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Boko Haram

Les combats autour d'un bastion de Boko Haram font fuir des milliers de civils

Les combats autour de la ville de Dikwa au Nigeria, reprise à Boko Haram le week-end dernier par les forces militaires tchadiennes ont jeté sur les routes plus de 16 000 personnes qui cherchent refuge au Cameroun.
Photo: © HCR/D.Mbaiorem

Des milliers de réfugiés nigérians continuent d'arriver en grand nombre ces derniers jours au Cameroun d'après le HCR, l'agence de l'ONU pour les réfugiés. Dans un rapport publié ce mardi, le chiffre de 16000 personnes était avancé mais ce nombre serait déjà largement dépassé. La radio française RFI avance ce jeudi le nombre de 25000 personnes qui auraient traversé en quatre jours seulement la frontière entre le Nigeria et le Cameroun, zone marquée par les affrontements entre le groupe islamiste Boko Haram et les armées du Tchad, du Nigéria, du Niger et du Cameroun.

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L'afflux massif de réfugiés témoigne des violents combats qui ont marqué la prise de Dikwa. L'armée tchadienne affirme que ces combats ont fait un mort et 34 blessés dans ses rangs, et qu'ils ont coûté la vie à 117 islamistes de Boko Haram, dont la ville était considérée comme le quartier général.

Le chef des djihadistes nigérians, Abubakar Shekau, se serait d'ailleurs enfui de la ville il y a quelques jours, a affirmé le président tchadien Idriss Déby lors d'une conférence de presse mercredi à N'Djamena. Le chef d'État tchadien a lancé un ultimatum au leader de Boko Haram : « Il a intérêt à se rendre, nous savons là où il est. S'il refuse de se rendre, il va subir le même sort que ses camarades. »

Idriss Déby a assuré la victoire de son camp contre les islamistes : « Nous allons défaire Boko Haram. Nous allons détruire Boko Haram. Nous allons gagner, non pas la bataille, mais nous allons gagner la guerre totale contre Boko Haram, il n'y a pas de doute. »

Depuis 2013, les violences de Boko Haram, et à présent la guerre contre ce groupe ont poussé plus de 151 000 Nigérians à se réfugier vers les pays voisins. Plus d'un million de personnes s'est déplacé à l'intérieur même du pays.

Des réfugiées nigérianes font la queue pour collecter de l'eau au camp de Minawoa au Cameroun. Photo HCR/D. Mbaiorem.

Contactée par VICE News, Susan Din, travaille au Cameroun pour le HCR. Elle nous a expliqué que ses équipes viennent d'arriver au camp de réfugiés de Kousseri, à 90 kilomètres de la frontière avec le Nigéria.

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Pour des raisons de sécurité — Boko Haram a déjà lancé des attaques au Nord du Cameroun en traversant la frontière nigériane — la zone est difficile d'accès. Susan Din explique que le HCR est en train de compter les réfugiés qui sont arrivés. Ce qu'ils savent c'est que la plupart sont originaires de Dikwa au nord-est du Nigéria. La ville, aux mains de Boko Haram depuis plusieurs semaines, a fait l'objet d'une offensive menée le week-end dernier par l'armée tchadienne, entrée en ce début d'année dans la lutte contre les islamistes aux côtés du Nigeria, du Niger et du Cameroun.

Le HCR, qui travaille de près avec les autorités camerounaises, pour éloigner au plus vite les réfugiés des zones de conflits affirme que les camps sont en surcapacité. Susan Din a raconté à VICE News que dans un premier temps, les réfugiés sont acheminés vers le camp de transit de Kousseri, où les infrastructures sont sommaires. L'organisation compte ensuite acheminer les réfugiés dans des convois escortés par l'armée camerounaise vers le camp de Minawao, à 370 kilomètres au sud de Kousseri, qui abrite déjà 32 600 réfugiés nigérians.

Susan Din, qui espère que le premier convoi de 2 000 personnes pourra partir ce vendredi explique que le camp est en train d'être développé, avec la construction d'abris d'urgence. Le HCR précise que des produits de première nécessité, comme du savon, des couvertures et des ustensiles de cuisine seront fournis aux réfugiés.

Ces nouveaux réfugiés s'ajoutent aux près de 66 000 Nigérians déjà réfugiés au Cameroun depuis le début de la crise. Mardi, le porte-parole du HCR Adrian Edwards a déclaré à des journalistes qu'il espérait qu'un second camp soit mis en place : « Compte tenu de l'évolution rapide de la situation sécuritaire dans la région et des afflux de réfugiés encore attendus, nous envisageons avec les autorités la possibilité d'établir un second camp de réfugiés, plus loin de la région frontalière instable. » Le caractère problématique du manque d'eau dans la région de Minawao pousse le HCR à rechercher un emplacement capable d'accueillir un second camp « qui fournira des niveaux suffisants d'eau potable pour une population réfugiée à croissance rapide dans la région camerounaise de l'Extrême-Nord, » déclare Adrian Edwards.

À lire : « Je vais rester ici » : témoignage d'un habitant de Diffa qui est face à Boko Haram

Suivez Mélodie Bouchaud sur Twitter : @meloboucho

Photo : Des réfugiés nigérians au camp de Minawao dans la région de l'Extrême-Nord au Cameroun. Un regain de violences a forcé des milliers de personnes à fuir la région.