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« Si je fais du snow, c’est justement parce qu’il n’y a pas de règles »

Les JO sont finis ? Tant mieux, on va pouvoir renouer avec le freestyle et les vraies valeurs de la glisse.
Photo DR

Ça y est, les Jeux de Pyeongchang sont terminés. La mauvaise nouvelle, c’est qu’on n’entendra plus parler de snowboard pendant quatre ans. Mais la bonne, c’est qu’on va pouvoir renouer avec les vraies valeurs de la glisse. Car le snowboard, tel qu’il se donne à voir aux JO, est loin de refléter la pratique dans son ensemble.

Prenons la très étrange présence du slalom, dernière épreuve de snowboard de ces Jeux 2018. Bien qu’au programme de la compétition, il est quasiment absent des pistes. Pourquoi avoir intégré une épreuve qui symbolise précisément ce contre quoi le snowboard freestyle s’est construit (les collants moulants, l’entrainement trop rigoureux, les chaussures inconfortables) ? Sans doute pour ne pas effrayer le public historique des Olympiades. Pour lui montrer que le snowboard peut-être un sports « sérieux », consistant à dévaler une pente à toute vitesse - et pas uniquement à faire des roulades dans les airs.

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« JO ou pas, un pipe reste un pipe » - Sophie Rodriguez, snowboardeuse professionnelle

Au-delà de la question du slalom, les JO ne bénéficient pas d’une aura particulière auprès des stars de la discipline. Pour eux, ca n’est jamais qu’une compétition comme une autre. « Quand tu regardes les Jeux ou une autre compét’, c’est presque pareil : tu retrouves les mêmes riders, le même niveau, le même engagement », assure le snowboarder professionnel Valérian Ducourtil. Même son de cloche du côté de Sophie Rodriguez, 10ème à l’épreuve de half-pipe aux à Pyeongchang : « JO ou pas, un pipe reste un pipe. Et l’envie de réussir est toujours aussi présente ».

Sans compter que bon nombre de grands snowboarders ont décidé de ne pas se présenter aux compétitions, préférant se concentrer sur un autre terrain de jeu : la vidéo – Valérian Decourtil a fait ce choix il y a plusieurs années. Pour Sophie Rodriguez, « c’est une question de tempérament : certains riders trouvent dans les compétitions un moyen de vivre de grandes émotions. D’autres se retrouvent dans une pratique plus libre du snow ». C’est notamment le cas d’Anthony Brotto, le fondateur des Workers, un groupe de snowboarders français fondé il y a trois ans, et qui se concentre sur le street, la pratique urbaine du snowboard. « Je n’ai jamais aimé les compétitions, explique-t-il. Si je fais du snow, ou du skate, c’est justement parce qu’il n’y a pas de règle, et que cela ne ressemble pas à un sport classique. » Et en matière de vidéo, les Français cartonnent. Alors qu’il n’y avait aucun rider tricolore au départ des épreuves de freestyle hommes ! Les edits d’Arthur Longo, par exemple, font partie des vidéos de snow les plus vues – et réussissent l’exploit de plaire aussi bien aux spécialistes qu’au grand public. Chose rare dans le milieu, ses vidéos sont relayées tant par L’Equipe Adrénaline que par le site « core » Bangingbees.

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Vidéo : Arthur Longo.

« Nous, on a juste du matériel – et de la passion », Anthony Brotto, snowboarder et fondateur du collectif « Workers ».

Reste que le monde de la vidéo n’est pas uniforme. Certains films, comme ceux de l’Américain Travis Rice, relèvent de la superproduction : deux ans de tournage, deux millions de dollars de budget, hélicos et caméras RED à foison… A côté, c’est le règne de la débrouille. « La première année, on avait plusieurs sponsors. Aujourd’hui, on n’en n’a plus qu’un seul. « Workers » est devenue une association pour qu’on puisse démarcher les entreprises. Aller chercher de l’argent, c’est un travail constant », explique Anthony Brotto. Qui ajoute : « Chez "Workers", personne ne reçoit d’argent des sponsors. On a juste du matériel et la passion ». Cette épuisante quête de financement leur fait, finalement, regarder les Jeux Olympiques avec plus de bienveillance : « Ça permet au grand public de voir ce qu’est ce sport. Le gars qui va découvrir le snow grâce à cela, peut-être qu’il va avoir envie de s’y mettre ». Et plus il aura de pratiquants, moins il sera difficile de dénicher des sous pour produire des vidéos. Bref, l’avenir de la vidéo passe, finalement, un peu par les JO.

Depth Perception de Travis Rice.