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Crime

La Grèce veut mettre fin aux raids sur les migrants

Le nouveau gouvernement grec a annoncé qu'il allait mettre fin à l'opération « Xenios Zeus », véritable politique de chasse aux sans-papiers.
Photo de Petros Giannakouris/AP

Parmi les changements radicaux promis par le nouveau gouvernement grec figure la remise à plat des politiques anti-immigration du pays — dont des raids sur les sans-papiers de la capitale. Des actes condamnés depuis longtemps par les groupes de défense des droits de l'homme.

Tasia Christodoulopoulou, avocate et militante des droits de l'homme, nommée Secrétaire d'État à l'Immigration a déclaré mercredi que les nouveaux dirigeants de la Grèce voulaient mettre fin à l'opération « Xenios Zeus » — une chasse aux sans papiers du centre d'Athènes — rapporte le site grec Left.gr.

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La majorité des migrants qui sont arrivés en Grèce ces dernières années sont des réfugiés de guerre, dont beaucoup de Syriens. « On doit donner à ces gens l'asile, et on doit les protéger, » a déclaré Christodoulopoulou.

Elle a ajouté que le nouveau gouvernement chercherait à remplacer les centres d'accueil pour migrants, « sordides » selon les termes de groupes de défense des droits de l'homme. « Ces camps sont incompatibles avec l'humanitarisme, le droit, et la raison, » a déclaré Christodoulopoulou, ajoutant que le gouvernement chercherait également à réformer le règlement de Dublin, qui fixe les règles en matière d'asile dans l'Union Européenne.

La Grèce aimerait que les réfugiés soient répartis parmi les États européens. Pour le moment, les réfugiés doivent demander l'asile dans le pays par lequel le demandeur d'asile a premièrement fait son entrée dans l'UE, une règle qui a submergé des pays comme la Grèce, l'Italie et l'Espagne, dans lesquels débarquent la plupart des migrants à leur arrivée sur le continent européen.

La semaine dernière, Christodoulopoulou a annoncé que la Grèce donnerait la citoyenneté à tous les enfants d'immigrés nés et élevés dans le pays.

"Les bateaux de la mort," deuxième partie de notre documentaire "Europe or Die".

« Syriza s'est engagé à octroyer la citoyenneté grecque à tous les enfants d'immigrés nés et élevés en Grèce, que l'on appelle la seconde génération d'immigrés, » a-t-elle déclaré. « Cela concerne aussi ceux qui ne sont pas nés en Grèce, mais qui sont venus très jeunes, et qui ont été  au bout de leur scolarité ici . »

L'opération Xenios Zeus a été baptisée après le nom du dieu grec, divinité protectrice notamment de l'hospitalité. Elle a été mise en place en 2012 par le gouvernement précédent, sur fonds de montée de la xénophobie en toile de fond — le parti néo-nazi Aube Dorée connaissait alors un franc succès électoral. Xenios Zeus avait alors été critiquée comme étant l'une des politiques anti-immigration les plus dures et les plus violentes en Europe.

« Depuis le début de l'opération, des dizaines de milliers de personnes, soi-disant sans-papiers ont fait l'objet d'arrestations et de fouilles abusives, et de longues heures de détention dans les commissariats, » a constaté Human Rights Watch, un an après le début de l'opération, condamnant par la même occasion les autorités grecques pour « fichage ethnique et détention arbitraire. »

Syriza a promis de changer la donne en matière d'immigration, comme c'est le cas pour d'autres sujets sociaux, dans le cadre de son rejet des politiques d'austérité. Il est à noter cependant que Syriza s'est aussi récemment allié avec les Grecs indépendants, courant politique dont les vues sur l'immigration sont radicalement différentes de celles de Syriza.

Suivez Alice Speri sur Twitter: @alicesperi