PEEPSHOWRéalisateur : JX WilliamsÉditeur : Serious PublishingC’est vrai que cette tribune voit souvent passer les mêmes éditeurs : Wildside, Carlotta, Bach, Blaq Out… On n’y peut rien s’il y a si peu de boîtes capables de curiosité et d’assez de tripes pour lâcher la somme nécessaire afin d’éditer un DVD, aussi obscur soit-il. Merci à eux. À l’heure qu’il est, je suis depuis 10 minutes en train de me tortiller sur mon siège de bureau parce que je viens de découvrir un nouvel éditeur : Serious Publishing, qui en d’autres temps – récents – publiait sous un autre nom Cinérotica, un pur magazine doublé d’une encyclopédie du cinéma porno français. Non seulement ils éditent un très beau DVD mais en plus ce n’est pas n’importe lequel puisqu’il s’agit de quelques films de JX Williams, réalisateur expérimental américain des années 1960 complètement obscurci par Brakhage et Anger, qui était pourtant aussi punk que ce dernier. Aujourd’hui réfugié en Suisse de peur que la Mafia ne lui tombe dessus à cause du susnomméPeepshow, il permet à Serious Publishing de sortir ce qui est probablement LA sortie zone 2 de l’année. Rien de moins.STAN BRACOOBLIQUE #1 BEATLES VS STONESTexte : Ian SvenoniusDessins : Camille LavaudY’a pas grand chose de pire que les journalistes musicaux, la plupart sont soit incultes soit pontifiants, mais vous avez déjà matéSoft Focussur VBS ? Vous devriez, parce que notre éminent collaborateur Ian Svenonius, qui n’est pas journaliste musical au sens strict, y interviewe les musiciens les plus intéressants de la musique anglo-saxonne contemporaine, de Will Oldham à Ian McKaye en passant par Penny Rimbaud et Genesis P Orridge. Il y fait montre d’une érudition amusée, et c’est tout à fait passionnant, comme tout ce que fait Ian, qui est aussi le chanteur de Nation of Ulysses et Chain of the Gang – entre autres groupes – et l’auteur d’un recueil de textes,The Psychic Soviet(publié chez Drag City en 2006) dont paraît aujourd’hui un extrait traduit en français :Beatles vs Stones, une analyse du schisme. Il y est question des théories analytiques néo-marxistes qu’Ian applique systématiquement à l’histoire du rock, de l’intérêt de Jean-Luc Godard pour la chanson « Sympathy for the Devil », qui parlerait en fait de l’incarnation du matérialisme historique plus que du diable, et de la dualité Stones-Beatles où il apparaît que « l’opposition entre le soviétisme industriel de Lennon et McCartney et le maoïsme agraire de Mick et Keith est un reflet direct du conflit idéologique entre les cocos de l’époque. » Cette théorie, toute relative mais plutôt marrante, est ici illustrée par les jolis dessins de l’artiste bordelaise Camille Lavaud pour la première incarnation d’une série de brochures/fanzines qui s’annoncent eux aussi tout à fait passionnants. Bien plus que cette chronique pontifiante.BERNT OLDCOFFRET WAKAMATSU VOL. 2Réalisateur : Koji WakamatsuÉditeur : Blaq OutJe suis en train de me faire dessus parce que je viens de découvrir que Serious Publishing était indirectement lié à une boîte qui fait des pies et des smoothies avec habillage garage et lucha libre en vente chez Monoprix. Mais ce n’est pas la question. Parce qu’à côté de ça il se passe un autre truc important cet été, Blaq Out sort un nouveau coffret Wakamatsu. Et ouais, Blaq Out, faites pas comme si vous étiez surpris. Ils continuent donc de défricher la filmographie d’un des plus importants réalisateurs japonais contemporains, méconnu ou presque. Ces quatre nouveaux films sont plus poussés formellement que la première salve sortie fin 2009,L’Extase des angesest à ce titre un chef-d’œuvre absolu. Le mélange d’érotisme et de radicalisme politique des films de Wakamatsu reste à ce jour inégalé et moi je fume clope sur clope pour essayer de me calmer. L’été commence bien.PAULA ADBOULEDON QUICHOTTEKathy AckerÉditions Laurence VialletRécemment, je me suis rendu compte que j’étais assez macho quand il s’agissait de bouquins. J’ai jeté un coup d’œil à ma bibliothèque, et à part Gabrielle Wittkop, y’avait pas un seul écrivain femelle. J’ai eu honte. D’autant que je suis plutôt féministe, au fond – mais un féminisme à la Kathy Acker, justement, du genre à aller dessiner des bites dans les bouquins d’Andrea Dworkin. J’ai donc téléphoné à Laurence Viallet, une chouette nana qui a retraduit le Don Quichotte d’Acker, et qui a le courage de lancer, avec ce titre maudit, une nouvelle maison d’édition (qui vient prendre la suite de l’excellente collection Désordres). J’ai ensuite très attentivement lu le livre en question, une écriture parfois chaotique aux relents d’auteurs – hommes – que j’aime bien, de Sade à Lampedusa et Artaud, en passant, évidemment, par Cervantès.Don Quichottedevient ici une femme qui, suite à son avortement, part en quête de l’amour, mais n’y voyez pas là un procédé simpliste, univoque : c’est tout le contraire. Je suis contente de l’avoir lu, et je pense que je vais lire les autres œuvres de Kathy Acker, parce que cette plagiaire de génie, qui comprend le copyright comme un droit à copier, me donne envie de souffler, à chaque page : « Ah, condition féminine ! »BARBIE D’AUREVILLY
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