FYI.

This story is over 5 years old.

salariat

Tout le monde devrait bosser aussi peu que Trump

Traitez-le de paresseux, mais il se pourrait bien qu’il ait raison, pour une fois.
Sandra  Proutry-Skrzypek
Paris, FR

Être président des États-Unis est sans doute un travail difficile et prenant – heureusement qu’il s’accompagne d’une multitude d’avantages, comme une jolie maison, un avion privé, et la capacité de détruire le monde. George W. Bush, lorsqu’il était président, avait pour habitude d'entamer sa journée de travail à 6 h 45, tandis que Barack Obama, plus peinard, débarquait dans le Bureau ovale entre 9 et 10 heures. Mais à en croire le site d’information Axios, qui a eu accès à son agenda privé, Trump ne travaillerait jamais plus de sept heures par jour, de 11 heures à 18 heures.

Publicité

Le rapport nous apprend que Trump était plus productif au début de son mandat, mais qu’il a exigé d’avoir plus de « temps exécutif » – une manière élégante de désigner le temps passé sur Tweeter, au téléphone ou devant la télé. « L'agenda officiel de Trump nous révèle que ce "temps exécutif" désigne une plage horaire quotidienne, de 8 heures à 11 heures dans le Bureau ovale, qu’il passe en réalité dans sa résidence privée, à regarder la télévision et à tweeter », rapporte Jonathan Swan d'Axios.

Alors que les détracteurs de Trump ne ratent pas une occasion de le traiter de paresseux, il se pourrait bien qu’il ait raison de fonctionner ainsi. En 1940, le Congrès des États-Unis a amendé le Fair Labor Standards Act (« Loi sur les normes du travail équitable ») afin de rémunérer en heures supplémentaires tout travail réalisé au-delà des 40 heures hebdomadaires en vigueur. Depuis lors, la norme correspond à une journée de travail de huit heures, mais dans un monde de plus en plus automatisé, devons-nous travailler autant ?

« La logique voudrait que les avancées technologiques apportent plus de temps libre », écrivait Nathan Schneider pour VICE en 2014. « Une journée de travail de quatre heures avec un salaire abordable pourrait résoudre beaucoup de nos problèmes les plus tenaces. Si tout le monde bossait moins d'heures par semaine, il y aurait plus d'emplois pour les chômeurs. » Mais voilà, nous sommes en 2018, et mon boulot exige encore que je sois présent au bureau de 9 h 30 à 18 h 30 cinq jours par semaine.

Comme l'a expliqué Matt Bruenig sur le site Demos en 2015 : « Normalement, quand un pays augmente sa productivité horaire, il réduit sa quantité de travail effectué… Compte tenu de notre PIB/heure, nous n’avons absolument aucune raison de travailler autant que nous le faisons actuellement et, surtout, nous n’avons absolument aucune raison de travailler plus. »

N’importe quel salarié vous dira que s’il charbonne autant, c’est parce qu’il est payé à l'heure. La voie vers une journée de sept heures – ou de quatre heures, ou même de zéro heure – impliquerait forcément un changement sociétal de grande ampleur. Sans une augmentation du salaire minimum ou l’instauration de quelque chose de plus radical comme un revenu universel, personne ne pourra se permettre d’avoir des journées de travail aussi courtes que celles de Trump.

Mais contrairement à la plupart des métiers, celui de président ne peut pas être automatisé, du moins pas avant l’arrivée d’une véritable intelligence artificielle qui rendra les humains obsolètes. Alors, peut-être que Trump devrait travailler plus. Mais j'espère surtout qu'il va s'engager à passer ses journées de sept heures à rappeler à nos employeurs qu’ils nous exploitent et que nous méritons tous un peu plus de « temps exécutif ».

Eve Peyser est sur Twitter.