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diversité

La fonction publique est trop blanche

Les employés de la fonction publique de la province sont loin de représenter la diversité de la population québécoise.

Malgré les cibles fixées par l’État, bien peu de choses ont bougé. La fonction publique demeure blanche, alors que le visage du Québec se diversifie.

Les minorités visibles représentent 13 % de la population du Québec, une proportion en augmentation constante. Au total, il y a un million de personnes issues de minorités visibles dans la Belle Province. Pourtant, cela ne se traduit pas par une représentativité dans les services publics.

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C’est le constat sans équivoque qui émane de l’analyse effectuée par Radio-Canada : les différents ministères et organismes du Québec sont loin d’atteindre les cibles d’embauches fixées par le gouvernement. Il manquerait 25 000 employés issus de la diversité pour mieux refléter la population dans la fonction publique québécoise.

On précise que les objectifs de diversités ne sont pas les mêmes d’une région à l’autre et qu’ils sont également établis en fonction de la disponibilité de la main-d’œuvre. L’analyse porte sur les données de 700 000 employés de 400 organismes publics et ministères.

Le manque de diversité est même flagrant dans plusieurs organismes publics. Le quartier général de la Sûreté du Québec est presque entièrement blanc (99,5 %), ainsi que la SAQ (98 %) et Hydro-Québec (96 %). Les ministères provinciaux n’emploient pour leur part que 7 % de personnes de couleur; ceux-ci n’ont par contre pas d’objectifs à respecter.

Villes blanches

Malgré des objectifs proportionnels, quelques villes accusent de profonds retards comparativement aux autres.

On remarque que Repentigny et Saint-Jérôme n’ont aucunement progressé vers leur objectif entre 2013 et 2016, et que les minorités visibles à l’emploi s’y « comptent sur les doigts d’une main », indique Radio-Canada. Il leur faudrait embaucher 50 personnes de couleur pour atteindre leur objectif. Saguenay et Trois-Rivières arrivent elles aussi dernières de la compilation, avec une progression de 0 % vers les cibles.

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C’est Montréal qui arrive en tête de file avec 82 % de progrès vers l’objectif. Vient ensuite Sherbrooke (75 %), dont l'amélioration est marquée, suivie de Québec, Gatineau et Lévis (50 %).

Les entreprises privées également trop blanches

Les personnes de couleur sont également peu présentes aux conseils d’administration des 500 plus grandes entreprises canadiennes. Elles n’occupent que 4,5 % de ces sièges, d’après un rapport du cabinet de services professionnels Deloitte, publié l’automne dernier.

Le gouvernement fédéral tente de mettre en place des solutions pour corriger cet écart, avec le projet de loi C-25 qui devrait être débattu cette semaine au Sénat.

Cette loi vise spécifiquement à remédier au manque de diversité dans les conseils d’administration des sociétés cotées en Bourse, et aurait pour effet d’exiger plus de transparence des compagnies. Celles-ci devraient indiquer combien de femmes et de personnes appartenant à une minorité visible elles emploient, tout en rendant publiques leurs politiques de diversité.

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D’après CTV News, un groupe de six sénateurs souhaite d’ailleurs que le gouvernement aille plus loin en chiffrant des objectifs d’embauche pour chaque groupe de personnes : femmes, personnes de couleur, autochtones et personnes handicapées. Il s’agirait d’objectifs non contraignants, tenant compte des particularités de chaque industrie.

« Sans cibles, il est possible qu’il n’y ait aucune amélioration », a observé la sénatrice Ratna Omidvar, en entrevue avec le média anglophone.

Il reste que – et l’analyse de Radio-Canada le montre assez clairement – les objectifs de diversité ne sont pas la panacée de l’inclusion.

Justine de l'Église est sur Twitter.