Si le monde entier attend un vaccin contre le Covid-19, la vision de la pandémie est assez différente selon l’endroit où l’on se trouve. En Corée du Sud, par exemple, grâce aux directives et aux mesures de sécurité du gouvernement, seules 422 personnes sont décédées depuis le début de la pandémie. Junhyup Kwon, journaliste pour VICE à Séoul, nous a expliqué comment se déroule la vie dans un pays où le virus est plus facile à contrôler.
VICE : Salut Junhyup ! Merci d’avoir pris le temps de me parler. Tu es de retour au bureau ?
Junhyup Kwon : Non, je travaille toujours à la maison. J’habite actuellement à Anyang, une ville-satellite de Séoul, en Corée du Sud. Avant, le télétravail était peu répandu en Corée, car notre culture du travail accorde une grande importance aux relations entre collègues. Je pense que c’est le plus grand défi pour la majorité des gens, parce que la différence n’est pas si importante entre la vie actuelle et la vie avant la pandémie.
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C’est intéressant. Quel genre de mesures de prévention a un impact sur ton quotidien en ce moment ?
Aujourd’hui, nous ne pouvons pas partir à l’étranger, mais beaucoup partent en vacances à l’intérieur du pays. Au début, c’était mal vu, mais cela fait déjà plus de six mois et les gens deviennent un peu plus compréhensifs. Pour l’instant, il n’y a pas de grandes restrictions ici. Presque tout est ouvert, nous portons juste des masques et nous pratiquons la distanciation sociale. Lorsque nous allons au restaurant, nous devons fournir nos coordonnées. Au début, nous devions écrire notre nom, notre numéro de téléphone et notre adresse. Mais pour des raisons de protection de la vie privée, nous pouvons maintenant nous contenter d’écrire notre numéro de téléphone et notre adresse. Beaucoup de petites entreprises luttent pour surmonter la crise. Je suis allé au restaurant l’autre jour et il n’y avait que cinq personnes. Mais j’essaie de contribuer au soutien des entreprises locales. Je pense que c’est l’un des meilleurs moyens de faire ma part pour le moment.
Es-tu heureux de pouvoir passer plus de temps avec tes amis et ta famille ?
Je vis avec ma famille et, pour l’instant, j’arrive à maintenir une vie sociale. Nous pouvons toujours aller au centre commercial, au cinéma, partout. La seule différence est que nous devons porter un masque. Je suis allé voir un concert il n’y a pas longtemps. J’ai dû porter le masque pendant plus de deux heures ; c’était si étouffant que je ne veux plus aller voir de concert. Mais la vie nocturne a changé. Les boîtes de nuit sont limitées. Même si les bars sont ouverts… Le mois dernier, j’ai retrouvé un ami dans un petit bar bondé, alors j’étais un peu inquiet. Et si j’attrapais le virus ? Après la soirée, je me suis senti un peu malade et je ne savais pas pourquoi. Je pense que c’était une grosse erreur d’y aller. J’allais bien, heureusement, ce n’était pas le coronavirus. Mais à chaque fois que je sors je ressens ce genre de pression.
Qu’en est-il des rencontres amoureuses ?
Personnellement, je pense qu’il est difficile de rencontrer de nouvelles personnes en ce moment, car on ne sait jamais qui a le virus. Les gens préfèrent rester dans leur cercle. De mon côté, j’utilise des applications de rencontre, mais je ne fais que parler en ligne, je ne rencontre personne.
Et le sport ?
Quand je m’entraîne, je vais généralement à la salle de sport, mais maintenant le masque est obligatoire et ce n’est pas facile de courir avec. J’ai demandé à mes amis comment ils s’entraînent et apparemment ils le font via des chaînes Youtube.
Sais-tu combien de temps les mesures actuelles resteront en place ?
Le gouvernement fait le point toutes les deux semaines. En fonction du nombre de cas, il nous fera savoir s’il convient de renforcer les mesures ou de les assouplir. Nous avons trois niveaux de distanciation sociale. Pour l’instant, nous sommes au niveau 2, donc les rassemblements sont autorisés jusqu’à 50 personnes, avec distance de sécurité et port du masque. Nous avons connu le niveau 2,5 du 4 au 13 septembre et notre vie a changé du tout au tout. Nous ne pouvions pas aller dans un café ou dans une boulangerie, et les restaurants ne pouvaient pas servir après 21 heures, ils ne pouvaient faire que de la livraison.
On constate des réactions négatives au port du masque partout dans le monde. Est-ce le cas aussi en Corée du Sud ?
Ce n’est pas courant, mais ça arrive. J’ai vu une vidéo sur Twitter où un homme enlevait sa chaussure et commençait à gifler les autres passagers du train, parce que ceux-ci lui reprochaient de ne pas porter de masque et de désobéir aux mesures. Bien sûr, il a été arrêté plus tard.
Que penses-tu de la façon dont ton gouvernement a répondu à la crise ?
Je trouve que les autorités se débrouillent bien, parce qu’elles essayent de fournir les informations de manière transparente. Beaucoup de gens aiment Jung Eun-kyeong, la femme qui dirige les autorités sanitaires. Elle est une héroïne nationale. J’ai entendu dire qu’elle ne rentre pas chez elle. Elle vit au bureau et essaie de contenir le virus. Elle est très respectée.
Merci, Junhyup.
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