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Des centaines de vieux chimpanzés américains dédiés à la recherche vont prendre leur retraite

Je n’aime pas généraliser, mais les primates ont la vie dure en Amérique. Bien sûr, on trouve des nantis comme Koko et Bubbles le chimpanzé, mais dans l’ensemble, les États-Unis sont un énorme Bergen-Belsen pour nos plus vieux ancêtres.

Photos : Tanja M. Laden

Je n’aime pas généraliser, mais les primates ont la vie dure en Amérique. Bien sûr, on trouve des nantis comme Koko et Bubbles le chimpanzé, mais dans l’ensemble, les États-Unis sont un énorme Bergen-Belsen pour nos plus vieux ancêtres. Certains se voient forcés d’apprendre des tours de passe-passe pour accompagner des artistes de rue ou de porter des fringues débiles pour tourner dans des pubs, d’autres sont coincés dans des cages pour que des familles à la peau blafarde puissent les contempler d’un air idiot, mais les moins chanceux sont sûrement ceux que le Gouvernement utilise pour la recherche.

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Les chimpanzés partagent environ 96 % de notre ADN. Il n’est donc pas surprenant que le Gouvernement ait un faible pour ce primate quand il s’agit de trouver des cobayes pour la recherche médicale. Récemment, l’Institut américain de la santé (NIH) a publié un communiqué affirmant que l’Institut « a l’intention de réduire substantiellement l’utilisation de chimpanzés dans la recherche biomédicale financée par le NIH », en mettant 310 de leurs chimpanzés à la retraite. Vous vous demandez peut-être à quoi ressemble une maison de retraite pour chimpanzés : beaucoup de ces grands singes iront à Chimp Haven, un refuge pour animaux situé à une trentaine de kilomètres de Shreveport, en Louisiane.

Au risque de passer pour un porte-parole de la SPA, permettez-moi de vous raconter comment Chimp Haven est né.

Comme je l’ai dit plus tôt, les États-Unis aiment utiliser des chimpanzés pour tester tout un tas de merdes. Mais vu qu’ils sont menacés d’extinction, le Gouvernement s’est vu forcé de les faire se reproduire en captivité au début des années 1980, afin de produire plus de cobayes pour étudier des virus tels que l’hépatite et le VIH.

Dans les années 1990, des avancées technologiques dans le champ biomédical ont donné lieu à de nouveaux protocoles de recherche ne nécessitant pas de chimpanzés. Le Gouvernement américain s’est retrouvé avec tout un tas de chimpanzés malades sur le dos. En 1995, pour aider les chimpanzés à faire la transition entre la médecine expérimentale et la retraite, une ligue de primatologues a fondé Chimp Haven.

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Puis, en 2000, dans ce qui peut être vu comme une tentative pour sauver les meubles, le NIH a convaincu le président Bill Clinton de signer le CHIMP Act, qui a permis de mettre en place le Système national des refuges pour chimpanzés. Le Gouvernement a partiellement financé Chimp Haven, qui a rapidement pris la direction du Système national des refuges pour chimpanzés.

En 2003, la construction de Chimp Haven a commencé en Louisiane, sur les 100 hectares du parc naturel Eddie D. Jones de Keithville. Fin 2007, le Congrès a fait passer le Chimp Haven is Home Act, qui empêche les chimpanzés mis à la retraite par le Gouvernement de retourner aux laboratoires. Aujourd’hui, Chimp Haven est le seul endroit aux États-Unis capable de prendre soin des chimpanzés touchés par des maladies infectieuses, soit la plupart des chimpanzés utilisés pour la recherche.

Les chimpanzés sont des animaux sociaux, alors à Chimp Haven, aucun ne vit seul. Chaque primate est assigné à un groupe social qui comporte entre cinq et quinze autres retraités. Si l’un d’eux a une maladie infectieuse, il vit avec d’autres chimpanzés qui ont la même maladie. Chimp Haven tient évidemment compte de la provenance des animaux. Les singes provenant du même endroit sont placés dans le même groupe.

Le processus d’intégration est réalisé lentement et méthodiquement pour respecter des facteurs tels que la dynamique d’âge et la hiérarchie sociale qui implique des mâles et des femelles dominants.

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« Au début, ils s’exhibent et crient beaucoup, m’a raconté Jennifer Whitaker, ancienne sous-directrice de Chimp Haven. Mais le plus souvent, ils se calment s’il y a des femelles ou de la nourriture. »

Les chimpanzés communiquent à la fois par la gestuelle et la voix, mais la plupart ne retiennent pas ce qu’ils ont appris avant d’arriver à Keithville. À part l’une des femelles chimpanzés qui utilise encore le langage des signes pour dire qu’elle est belle, les autres résidents retrouvent, en règle générale, leur comportement naturel après peu de temps passé au Haven.

Cette tendance à oublier les choses est sans doute favorisée par le fait que Chimp Haven interdit le contact entre les humains et les chimpanzés. Cela ne concerne bien évidemment pas l’équipe de soigneurs et de vétérinaires, qui doivent parfois s’approcher des animaux pour leur apporter des soins. (Un chimpanzé diabétique, qui a régulièrement besoin d’injections, a appris à tendre son bras avant chaque piqûre.)

Même si Chimp Haven est un refuge national pour chimpanzés, l’endroit a le statut d’organisation à but non lucratif qui dépend largement de dons pour financer la retraite de ses chimpanzés. Le présentateur du Juste Prix américain, Bob Barker (aussi connu pour avoir frappé Adam Sandler au visage), a fait don de 230 000 $ pour aider à sauver cinq chimpanzés mâles basés au Texas et qui répondent aux doux noms de JoJo, Doc, Murphy, Flick et Pierre B.

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Suite à la récente annonce du Gouvernement sur la mise à la retraite de 310 chimpanzés, la présidente de Chimp Haven, Cathy Willis Spraetz, m’a appris que le refuge avait déjà fait venir 50 de ces chimpanzés retraités, et projetait d’en reloger encore 60 dans les prochains mois. « L’idée, c’est de remplir entièrement Chimp Haven, dit Spraetz, et peut-être ensuite de collaborer avec d’autres refuges pour offrir un lieu de vie aux chimpanzés que Chimp Haven ne peut pas accueillir. »

Mais les chimpanzés coûtent cher. Selon Spraetz, ils ont besoin de récolter 5 millions de dollars pour couvrir le coût des soins et celui de la construction d’une extension rendue nécessaire par l’arrivée de tant d’animaux. À l’heure actuelle, Chimp Haven a récolté environ 2,8 millions de dollars.

« Ils resteront dans les centres de recherche jusqu’à ce qu’on ait assez de place pour eux, m’a indiqué Spraetz à propos des futurs pensionnaires. Ils seront à la retraite là-bas seulement temporairement. Même s’ils se trouvent dans un labo de recherche, ils ne seront plus utilisés comme cobayes pour la recherche biomédicale effractive. »

Quand j’ai demandé à Spraetz si les 50 chimpanzés toujours présents au NIH seraient encore concernés par la recherche effractive, elle m’a répondu : « Je ne crois pas qu’un accord ait été passé à ce sujet pour le moment, mais [le NIH veut] conserver cette option. On souhaite qu’avec le temps, ces 50 chimpanzés prennent aussi leur retraite, dit Spraetz. Il y a eu tellement d’avancées scientifiques qu’on n’a plus besoin d’utiliser des chimpanzés. On peut trouver des remèdes contre les maladies qui frappent les hommes par d'autres biais. »

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Si votre portefeuille est plein à craquer, Chimp Haven accepte volontiers les dons. Vous pouvez aussi parrainer un chimpanzé ou donner des objets pour la liste de vœuxde Chimp Haven, qui inclut de la gélatine sans sucre, des jouets pour chiens, des pinceaux, des tambourins, de la litière pour chats, des tuyaux d’incendie, des masques d’Halloween ou des lampes à lave, entre autres.

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