À Notre-Dame-des-Dunes, la chapelle des surfeurs

Le parvis de la chapelle peut prêter à confusion. Une inscription ordinaire surplombe la grande porte bordeaux : « Chapelle de la plage, Notre-Dame des Dunes ». Nous sommes à mi-chemin entre les villas cossues d’Hossegor, et la plage Centrale, haut lieu du surf européen. À l’intérieur pourtant, exit l’autel. Les statues pieuses sont remplacées par des planches de surf. La croix est faite de bouts de bois flotté, drossés sur la plage, façon DIY. La nef est transformée en café. Un indo board accueille les visiteur,s et sur fond de musique house, des vidéos de glisse sont projetées en boucle sur un pan de mur. À la Surf Church, difficile de savoir qui du surf ou de Dieu est vénéré.

C’est ici que se rassembleront ce dimanche 23 septembre des centaines de membres de l’association internationale Christian surfeurs. Surfeurs chrétiens ? Pour Powell Burr, l’une des fidèles ouailles, ça n’est pas forcément incompatible. Lorsque nous l’interviewons, il attend une livraison de 3 000 exemplaires de la « Bible des surfeurs ». « C’est une version facile à lire du Nouveau Testament, écrite en langage courant. On trouve sur la couverture une photo, prise avec un drone, représentant une centaine d’amoureux de la vague, disposés de manière à représenter croix », explique avec un léger accent ce professeur d’anglais originaire des États-Unis.

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« Quand on fait du surf, on profite de quelque chose que Dieu a créé. Il est le créateur de l’univers, de la mer et des algues. Pour les surfeurs, la spiritualité est quelque chose à laquelle il est difficile d’échapper. Notre but est de vivre notre foi au quotidien et de s’encourager mutuellement dans notre désir de connaître Dieu », poursuit le bénévole. Powell est le bras droit de Richard Ellerington alias Rich’, le pasteur leader de la Surf Church.

« Les surfeurs doivent avoir foi en leur planche de surf, parce que cet objet doit attraper la vague » – Richard Ellerington, pasteur de la Surf Church

Difficile de faire plus funky : ce pentecôtiste anglais prêche le dimanche en tongs et boardshort. Arrivé à Hossegor en 2012, il a investi la Chapelle de la Plage pour fonder la communauté de chrétiens amoureux de la vague, avec sa femme Regi et ses trois enfants. Tous ont le teint hâlé par le cocktail soleil-océan, et les cheveux d’un blond doré impeccable, peignés par les embruns. « Les surfeurs sont des gens spirituels. Ils ont cette capacité naturelle à comprendre qui a créé le monde, car ils bénéficient de ce cadeau immense qu’est l’océan. Jésus lui-même a marché sur l’eau. Les surfeurs doivent avoir foi en leur planche de surf, parce que cet objet doit attraper la vague qui peut être très nerveuse », déroule le pasteur Rich’, 43 ans et grand passionné de glisse lui-même.

Dans les sous-sols de la Surf Church vit François Jaubert, un artiste nomade au style décontracté : t-shirt blanc, casquette, jean et espadrilles. « Je voyage dans le monde entier pour faire des planches en matière recyclée et je peins ». Sur proposition de Rich’, il s’est installé en souterrain. Le deal est simple : François fournit des tableaux pour l’église et il dispose en échange de cet atelier. Seul mot d’ordre du pasteur pour ses fidèles : « Aimer Dieu de tout son cœur ».

Mais la Surf Church n’est-elle pour autant qu’un lieu d’épanouissement personnel et spirituel ? Le pasteur de confession pentecôtiste assume son parti pris : « Je suis un missionnaire envoyé du Royaume-Uni pour développer ce projet ». Il aide d’autres Surf Church à s’établir dans le monde entier. Et là, le côté farniente de la congrégation hossegorienne prend des allures résolument prosélytes.

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