FYI.

This story is over 5 years old.

Crime

Deux étudiants tués dans une manifestation pour l'éducation au Chili

Deux hommes de 24 et 18 ans ont été tués par un habitant de 22 ans qui se serait mis en colère parce que les étudiants auraient collé des affiches de propagande sur sa maison.
Photo de Ivo Salinas/AP

Deux étudiants ont été tués ce jeudi à Valparaiso, au Chili, au cours d'incidents qui ont éclaté en marge des manifestations demandant à la présidente Michelle Bachelet de tenir sa promesse en matière de réforme de l'éducation.

Les deux jeunes hommes auraient été tués par un habitant de 22 ans, d'après Julio Pineda, le chef de la police de Valparaiso. On ne sait pas encore ce qui a provoqué l'altercation, mais des témoins rapportent que l'homme se serait énervé parce que les étudiants auraient collé des affiches de propagande sur sa maison.

Publicité

Dans une vidéo de l'altercation, on peut voir les jeunes hommes se disputer avec le tireur, alors qu'une foule de gens les regarde. Les victimes sortent ensuite du cadre, et on entend deux tirs, suivis de la surprise de la foule.

Les victimes ont été identifiées comme étant Diego Guzman, 24 ans et Exequiel Borbaran, 18 ans. Les deux étaient étudiants à l'université du Chili Santo Tomás University.

Borbaran et Guzman ont participé à la manifestation comme près de 160 000 personnes à travers le pays, une nouvelle tentative pour demander à Michelle Bachelet d'honorer la promesse qu'elle a formulé au cours de sa seconde campagne présidentielle d'établir la gratuité dans l'enseignement supérieur pour tous les étudiants chiliens.

« Nous condamnons la violence, et nous regrettons la mort de ces deux jeunes hommes, » a déclaré le ministre de l'intérieur chilien Jorge Burgos jeudi, ajoutant que le gouvernement du Chili chercherait à rendre justice aux deux étudiants.

Valentina Saavedra, présidente du gouvernement des étudiants, influent politiquement, de l'université du Chili a elle aussi exprimé ses regrets, mais elle a été prudente, pour que l'attention reste portée sur la réforme de l'enseignement.

« Personne ne pouvait prévoir cela. Personne ne s'attend jamais à ce genre de violence, » a déclaré Saavedra au cours d'une conférence de presse après les manifestations.

Mais, a-t-elle ajouté, « nous voulons que le gouvernement cesse son népotisme et qu'il entame les réformes. »

Publicité

Estudiantes asesinados en Valparaíso eran militantes de las JJCC — Víctor de Arce (@Vdearce)May 14, 2015

Les manifestations de jeudi se sont étendues à plusieurs villes au Chili et ont majoritairement été pacifiques. Malgré tout, des incidents ont mené à l'arrestation de plus de 150 personnes.

La réforme de l'éducation au Chili figurait parmi les promesses de campagne de Bachelet en 2013. Les Chiliens demandent tous les ans qu'elle soit appliquée, et considère qu'elle est en retard. Les manifestations ont généralement lieu juste avant le discours annuel de Bachelet devant le Parlement, le 21 mai.

Camila Vallejo, une ancienne militante étudiante et qui représente le parti communiste Chilien au Congrès a fait part de ses inquiétudes face à ce tournant violent. « Je ressens l'impuissance, la tristesse et du dégoût, » a-t-elle déclaré jeudi à la télévision nationale.

« La criminalisation des manifestations sociales a poussé les citoyens civils et les carabineros [la police chilienne] à accorder plus d'importance à la propriété privée et à l'ordre qu'à la vie humaine, » a-t-elle posté sur Twitter.

Les manifestants blessés ont été emmenés à l'hôpital de Valparaiso, où leur mort a été prononcée. D'après le directeur de la police nationale chilienne Gustavo Gonzalez Jure, le tireur suspecté a été arrêté, et il aurait un casier judiciaire.

Rodrigo Roman, un avocat commis d'office très en vue, a déclaré que le suspect pourrait faire face à des accusations de meurtre, qui sont punies au Chili de 15 à 20 ans de prison.

« Cet acte regrettable et tragique est la conséquence de la politique de persécution des manifestants, » a déclaré Roman à VICE News. « C'est ce qui pousse un homme dérangé à prendre la vie de deux jeunes hommes. Ce n'est pas un accident, c'est une conséquence. »

Suivez Nicolas Rios sur Twitter @NicoRios.