – ils pensent que ceux-ci sont réservés aux enfants. En gros, ils font un tas d'amalgames à propos des jeux. Si tu regardes un film interdit aux moins de 16 ans, ceux de Tarantino par exemple, tout le monde reconnaît qu'ils sont très violents. Mais tu observeras que personne ne se plaint car tout le monde s'accorde sur le fait qu'il s'agit d'un truc que seuls les adultes consomment. »

Rob reconnaît que cette confusion est provoquée par l'ignorance de certains et par l'obsession des médias de toujours trouver des boucs émissaires. Les histoires du style « les jeux vidéo tuent vos enfants » sont responsables de la sale réputation que se traînent les jeux vidéo. Historiquement, l'industrie du jeu a toujours connu des moments difficiles – surtout après ce type de fusillades. Mais le goût prononcé du Daily Mail pour tout ce qui consiste à créer de toutes pièces de nouvelles peurs pour les baby-boomers n'arrange pas les choses. Ce genre de médias a souvent tendance à rappeler aux mères que, si leurs enfants continuent à jouer à Super Mario Land, leur destin sera scellé : ils finiront assassins ou violeurs de chouettes.

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« Y a-t-il une meilleure façon de vendre son journal que celle de prendre ce genre de points de vue et de le vendre à un lectorat de trouillards ? », souligne Rob. « Leur contenu éditorial est ciblé pour une certaine population ; ceux qui font partie d'une génération qui ne jouent pas aux jeux vidéo. Et les rédacteurs en chef en font partie. La plupart des éditorialistes nationaux n'ont même pas la moindre idée de ce qu'est Tomb Raider. »

En définitive, les gens font tout pour trouver le responsable aussi vite que possible ; ils peuvent se servir des familles de victimes, d'hommes politiques ou simplement d'indignés belliqueux, moralisateurs et chiants. Le problème, c'est que les motifs de ces fusillades ne sont pas d'emblée compréhensibles – elles proviennent souvent d'un mélange d'ingrédients sociétaux difficiles à interpréter. Sans parler de la pression des lobbys hostiles à toute forme de changement.

« Il est difficile de croire qu'un gamin puisse se pointer dans une école pour buter tout le monde, uniquement parce qu'il a des problèmes que personne n'a pu déterminer auparavant », m'a dit Rob. « Donc, quand un directeur de rédaction prend plaisir à expliquer que ce sont les jeux vidéo (auxquels il n'a jamais joué de sa vie) qui sont responsables, il le tourne d'une façon bien particulière : il dit que ce gamin est un terroriste en puissance à cause des jeux vidéo. Ça devient tout de suite plus impressionnant parce que les gens seront incapables d'apporter une réponse à ce type de sujet. »

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