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Mali

La France a tué une figure du narco djihadisme au Mali

L’armée française a annoncé jeudi avoir tué Ahmed al-Tilemsi, l’un des terroristes les plus recherchés du Sahel, lors d’un raid qui a « neutralisé » une dizaine de djihadistes.
EMA / ECPAD via Ministère de la défense

L'État-major de l'armée française a affirmé jeudi avoir tué Ahmed al-Tilemsi, le chef du mouvement Al-Mourabitoune au Mali, l'un des principaux groupes djihadistes qui opèrent dans la région chaotique du Sahel, après un raid mené par l'opération militaire française Barkhane, jeudi à l'aube dans la proximité de Gao au nord-ouest du Mali. Le ministre malien de la Défense, Bah N'Daw, a déclaré dans un communiqué qu'en plus d' Ahmed al-Tilemsi, « six autres terroristes ont aussi été tués, et trois autres faits prisonniers ».

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Une source gouvernementale française, citée par l'AFP, se félicite de cette opération : « Ahmed al-Tilemsi était une cible de haute valeur. Nous le traquions depuis plusieurs jours ». Les États-Unis offraient une récompense de cinq millions d'euros à quiconque fournirait des informations conduisant à la capture de ce Malien, impliqué dans de nombreux attentats et enlèvements.

Né à la fin des années 1970, Ahmed al-Tilemsi, de son vrai nom Abderrahmane Ould el-Amer était originaire de Tilemsi, près de Gao. Il était le fondateur du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), qui avait notamment revendiqué l'enlèvement du français Gilberto Rodrigues Léal en novembre 2012, dont la mort a été annoncée en avril dernier par ses ravisseurs, mais dont le corps n'a jamais été retrouvé. Ahmed al-Tilemsi aurait aussi joué un rôle dans les enlèvements des Français Antoine de Leocour et Vincent Delory le 7 janvier 2011 à Niamey (Niger), qui avaient été retrouvés morts le lendemain au cours d'une tentative de libération.

En août 2013, le groupe Mujao a fusionné avec le mouvement djihadiste des Signataires par le sang pour former le groupe Al-Mourabitoune, « les Almoravides », du nom d'une dynastie berbère qui régnait aux XIe et XIIe siècles dans l'ouest du Sahara. Les Signataires par le sang sont dirigés par l'un des terroristes les plus recherchés de la planète, Mokhtar Belmokhtar, l'ancien chef d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). Surnommé le «cheikh borgne», Mokhtar Belmokhtar est à l'origine, avec son groupe, de la prise d'otages de l'exploitation gazière d'In Amenas en Algérie en 2013, qui avait fait 32 morts.

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Le journaliste Lemine ould Salem, spécialiste des jihadistes sahéliens, a expliqué au micro de RFI qu'Ahmed al-Tilemsi « faisait partie du conseil des notables, une sorte de « majless shura », de conseil consultatif, entre le groupe de Belmokhtar et le Mujao, mais sa fonction première était d'être le principal financier des jihadistes de Gao. »

En effet, le Mujao est impliqué dans de nombreux trafics de drogue dans la région. André Bourgeon, anthropologue et directeur de recherche au CNRS explique à VICE News que la plupart des groupes djihadistes qui opèrent dans la région sont impliqués dans un trafic de cocaïne en provenance de Colombie, et acheminée à travers le Venezuela et la Guinée : il qualifie ainsi ces groupes de « narco-djihadistes ».

L'opération qui a mené à la mort d'Ahmed al-Tilemsi a eu lieu en coordination avec les autorités maliennes, a révélé dans un communiqué le colonel Gilles Jaron, porte-parole de l'état-major des armées, qui a salué« un coup très dur » porté aux « terroristes qui agissent dans la bande sahélo-saharienne ».

André Bourgeon nuance ce constat : « Ces entités narco-djihadistes ne reposentt pas sur une personne, mais sur une structure. Quand il y a un assassinat, même si cela affaiblit le groupe dans l'immédiat, cela n'entrave pas ses activités, » explique-t-il, en faisant le parallèle avec l'assassinat d'Abou Zeid, l'un des chefs d'AQMI en 2013 lors de l'opération Serval (qui a précédé l'opération Barkhane), qui avait été rapidement remplacé au sein de l'organisation terroriste.

Depuis le lancement de l'opération militaire française Barkhane le 1er août dernier, qui a pour but de lutter contre les djihadistes qui opèrent dans cinq pays du Sahel, l'armée française a « neutralisé une cinquantaine de terroristes et plusieurs tonnes d'armement », a précisé le colonel Gilles Jaron.

Suivez Mélodie Bouchaud sur Twitter @meloboucho

Photo via EMA / ECPAD via Ministère de la défense