Il y a environ cinq ans, le photographe kinois Yves Sambu s’est retrouvé dans le cimetière de la Gombe, en République démocratique du Congo, au moment même où des sapeurs commémoraient la mort de Stervos Niarcos. Considéré comme le fondateur de la SAPE – Société des ambianceurs et des personnes élégantes –, une mode vestimentaire mêlant à la fois dandysme, aristocratie bourgeoise du XIXe siècle et couleurs criardes, Niarcos est décédé en 1995. Tous les mois de février, le cimetière est reconverti en podium et voit défiler des centaines de jeunes sapeurs en son hommage.
« Je m’intéresse aux sapeurs depuis plusieurs années, bien que je n’aie jamais été adepte de cette mode, m’a expliqué Yves Sambu. À l’origine, je travaillais sur une série dans les cimetières, avant d’assister au défilé. Dès lors, j’ai été séduit par ces deux univers visuels très différents qui se sont confrontés le temps d’une journée, ce qui m’a motivé à en faire une série. » Il en a résulté le projet Vanité Apparente, une série de photographies qui met en scène des sapeurs posant avec l’élégance qui les caractérise dans divers cimetières français – parfois simplement vêtus de doudounes et de boxers Calvin Klein.
Videos by VICE
Au travers de son exposition en cours au Palais de Tokyo, Sambu cherche également à montrer l’aspect religieux du mouvement des sapeurs. À l’occasion du vernissage, il a rassemblé une quinzaine de sapeurs venus de Brazzaville et de Kinshasa, lesquels ont défilé aux côtés du créateur français Jean-Charles de Castelbajac, qu’ils vénèrent comme un Dieu. « J’aimerais aussi montrer que ce ne sont pas juste des personnes élégantes – leurs vêtements constituent un outil qui leur permet de traduire leur état d’esprit et leurs engagements politiques », conclut Yves Sambu.