L’icône normcore Larry David (photo via)
À l’heure qu’il est, vous avez sûrement déjà entendu parler du « normcore », le dernier streetstyle à avoir séduit la jeunesse urbaine du monde occidental. Comme toute subculture authentique, sa force réside principalement dans son essor lent et organique – depuis sa consécration dans le New York Magazine. Et, en l’espace de trois jours, le normcore s’est retrouvé partout sur Internet, un Internet désespéré de retrouver une raison de se marrer depuis que la mort du seapunk et de la carrière d’Azealia Banks, en 2012.
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À en croire le compte rendu qu’en fait le NYMag, il est très difficile de différencier un vrai adepte du normcore et un touriste américain d’âge moyen. Au lieu de souscrire aux idéaux débiles de la génération X qui veulent que vous devez avoir l’air unique, les individus normcore « embrassent l’uniformité délibérément, comme une nouvelle façon d’être cool ». Ils entendent par là que tous les cool kids se sont mis à se saper comme Larry David et Nick Clegg : ils portent des tee-shirts unis, des cols roulés et des jeans sans marque, plutôt que les runnings et les chemises en wax qu’ils affectionnaient l’année dernière.
Comme Londres est une ville renommée pour ses innovations culturelles, on s’est dit que ses habitants suivaient la tendance normcore depuis déjà plusieurs mois. On s’est baladés dans les rues à la recherche des OG du normcore pour qu’ils nous expliquent ce mouvement dont ils ont été les pionniers.
VICE : Quand est-ce que tu es devenu normcore ?
Jamie, 22 ans, étudiant : Je ne sais pas vraiment. Ça s’est fait progressivement au cours des dernières années, je dirais. J’étais un peu plus mainstream, ado.
Quand t’es-tu rendu compte que tu devenais un pionnier de la scène normcore ?
Je m’y suis mis avant d’en entendre parler, c’est une coïncidence. J’ai entendu prononcer ce mot pour la première fois l’année dernière. Avant, je ne savais pas que ma façon de me saper faisait partie d’une mode.
C’est quoi, selon toi, les bases d’un look normcore ?
Pour moi, c’est tout d’abord être détendu ; c’est pas nécessairement une attitude je-m’en-foutiste, mais il faut être détendu dans sa façon de s’habiller. Mes fringues doivent être confortables, des Converse, des hoodies moelleux, des jeans pas trop serrés, des trucs comme ça.
OK, cool. Tu remarques que de plus en plus de gens s’inspirent de cette tendance ?
Pour être honnête, je crois que tout ce qui se passe dans l’est de Londres… le truc hipster, là, ça va trop loin, tout le monde porte du vintage neuf, et ça, c’est en faire trop.
Hannah, 19 ans, comptable (à gauche, pas normcore) et Mike, 24 ans, chef de produit (normcore)
Qu’est-ce qui t’a plu, dans le normcore ?
Mike : Qu’est-ce que tu veux dire par là ?
Quand as-tu adopté le look normcore ?
Je suppose que [la façon dont je m’habille] vient de quand j’étais jeune, j’écoutais un certain type de musique, j’allais à des concerts, et mes amis s’habillaient de la même façon.
Hannah : Je n’ai pas entendu la question.
Pas grave, elle ne t’était pas destinée. Je disais, qu’est-ce qui t’a donné envie de devenir normcore ?
Je ne sais pas – quand on est jeune, on veut beaucoup plus avoir l’air unique. Ça fait partie de l’adolescence.
Cool. Vous avez des conseils pour ceux qui veulent avoir l’air normcore, et qui échouent ?
Mike : Je fais du shopping une fois tous les deux ans. C’est un fait.
C’est un très bon conseil.
Hey mec, t’as un bon look normcore. Qu’est-ce qui guide tes choix fashion ?
Scott, 30 ans : La tradition. Les bonnes coupes. Je préfère les couleurs sombres. C’est un peu militaire, mais pas trop non plus.
Oui, t’es plutôt stylé pour un mec normcore.
C’est quoi le normcore ?
C’est quoi le normcore ? Ne fais pas semblant de pas savoir.
J’ai vécu à l’étranger pendant 7 ans, donc les mots comme normcore me disent rien.
Vraiment ? Tu vis où ? Sur la Lune ?
À Amsterdam.
Ils portent quel genre de fringues là-bas ?
Plutôt chic, en un sens, mais parce qu’ils sont très DIY, socialistes, quoi, parfois ils ont l’air un peu, euh… crasseux.
Super. Merci, Scott.
Qu’est-ce que tu peux nous dire de ta façon particulière d’aborder le normcore ?
Sayed, 37 ans, travaille dans un call center : Casual. Ce n’est pas vraiment spécial.
Non, c’est vrai. Au boulot aussi, tu restes normcore ? Ou tu te déconnectes ?
On n’a pas un dresscode strict, donc je pourrais être habillé comme ça aussi – baskets, jean ou pantalon casual.
OK. Tu aurais un conseil à donner aux gens qui souhaiteraient devenir normcore ?
C’est une question difficile. Je dirais qu’on peut mixer des vêtements abordables et d’autres plus chers, il faut être ouvert et créatif, surtout quand on n’a pas trop d’argent. Vous pouvez bien porter une sape qui n’aura l’air de rien sur quelqu’un d’autre. Il faut mélanger les styles, les influences, ne jamais porter une seule marque.
Merci, Sayed.
Quand es-tu devenue normcore ?
Lotte, 20 ans, étudiante : Quoi ?
Le Normcore. C’est plus une question de confort que de style. Mais ça reste une question de style.
Oh, j’achète surtout mes fringues dans les charity shops. Ça m’arrive d’acheter des fringues neuves, mais mon look fait un peu vintage.
Tu as des icônes normcore ?
Non, pas vraiment. Je choisis les fringues qui me plaisent.
Je suppose que ça résume bien le tout. Merci, Lotte.