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Culture

AIM, un des derniers survivants de la messagerie de première génération s’éteint enfin

C’est l’heure de votre ultime connexion, celle qui vous permettra d’archiver pour toujours la légèreté de votre adolescence. De l’or en barre assuré.

AOL promet un retour des plus fracassant avec des « produits de nouvelle génération, emblématiques et révolutionnaires ». Youpi! Il n’en demeure pas moins que sa messagerie web AIM, une des OG parmi les OG, ne sera plus qu’un détail de l’Histoire de l’internet social à partir du 15 décembre prochain. Le hang-out virtuel le plus squatté entre la fin des années 90 et le début des années 2000, et celui qui a probablement défini l’internet pour toute une génération, ne sera plus accessible et laissera derrière lui un héritage des plus précieux.

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Comme il serait bien triste que vous perdiez toutes les conneries que vous avez échangées avec vos cyberloves et cyberpotes de jeunesse, on vous conseille vivement de prendre votre mal en patience et de vous casser le cul pour remettre la main sur vos logins : c’est l’heure de votre ultime connexion, celle qui vous permettra d’archiver pour toujours la légèreté de votre adolescence. De l’or en barre assuré.

20 ans de bons et loyaux services (six en fait)

Créé en 1997 par America Online, AIM est plus ou moins canné depuis des années, c’est un fait. Cependant, même si l’exode progressif vers d’autres plateformes comme ICQ (One love <3) ou vers MSN Messenger coïncide chronologiquement avec l’arrivée de MySpace, c’est-à-dire en 2003, il était encore possible de se pointer sur la messagerie d’AOL une fois tous les quatre ans quand un élan de nostalgie venait nous plomber. Qui n’y a pas refait un crochet dans l’espoir de tomber sur de vieux buddies perdus de vue depuis des plombes, chose qui n’arrivait jamais bien évidemment.

Tardivement, mais sûrement, une poignée de ces messageries old-school ont décidées de garder un peu de dignité en fermant leur service définitivement. D’autres subissent les stratégies douteuses des compagnies qui les ont créées, dépérissent et se traînent des interfaces à l’ergonomie fanée et à l’esthétique moyenâgeuse, et ça, malgré des mises à jour bâclées qui semblent n’avoir pas remarqué que l’on a switché à des messageries mobiles depuis un bail.

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Vilaines apps mobiles

Un peu comme avec les raisons qui avaient poussées son grand rival MSN Messenger à se retirer du jeu en 2014, pas besoin de s’appeler David Shing, alias Digital Prophet, pour comprendre celles qui ont causé l’extinction d’AIM, un de ces dinosaures de la messagerie instantanée. Les textos et les messageries mobiles telles que Facebook Messenger, WhatsApp, LINE, Viber, iMessage ou encore BlackBerry Messenger ont eu logiquement raison de la messagerie de première génération. Il est plus qu’évident que l’un des maux qui ont rongé la quasi-totalité de ces messageries vintages sont leurs grandes lacunes en matière d’instantanéité et donc de fluidité des échanges.

Ces paramètres essentiels régulent depuis quelques années la longévité et le succès des messageries dites de deuxième génération, celles dont la présence en continu devant un desktop n’est plus une condition sine qua non pour zoner à travers le cybermonde. En effet, la connexion permanente des appareils mobiles qui portent ces apps a modifié et accéléré le flux des données (textes, images, vidéos). Ciao la limitation spatio-temporelle et le FOMO. #neverloggedoff

La messagerie en ligne c’était mieux avant – comme le rap

Si l’on se remémore l'âge d’or de la messagerie instantanée, on se souvient encore qu’il n’était pas si bizarre de passer la nuit entière à chatter avec de parfaits inconnus. Ces personnes à qui l’on venait tout juste de refourguer son pseudo AIM par Caramail ou mIRC allaient se retrouver dans notre liste de contacts « T’es qui toi » et ne partageaient avec nous pas plus qu’une passion pour le fromage odorant. Mais on s’en foutait et c’était ça la beauté du truc : donner accès à son royaume contre un simple ASV (âge, sexe, ville) sans la moindre méfiance, une époque où le trolling et autres comportements hasardeux n’avaient pas encore de face. Mais ça, c’était avant.

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Alors qu’il suffisait de balancer un pseudo tout pété du genre Bogoss1982, d’utiliser une police Comic Sans et deux trois effets fluos pour être dans la place, les messageries 2.0, elles, sont devenues bien plus gourmandes et normatives en infos personnelles. Il est maintenant presque compliqué de ne pas se faire kicker sans fournir preuves d'identités et coordonnées personnelles validées au préalable. De plus, en cas de non-collaboration, un max d’apps récentes synchronisées avec le grand manitou ne vous permettent pas de logged-in.

En tout cas, on se demande ce qu’il faudra fournir demain pour pouvoir exister sur internet et ça, c’est vraiment la merde.

¯\_(ツ)_/¯

Benoit est sur internet ici.