FYI.

This story is over 5 years old.

Interviews

Un entretien sérieux avec un nazi d'aujourd'hui

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur un national-socialiste convaincu sans jamais oser lui demander.

Cet article a été originellement publié sur VICE Espagne.

Miguel m'assure qu'il est un type comme les autres. « Si tu me croisais dans la rue, tu ne pourrais pas te douter de quoi que ce soit. » Pourtant, dès l'âge de 16 ans, Miguel adhérait à l'Alliance Nationale, une formation espagnole ouvertement néonazie. Il prétend qu'à Madrid tout le monde le connaît. « Même si je ne sors pas très souvent, les gens savent qui je suis », affirme-t-il. Il est très actif sur les réseaux sociaux, ce qui contribue à sa popularité. Malgré cela, il préfère rester anonyme afin d'éviter de possibles représailles.

Publicité

Aujourd'hui, il est âgé de vingt ans. Il étudie dans une fac de droit et est fier de ses convictions. Il m'affirme avoir les idées claires et avoir renoncé à faire partie d'un parti politique – en lieu et place de l'Alliance Nationale, il s'est engagé en sein du Hogar Social de Madrid, une association locale qui lutte contre l'immigration. Lors de notre entretien, il a ouvertement assumé son appartenance au national-socialisme.

VICE : Bonjour Miguel. En tant que national-socialiste, que pensez-vous d'Hitler ? Était-il fou ?
Miguel : Absolument pas. Je ne veux pas m'appesantir là-dessus et ne désire pas donner de leçon d'histoire à qui que ce soit. Je défends simplement ce qu'il a fait de raisonnable. Je partage certaines de ses convictions. Ça ne me dérange pas de le dire.

Là, vous allez forcément me répondre que je suis un extrémiste de droite. C'est ça votre problème. Vous cataloguez les gens et prétendez savoir qui ils sont vraiment. Il m'arrive d'être totalement d'accord avec Paglo Iglesias [leader de Podemos], même si je m'oppose fermement à ses propositions en matière de politiques sociales et migratoires.

Que seriez-vous prêt à faire pour vos idées ?
À mourir. Si la situation l'exige, je suis prêt à me défendre jusqu'au bout. Je ne parle pas d'un « pays » de manière abstraite vous savez : mon pays, ça implique ma famille, mes frères, mes amis. Si votre famille était en danger, j'imagine que vous feriez tout pour l'aider, non ?

Publicité

Après, tuer pour son pays ne vous transforme absolument pas en héros. C'est pour cela que je m'oppose à la logique de l'État islamique.

Vous définissez-vous comme raciste ?
Non. Si l'on prend votre définition du racisme, alors non. Je ne suis pas membre d'une quelconque race aryenne et je ne méprise personne. Je ne me considère pas comme supérieur non plus. Je défends simplement ma race, ma culture. Je crois que tout le monde devrait en faire de même. Il n'y a pas de race supérieure, seulement des races différentes.

Aujourd'hui, lorsque vous venez en aide aux gens qui souffrent, qui sont au chômage ou qui ont faim, on vous regarde comme si vous étiez une bête de foire.

Comment en êtes-vous venu à adhérer à un parti d'extrême droite ?
En fait, ça n'arrive pas du jour au lendemain. Je n'ai pas subi un lavage de cerveau. C'est le fruit de la vie quotidienne. J'ai observé ce qui se produisait autour de moi, ce que ma famille vivait, ce que mon pays traversait comme difficultés économiques et sociales, ce que faisait mon gouvernement, etc. Le fait que mes idées dérangent m'a conduit à les affirmer avec encore plus de force.

Qu'est-ce qui vous a poussé à militer au sein du Hogar Social de Madrid ?
Je préfère passer ma soirée du vendredi à distribuer des aliments dans un quartier populaire et à discuter avec une vieille dame qui va être expulsée plutôt qu'à me bourrer la gueule dans un parc à l'image de ce que font beaucoup de gens en Espagne. J'ai envie de me battre pour mon peuple. Je suis fier de ne pas me comporter comme les autres – de ne pas suivre ce que l'on me dit de faire.

Publicité

Aujourd'hui, lorsque vous venez en aide aux gens qui souffrent, qui sont au chômage ou qui ont faim, on vous regarde comme si vous étiez une bête de foire. À cause des médias, les gens pensent qu'on passe notre temps à mettre des droites aux étrangers, ce qui est complètement faux.

Quel regard portez-vous sur les étrangers qui ont pris le chemin de l'Espagne à la recherche d'une vie meilleure ?
Si on jette un coup d'œil à l'Histoire, on remarque que l'immigration a toujours existé. Les gens ont toujours quitté leur pays à cause de la famine, des guerres, etc. L'Espagne peut accueillir les gens dans le besoin. Ce qui est inacceptable, c'est l'anarchie. En tant que réfugié, vous devez obéir à certaines règles.

Je connais des gens qui viennent d'Amérique du Sud et qui ont débarqué ici pour gagner leur vie, fonder une famille – ils ne posent aucun problème. Malheureusement, certains quartiers ont été entièrement colonisés par des populations étrangères. C'est le cas en Espagne et dans de nombreux autres pays européens.

Cette absence de contrôle modifie le nombre de naissances, le taux de chômage – tout. Je suis d'accord pour qu'ils viennent en Espagne, mais seulement s'ils possèdent un contrat de travail avec une date de fin. La situation des immigrés est déjà très avantageuse en Espagne, avec de nombreuses aides pas vraiment nécessaires. On a donné la priorité à des gens qui viennent tout juste d'arriver au détriment d'individus qui vivent ici depuis leur naissance. Je crois fermement en la préférence nationale – ça devrait être la règle dans tous les pays, d'ailleurs.

Publicité

Vous arrive-t-il de vous mettre à la place de ces réfugiés ?
Si je venais d'un pays comme la Syrie, je ferais tout pour gagner ma vie dans mon pays d'accueil. Je ne me contenterais pas du chômage et des aides sociales. Je n'exigerais rien, car je comprendrais tout à fait que l'on privilégie les natifs plutôt que les étrangers.

J'ai bossé dans de nombreux quartiers multiculturels et j'ai discuté avec de nombreux étrangers qui m'ont dit qu'ils me comprenaient parfaitement. Ils ne savent pas pourquoi nous inspirons une telle haine.

Si un Espagnol tombe sur l'un de ses compatriotes dans le besoin, il se doit de l'aider.

C'est quoi, pour vous, un « bon Espagnol » ?
Je ne m'intéresse pas à cette notion. Il s'agit simplement de respecter et d'apprécier ce que nos ancêtres nous ont confié, et de rendre tout cela en étudiant, en travaillant. Ce pays nous a tout donné.

Si un Espagnol tombe sur l'un de ses compatriotes dans le besoin, il se doit de l'aider – quitte à sacrifier une à deux heures par semaine. Il ne s'agit pas de militantisme mais simplement d'empathie, d'aider autrui.

Que pensez-vous des indépendantistes ?
Je ne défends pas l'indépendantisme catalan car je pense qu'il est financé par les élites financières et économiques. En revanche, je comprends que les Basques veuillent être indépendants.

Vos idées ont-elles posé problème autour de vous ?
En fait, je n'ai jamais eu honte de les défendre. Bien entendu, au cours des dernières années, certaines personnes se sont éloignées, mais je suis fier d'être encore entouré. J'imagine qu'il en va de même pour les gens qui partagent mes idées. Moi, ça ne me pose aucun problème.