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Les carapaces de crabe sont le nouveau « plastique du futur »

Un groupe de chercheurs planche enfin sur un emballage biodégradable à base de crustacés.
Photo via Flickr user Cha già José

Le monde moderne est envahi par le plastique. Des neuf milliards de tonnes produites par l’humanité depuis 1950, seulement 9 % a été recyclé. Le reste s’est fondu dans le décor, naviguant sur les océans ou s’empilant à même le sol.

Tout est plastoc. De la bouteille qui contient l’exfoliant que vous appliquez sur votre visage pour éliminer les peaux mortes à la fine pellicule qui recouvre le sandwich triangle que vous bouffez à midi. Et, surprise, ce qui n’est pas bon pour l’environnement, ne l’est pas pour vous non plus. Qui fout la merde dans vos hormones ? Encore le plastique.

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Consommateurs et chercheurs ont commencé à s’intéresser à des alternatives. Des options moins polluantes que le plastique ont fait leur apparition dans certains cafés ou magasins d’alimentation ; couverts comestibles et pailles en papier ou en acier.

Des chercheurs de Georgia Tech (l’université d’Atlanta) espèrent en ajouter une autre ; un emballage écofriendly à partir de carapace de crabe. L’équipe a travaillé notamment sur un matériau résistant et souple composé de plusieurs couches de chitine, une molécule qu’on trouve notamment dans les coquilles de certains fruits de mer, et de cellulose, principal constituant de la paroi des cellules végétales.

Les travaux des chercheurs ont été publiés dans le journal scientifique ACS Sustainable Chemistry and Engineering. Selon J. Carson Meredith, un des membres de l’équipe et professeur de chimie et d’ingénierie biomédicale de Georgia Tech, le résultat est un produit remarquablement similaire au plastique dans la texture et l’apparence. Bonus : il pourrait même être plus efficace dans la conservation des aliments.

Le produit imaginé par les chercheurs est pour l’instant bien plus coûteux à produire que le plastique mais réduirait drastiquement l’empreinte écologique de l'industrie de la pêche

« On l’a comparé au PET, ou Polytéréphtalate d'éthylène, un élément que l’on trouve dans les emballages transparents des bouteilles de soda dans les distributeurs par exemple », explique Meredith à Science Daily. « Mais notre produit a montré jusqu’à 67 % de réduction en perméabilité à l’oxygène par rapport à d’autres formes de PET, ce qui veut dire qu’il pourrait en théorie conserver les aliments frais plus longtemps. »

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Les chercheurs ont travaillé quelques années sur la cellulose avant de se lancer sur la chitine – et de plancher notamment sur une association des deux pour aboutir à un emballage alimentaire.

« L’association tombait sous le sens : les nanofibres de chitine sont chargées positivement tandis que les nanocristaux de cellulose sont chargés négativement. Ils allaient pouvoir former une jolie interface ensemble », ajoute Meredith,

Et en plus de pouvoir finir au compost, l’emballage est éco-friendly pour d’autres raisons. L’industrie de la pêche produit entre 6 à 8 millions de tonnes de déchets riches en chitine chaque année. Dites vous que derrière n’importe quelle crevette épluchée et n’importe quelle huître vidée, il y a des morceaux qui retournent directement à la case départ : l’océan. Et qu’un matériau utilisant ces déchets réduirait drastiquement l’empreinte écologique de cette industrie.

Ne vous emballez pas, il va falloir être patient avant de voir votre salade lentille-saumon emballée dans une carapace de crabe. Le produit imaginé par les chercheurs est pour l’instant bien plus coûteux à produire que le plastique. Les consommateurs ne seront probablement pas super enthousiastes à l’idée de dépenser quelques billets en plus pour un truc qui va finir de toute manière à la poubelle.

En attendant, on va continuer d’apprécier les carapaces de crabe comme on les aime. C’est-à-dire toujours attaché à la bête et avec un peu de mayo.


Cet article a été préalablement publié sur MUNCHIES US