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Henry Michel regarde Top Chef – S09E04 : Boîte noire et trompe-bouche

Dans ce débrief du dernier épisode, l'épreuve la plus attendue de la saison et des candidats qui se mettent l'Italie à dos avec des spaghettis de courge à la carbonara.

Chaque semaine, notre chroniqueur débriefe le dernier épisode de la meilleure émission du PAF, en toute subjectivité.

Nous ne sommes qu'au quatrième épisode de cette neuvième saison, ce qui équivaut, à peu de choses près, au milieu du premier trimestre scolaire. Nous avons fait connaissance avec les nouveaux, les premiers D.S.T ont eu lieu, on s'est vaguement marrés aux T.P.E, on connait les prénoms, les visages, mais cette promotion 2017 a pour l'instant un petit problème : celui de ne pas en avoir. Pas de grosse brute en fond de classe, pas vraiment de fayots, un 13-14 de moyenne générale, pas de bad guy, pas de gros rebelles, ou alors de faux rebelles qui décrochent toujours les encouragements.

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Et si nous savions, dès les débuts de Top Chef, que nous regardions l'émission pour la cuisine, la belle cuisine, les créations, les rencontres avec de prestigieux chefs, c'est avec une certaine surprise que l'on commence à regretter le manque de canaillerie. De têtes de mules, de relous. De crevettes volées, de moules de noix utilisés. De petites folies. On se met à regretter la régularité de cette promo, son application, sa volonté de bien faire, et cette attention permanente et soucieuse qu'elle porte au visage - une volonté de bien faire sûrement entretenue par les enjeux grandissants que revêt la victoire à cette émission. On va essayer de rire malgré tout !

Pour rappeler aux candidats que l'insouciance et la jeunesse sont des choses normales et saines, et les inciter à se lâcher un peu, Stéphane Rotenberg leur dévoile quelques videos du passé de leurs chefs de brigades respectifs. Les vidéos sont sympathiques et nous permettent de découvrir les bouilles juvéniles de nos trois chefs, et tout se serait enchainé paisiblement si Geoffrey, en pleine montée d'herbes chamaniques ramenées de chez Veyrat, ne parte dans une série de fou-rires en confessional bien au delà de toutes les attentes de la production. J'imagine le rush original de cette séquence durer huit heures, et finir par une descente complètement dark du jeune candidat belge roulé en boule.

Giacinta me manque.

Cette semaine, c'est le tournoi des brigades : lors des deux épreuves, les candidats cuisineront brigade contre brigade, et la dernière aux points partira toute entière en dernière chance. Philippe Etchebest joue gros : il ne lui reste plus que deux candidats, tandis que Michel Sarran dispose encore d'une équipe entière et vaillante. Ca serait quand même bien pratique, pour que les équipes restent un peu équilibrées, que la brigade de Michel Sarran perde aux points contre toute attente, afin que le M.O.F Etchebest ne finisse pas la saison en ramasseur de balles. Ca serait pratique, dites-donc.

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Épreuve 1 : Ma Femme s'appelle Meurice
Une épreuve pas drôle pour un sou, mais instructive à bien des égards.

Les juges : la fine équipe du Meurice. Jocelyn Herland, chef exécutif impeccable et résilient, Ducassien de carrière et de coeur, fidèle et précis lieutenant. Pour Alain, il pourrait sortir le katana, dormir avec des piranhas, ou ouvrir le Meurice au Sahara.

Deuxième juge : Cédric Grolet, petit fiancé de la France, chouchou des medias, reconnus par ses pairs comme par les blogueurs et blogueuses du monde entier pour ses desserts de virtuose, sa tarte au pomme extraordinaire de finesse, et ses trompe-l'oeil tellement photogéniques. Son art s'accorde merveilleusement à l'époque d'instagram. Il est un faussaire de génie, reproduit à la perfection les fruits en pâtisserie. Sa carrière a vacillé l'année dernière suite au « moulegate » que beaucoup de lecteurs de cette rubrique ne pardonneront jamais, et sur lequel il est inutile de s'étendre (le moule de noix n'a toujours pas été rendu).
Après avoir interprété tous les fruits de la création en trompe-l'oeil, Cédric Grolet envisage de passer à la vitesse supérieure en créant les trompe-bouche, des desserts à l'apparence parfaite de desserts à l'apparence de fruits, mais étant de vrais fruits. L'idée a pour mérite d'être très intéressante d'un point de vue de la marge commerciale, et de coller parfaitement au principe de la naturalité ducassienne. Ça serait le summum de la cuisine raffinée du futur : manger une bonne purée, puis une orange.

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Le pitch : cuisiner la courge, dans le salé et le sucré.

Ce que j'aurais fait : j'aurais réalisé une purée/tchips/granité de butternut complètement banale en salé, créant l'incompréhension mais juste assez pour passer en dessert, et au moment de passer à la dégustation du sucré, Cédric Grolet serait arrivé devant le jury pour dire « il n'y a pas de dessert pour ce candidat, désolé… ». Malaise sur le plateau…jusqu'à ce que le jury découvre que l'individu devant eux n'est pas Cédric Grolet, mais un dessert de courge en trompe-l'oeil imitant à la perfection le jeune pâtissier, dans lequel j'aurais dissimulé un magnétophone ! Le jury époustouflé m'aurait donné la note maximale.

Team Darroze : Geoffrey* et Clément pour le salé

Leur plat : « Gnocchis de courge au poivre de sichuan - croustillant de graines et d'écorce de butternut, poudre de graines rôties »

Notes d'épreuve :
- Le duo Cléffrey a déjà fait ses preuves la semaine dernière, ils se met bien d'accord en amont, mais pêche sur les contrôles en aval. Ici, Clément réalise avec efficacité les gnocchis, mais commet l'erreur d'en confier la cuisson à Geoffrey, il aurait dû s'en occuper jusqu'au bout. C'est comme préparer un powerpoint sur son ordi pour le faire tourner au dernier moment sur le pc portable tout chelou du collègue.
- Je ne suis pas un immense fan des gnocchis en général - c'est quand même de la pomme de terre à la farine dans l'absolu, mais en faisant cuire ces potimarrons à la vapeur avec un joli bouquet aromatique, qu'ils enfarinent et enrichissent d'un jaune d'oeuf, on s'éloigne du coeur patate de la spécialité. Et cette licence permet d'imaginer finalement des gnocchis de tout, à partir du moment où vous ajoutez de la farine et des oeufs. Clément et Geoffrey*, sous leurs faux airs de Jean-Pierre Gnocchi, ou de Gnocchids on the Block, sont à deux doigts d'inventer les pâtes.

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Exercice : à l'aide de farine et d'un jaune d'oeuf, réalisez des « gnocchi » avec un ingrédient se trouvant sur votre bureau.

L'avis du jury : « belle assiette », « ça me rappelle presque un dessert, bcp de fraicheur », « Les tuiles sont très bonne, mais la texture à l'intérieur est relativement sèche », « Le gnocchi est un petit peu ferme, un peu surcuit »

Team Etchebest : Camille* pour le salé

Son plat : « Butternut au foin - bouillon d'anguille à la coriandre »
En réalité : Butternut fumé au foin, crème de butternut, tuile de graine de courge, purée de mandarine confite, crème d'anguille fumée.

Notes d'épreuve :
- Camille*, un des deux survivants de la team Etchebest, se retrouve de facto seul aux commandes pour le plat salé, avec l'immense responsabilité de devoir réussir ce plat pour que Victor puisse présenter le sien.
- Immense pression + Etchebest sur le dos + seul en équipe, beau mix pour ne pas détendre notre candidat du Nord, qui a du mal à trouver la confiance d'épreuve en épreuve malgré une belle technique et un palais malin.
- A sa recette initiale, toute en butternut, Etchebest va demander à Camille d'y rajouter un peu plus d'audace, de rock'n roll. Cela tombe bien : Camille a par hasard sous son plan de travail une anguille fumée. Certains, sur twitter, ont hurlé à la machination : qui dissimule des anguilles fumées sous son plan de travail pour une recette à la courge ? Je tiens à défendre mon poulain et la production en 4 points :

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* Premier point : ch'ti tient ch'l'anguille pa' l'queue n'l'a pon
* Deuxième point : l'anguille, grillée et fumée, est très populaire dans le Nord, il y a même une formidable fête de l'anguille qui se tient tous les deux ans à Eclusier-Vaux, dans la Somme, terre de marais et d'étangs, et vous pourrez y déguster à loisir plein d'anguilles.
* Troisième point : le grand chef Marc Meurin, mentor de Camille, traite magnifiquement l'anguille fumée, et un des plats signatures du Meurin est une anguille fumée aux betteraves.
* Quatrième point : pensez-vous vraiment que si vous pouviez caler un ingrédient de triche pour sauver une recette, vous choisiriez l'anguille fumée ?
Donc ce qui pour vous est insolite, est un ingrédient refuge pour Camille*. Vous mettez peut-être dans votre sac à dos une banane ou des biscuits lorsque vous partez en randonnée, pour Camille*, c'est une anguille fumée. C'est son doudou.

- Au dressage, Camille, qui reprenait alors un peu de confiance, se fait défoncer conjointement par Victor ( « C'est old school » ) et Etchebest ( « C'est très moche »). Il se remet alors en question et parvient à sauver son dressage. Comme j'ai pu l'écrire dans l'épisode précédent lors de l'épreuve chez Veyrat, Camille a les veines injectées d'un bon stress qui le rend tonique et évolutif à chaque épreuve. Son manque d'assurance, et donc d'orgueil, le protège de tout blocage. C'est l'inverse du regretté Franckélie.

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L'avis du jury : « L'anguille j'aime pas trop », « Très beau visuel, on est gâté », « J'aime bien », « La texture est élégante, y'a du goût », « Justesse d'assaisonnement », « On est en plein dedans ».

Team Sarran : Vincent et Adrien pour le salé

Leur plat : Courge en deux services : comme un snacking - courges en cinq textures - huiles de graines de courges
En réalité : rouleaux de butternut, purée de potimarron au maquereau fumé, royale au jus de butternut centrifugé monté à l'huile de courge, graine de courge, ail pousse de pissenlit, brunoise de potirons et écume de lait au lard.

Notes d'épreuve :
- Un double service solide délivré par Vincent et Adrien, avec beaucoup de techniques et de préparation.
- Le montage ne gâte pas Vincent et ne montre du candidat que ses autosatisfecit, ou ses occurrences du mot tchip's (37 depuis le début de la saison). Intention délibérée d'en faire le bad guy de cette saison ? Le pire c'est que ça commence à prendre.
- D'un point de vue du jeu pur, Vincent sait d'où il vient, ce qu'il vaut, et son parcours ressemble à ces videos gopro de jumpers en wingsuit qui passent à 320 km/h entre des parois de falaise. Ca passe, et c'est magnifique. Ca passe, et c'est très beau. Par contre, le jour où ça passera pas, ça sera net et sans bavure.
- Adrien, toujours sérieux, toujours un peu soucieux de ses plats et poursuivi par la malédiction de l'assaisonnement : trop, ou pas assez… Il a du construire sa maison sur une ancienne salière indienne.

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L'avis du jury : « très travaillé» , « belle mise en scène » , « j'adore le snacking », « très croustillant, très fin », « j'adore », « on a vraiment la courge en bouche, c'est bon mais trop salé, du coup ça écrase le reste » (Adrien jette la table par la fenêtre).

Team Sarran : Matthew et Justine pour le sucré

Leur plat : « Butternut sous plusieurs textures, crumble et neige de pépins, mendiant au chocolat blanc ».
En réalité : palets de potimarron rôtis au miel, crème montée au miel, condiment citron vert et datte medjool, petit mendiant chocolat blanc, crumble de pépin de butternut nappé chocolat blanc.

Notes d'épreuve :
- C'est Michel Sarran qui brille une fois de plus, en sentant à dix kilomètres les défauts de la proposition de Justine et Matthew : un chocolat blanc inutile, venant ajouter du sucre à l'opposé du modernisme requis dans un dessert actuel, et le risque d'hérisser le fin palais de Cédric Grolet, capable de péter un câble en trompe l'oeil pour moins que ça. Idem pour les spaghettis de butternut frits, à peine épongés de leurs gras, venant casser toute la définition du plat.
- Il est néanmoins intéressant d'apercevoir les premières faiblesses de Matthew, responsable en grande partie de cet arbitrage, surtout pour le chocolat blanc. L'homme est battable !
- Le résultat ressemble à un plateau de pâtisseries arabes.

L'avis du jury : « c'est posé, voilà », « trop d'informations », « cuit parfaitement, fondant en bouche et craquant », « vermicelles très gras », « chocolat blanc, aucun intérêt, trop d'éléments ».

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Team Etchebest : Victor pour le sucré

Son plat : "courge spaghetti carbonara"
En réalité : carbonara sucrée en trompe l'oeil - courge spaghetti, confit de citron, noisette fraîche (faux parmesan), praliné aux graines de courge, faux jaune d'oeuf en purée de potimarron, fausse sauce carbo : crème infusée au café.

Notes d'épreuve :
- S'attaquer à la sauce carbonara, même en réinterprétation sucrée, à l'heure des réseaux sociaux équivaut à déterrer une gigantesque hache de guerre, à foutre le bordel pendant des heures, et nécessite des précautions particulières. Victor y va à bride rabattue, au culot, et avec une grande efficacité.
- La raison : les passionnés de cuisine italienne et apparentés ne tolèrent pas l'existence de la réinterprétation française de la carbonara, lard et crème, pourtant rentrée dans les habitudes de millions de français, qui ne demandent rien d'autre que d'être laissés peinards à manger leurs carbos françaises.
- En proposant son bol de crème infusée au café, Victor indique sans fébrilité son camp, et déclenchera le courroux de quelques radicaux.
- Un petit schéma explicatif sur la situation du carbonaragate en france (cliquez pour agrandir) :

- Sur le plan du trompe-l'oeil, il ne démérite pas : Victor se lance bille en tête dans l'imitation de chaque éléments du plat avec beaucoup d'efficacité.Pour un dessert, il fallait oser.
- Pour une raison inconnue, Messieurs Grolet et Herland focalisent pendant 5 minutes sur la crème en verrine qui accompagne le plat, et goûtent le plat 30 secondes en fin de dégustation.

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L'avis du jury : « l'appellation est précise » « il a osé, j'aime bien » « c'est super bon » « c'est très moderne, très osé », « je retrouve moins cette simplicité dans le plat que dans la verrine »

Team Darroze : Thibault et Tara pour le sucré

Le plat : purée de courge vanille, crumble d'amandes, glace à la courge, courge sucre soufflé hélicobite.

Notes d'épreuve :
- Les nerfs de Thibault ont complètement lâché sur cette épreuve. Jovial, dissipé, sans aucun intérêt pour Tara et sa recette, sa brigade, ou même l'émission Top Chef, le jeune chef installé en Guadeloupe décide de prendre du plaisir et retourne à son verre soufflé du premiers épisodes, le foire à moitié, ne répond pas aux questions, ou les répète en prenant un accent américain.

TARA - Qu'est-ce que je peux mettre dans la purée ?
THIBAULT - DE LA PIOUWAYYYY !!

Thibault pendant l'épreuve. - Seule une fléchette hypodermique tirée par un vétérinaire aurait pu arrêter le candidat.
- Le plus drôle : le plat de Geoffrey et Clément n'étant pas retenu par le jury, le plat sucré de Thibault et Tara ne sera pas dégusté.

DELIBERATIONS DU JURY
-> Team Etchebest remporte l'épreuve ! Victor et Camille* qualifiés pour l'épisode 5 de Top Chef 2018 !
-> Les Teams Darroze et Sarran en deuxième épreuve !

Épreuve 2 : La Boîte Noire de Philippe Etchebest

La mythique épreuve de la boite noire, dans laquelle les candidats doivent identifier la composition d'un plat élaboré par un maitre des jeux et le reproduire, est souvent une des plus attrayantes de Top Chef. Elle ajoute, en plus de la compétition entre candidats, une compétition entre les chefs de brigade - c'est peut-être même la seule épreuve où les chefs de brigades participent autant que les candidats.

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Et cela a été, encore une fois, un grand plaisir de voir Michel Sarran et Hélène Darroze se jeter à corps perdu dans l'épreuve et donner le meilleur d'eux-même pour désamorcer le piège du mastermind derrière cette épreuve pour cette année : Philippe Etchebest.

Le plat Mystère de Philippe Etchebest

- Il était communément admis que le fun de cette épreuve est de brouiller le plus de pistes possibles dans le plat : partir dans tous les sens dans les techniques, ingrédients, dans les arômes et les textures pour perdre le plus possible les candidats et les observer paniquer dans le noir en ricanant.
- Mais pour cette épreuve, Philippe Etchebest a dépassé toutes les attentes. Son plat mystère, « terre-mer de filet mignon de veau et saint jacques » comprenait :
* Un filet mignon de veau rôti, juste poêlé, bien rosé, recouvert de langues d'oursin et d'une chips d'artichaut.
* Une noix de saint-jacques juste snackée, entourée d'une farce fine de noix de veau et piment d'espelette, le tout en croûte de noisette, et recouvert d'un tartare d'huître et d'une tuile de saint jacques. Ce n'est pas une blague. C'est l'équivalent gastronomique d'un Captcha de sécurité de niveau 25.
* Une purée de potimarron saupoudrée d'un râpé de chataigne.
* Un bâton de salsifis cuit vapeur, sur lequel repose un fin voile de poitrine de porc noir.
Je crois que je n'ai rien oublié.

Passage en boite noire de Tara et Thibault
- Si on avait appliqué toutes les expertises de Tara sur cette épreuve, l'équipe d'Hélène Darroze aurait servi un filet de boeuf à la purée de pomme de terre avec une chips d'algue et un artichaut barigoule. Ce n'est pas un palais, c'est une fête foraine.
- Thibault, redescendu de sa montée de sucre de l'épreuve précédente, identifie quant à lui beaucoup d'éléments : l'oursin, le veau, la tuile de saint-jacques, entre autres.
- Dans le garde-manger, Tara adopte une technique originale, en pointant chaque ingrédient du doigt et en le citant à voix haute, pendant que Thibault tente de mémoriser sa visite et de prendre les bons ingrédients.

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THIBAULT - Alors…ce goût iodé sur le veau, sûrement un tartare…un coquillage…
TARA - Abricot ? Airelle ? Amande ? Ananas ? Avocat ? Banane ? Bergamote ?
THIBAULT - Et une sorte de farce fine…de veau ? Volaille ? Hum, c'est compliqué à déterminer…
TARA - Litchi ? Mandarine ? Mangue ? Marron ?

Passage en boîte noire de Matthew et Vincent
- Je fais un bloquage hygiénique total sur cette épreuve dès que je vois les grosses mains des candidats patauger dans les sauces et les viandes, enfourner comme des australopithèques des bouts de plats en mélangeant tout. Je n'ai encore jamais vu dans cette épreuve d'approche méthodique, où les candidats se confieraient des tâches différentes et éviteraient de se filer la gastro en mélangeant toutes les saveurs d'un coup avec les avant-bras.

- « Quand tu goutes tout avec les doigts et que tu te mets à lécher, tu sens plus rien du tout » (Brève de backroom)
- Avez-vous remarqué que sous ses airs polis d'anglo-saxon, Matthew est une véritable petite langue de vipère ? Il se lâche avec beaucoup de générosité sur les candidats tout au long de l'épreuve. Cet épisode a été très intéressant pour éclaircir le personnage.
- « Vincent qui mache comme une vache en face de moi, je suis sur qu'il bavait »
- Matthew identifie la farce fine, le veau, tandis que Vincent, un peu décontenancé par l'exercice, associe le fond de veau mêlé à l'oursin à une sorte de sauce barbecue (ce qui n'est pas complètement aberrant d'un point de vue gustatif), et focalise une fois de plus sur la tchip's. C'est le Hodor de la tchip's.

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MATTHEW - Hmm je sens un peu du vow, comme une fawce fine…
VINCENT - Tchip's ?
MATTHEW - oui, une sowte de filet mignon. Tu sens ce goût un peu cowsé au-dessus ?
VINCENT - Tchip's !
MATTHEW - Oui, de l'oursin ! Tu as raison !

En exclusivité, les carnets de prise de note des deux équipes respectives.

Passage en boite noire d'Hélène Darroze et de Geoffrey
- Un duo super efficace, où Geoffrey montre encore la qualité de son palais, meilleur devineur de l'épreuve avec Darroze, Sarran et Thibault.
- Geoffrey reconnait la courge, le veau, la farce fine de veau
- Hélène Darroze valide le veau, la farce fine, le tartare d'huître,et la tuile de saint-jacques de Thibault
- Ce deuxième passage permet surtout d'invalider les autres propositions: personne ne valide le boeuf et l'artichaut de Tara - et l'hypothèse de Thibault fait encore mouche : il s'agit d'un salsifis.
- L'équipe n'en possédant pas, ils partent en mendier auprès de l'équipe Sarran, qui après beaucoup de résistance finit par lâcher un pauvre salsifis à l'équipe qui saute de joie. Je peux garantir que jamais, dans l'histoire de la cuisine française, un salsifis n'aura apporté autant de joie à des êtres humains.

Passage en boite noire de Michel Sarran et Adrien
- Sarran est une machine, et identifie le veau, sa farce fine, le tartare d'huitre, le papier de saint-jacques
- Adrien étant allergique à l'oursin, son choc anaphylactique astucieux permet d'identifier immédiatement l'ingrédient.
- Au sortir de la boite noire, Michel Sarran est à deux doigts de jeter le rib de porc à la figure de Vincent, qui passe un mauvais quart d'heure puisqu'il doit relancer également ses ballotines de Saint Jacques. Le manque de temps lui empêchera de réaliser une farce fine.
- Ce fourbe de Matthew, dans le doute, avait lancé un petit veau clandestin en lieu et place des rib's. Il est parfaitement cuit selon Sarran, pour l'instant.

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Passage en boite noire éclairée de Clément (team Darroze) et Justine (team Sarran)
- Les deux candidats matent, les yeux écarquillés, le plat enfin à la lumière. Ils arrivent à identifier et valider pas mal de choses, sauf le fameux voile de poitrine de porc noir.
- Chacun des candidats décrit ensuite le plat à son équipe. Superbe moment quand Clément intime à Tara de jouer avec la sauce. Elle tend à la sauce une manette de Switch, mais le jus se contente de couler le long de la coque.

L'avis d'Etchebest

Assiette de la brigade Sarran

- « Ils ont les éléments principaux », « on a la farce fine de veau, la petite chapelure», « la pièce de la viande avec l'oursin dessus »
- « Ce qui s'éloigne : la garniture salsifis avec voile de porc noir »
- « Ce qui est important c'est la cuisson : elle est un peu trop cuite ! »
- Matthew est dégoûté : Adrien, au moment du glaçage, a contribué à surcuire le veau, et le candidat australien ne se gène pas pour le dénoncer au confessionnal.
- « Sauce : on retrouve le goût d'oursin. »
- « La farce fine est granuleuse »
- « La purée : belle couleur, belle consistance, bien lisse, elle est bien. Chataîgne absente. »
- « Vous vous en sortez bien »

Assiette de la brigade Darroze

- « c'est pas mal », « on a le mignon de veau, la tuile de saint jacques, le tartare, il manque les oursins ! » (thibault est dégoûté)
- « On retrouve le salsifis, il manque le voile ! »
- La viande : « belle cuisson, et ça c'est important. Moelleux, très bien »
- La sauce : « on a bien le jus de viande, mais pas les oursins »
- La purée : « ils ont mis la châtaigne dans leur purée, sauf que moi j'ai rapé ma chataigne dessus. »
- « Telle que l'assiette m'est présentée, elle est bonne »

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-> Toute la team Darroze qualifiée pour l'épisode 5 de Top Chef 2018 !
-> Toute la team Sarran en dernière chance !

Épreuve de la dernière chance

Ce qu'il fallait faire : une recette pomme poire
Ce que j'aurais fait : un scoubidou à huit fils en courge spaghetti (les plus jeunes n'auront pas la référence)

Vincent

Son plat : Pomme poire en deux cuissons, crème fraiche, huile de vanille et lait acidulé.

En réalité : poire pochée vanille, pomme pochée caramel, compote de pommes, huile de vanille, crumble au thym.

Note complémentaire : il y a, en plus de la pomme et de la poire, un tout petit peu de melon : « Mon huile de vanille ? Fallait y penser…C'est ça le truc… Y penser les gars… Hé ouais… » .

L'avis du jury : « assiette gourmande», « c'est une assiette plutôt plaisante », « dessert bien structuré », « je sais ce que je vais manger, est ce que cela va suffir ? » « il me manque une petite râpée d'agrumes et de citrons pour le pep's » « c'est un bon dessert, mais j'ai pas de surprise ».

-> Vincent qualifié pour l'épisode 5 de Top Chef 2018 !

Matthew

En réalité : carpaccio de saint jacques cuit avec un bouillon de pommes touche de calvados, pickles de poires et oignons rouges, purée de poire.

L'avis du jury : « c'est une entrée et pas forcément qu'on attend sur la poire », « une audace à saluer », « pickles d'oignons ? pour le coup il fallait vraiment rentrer autour de cette saint jacques la poire et la pomme », « le bouillon est très bon et nous replonge dans le thème », « la saint jacques ne prend pas le dessus, on reste bien dans le gout de la pomme », « très équilibré »

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-> Vincent qualifié pour l'épisode 5 de Top Chef 2018 !

Adrien

Son plat : Pomme poire gratinées

En réalité : poire confite au caramel, compotée pomme cannelle, crème brûlée, carpaccio de pomme, jus pomme menthe.

Remarque : Adrien se perd complètement dans cette épreuve, comme quoi il en faut peu pour sortir dans Top Chef. Il brûle son caramel, ne peut pas confire sa poire, elle sort crue du four, il la finit au sirop, et improvise une tuile caramel.

L'avis du jury : « rien de surprenant », « il a voulu faire une poire pochée, elle est pas cuite, ça demande à être plus fondant », « j'aurais bien aimé qu'on me casse ce sucre »

-> Adrien qualifié in extremis pour l'épisode 5 de Top Chef 2018 !

Justine

Son plat : « Pomme et poire de mon enfance, condiment iodé »

En réalité : tartare huitre kiwi citron vert, fruit de la passion, compote de pommes, compote de poires.

L'avis du jury : « c'est plein d'interrogations », « je crois qu'il valait mieux rester sur un dessert », « Un peu décevant par rapport à la prise de risque ».

-> Justine Imbert éliminée de Top Chef 2018 !

Au revoir Justine ! Cette candidate méritante, inspirée par les saveurs du Sud, n'aura pas pu rester assez longtemps dans la compétition pour s'affirmer dans ces plats, et un mauvais concours de circonstance la sanctionne durement lorsque, finalement, elle tente de mettre un peu d'elle-même dans un plat à la contrainte trop simple. On lui souhaite une belle et longue carrière !

Un épisode qui ne fera pas partie des plus drôles, mais qui nous aura permis, notamment lors de la boite noire, de connaitre un peu mieux les potentiels des candidats, mais aussi leurs failles… Rendez-vous la semaine prochaine pour un nouveau débrief !

Les Meilleures Brèves de Backroom repérées par les lecteurs
« Joue avec la sauce ! » repéré par Truxidan Standoff
« La première minute, j'ai failli m'évanouir » repéré par Benich
« Y'a un moment de panique, on met tout dans la bouche, on sent plus rien » repéré par Benich
« Je sens qu'il a envie de s'amuser. On va souffrir, il va bien rigoler » repéré par Leeloorocks
« Si ça passe pas, ça passera pas à 4 » repéré par Jeanne

Le classement subjectif
Mathew Hegarty 15,5/20 (-0,5)
Vincent Crepel 15/20 (=)
Camille Delcroix* 15/20 (=)
Geoffrey Degros* 15/20 (=)
Victor Mercier 15/20 (+0,5)
Adrien Descouls 13,5/20 (-0,5)
Thibault Barbafieri 13,5/20 (=)
Tara Khattar 13/20 (=)
Clément Vergeat 12,5/20 (=)

Retrouvez également Henry Michel dans son état naturel, @henrymichel