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Crime

« S’il vous plaît, partez » : un avion espion américain se fait refouler par la marine chinoise

L’incident est la confrontation la plus directe entre les deux pays, dans cette région où la Chine tente de conquérir des territoires sur la mer. Les experts estiment que les risques d’un conflit accidentel dans la région augmentent.
Photo via US Navy

La Marine chinoise a lancé 8 avertissements, la semaine passée, à un avion de surveillance américain envoyé survoler une zone de la Mer de Chine méridionale. La Chine gagne du territoire sur la mer (en y construisant des îles artificielles) dans cette zone, disputée entre plusieurs pays.

« Ici la Marine chinoise, ici la Marine chinoise, s'il vous plaît éloignez-vous rapidement. » Voici le message enregistré des transmissions radio entre la Marine chinoise et un avion espion américain. Ces enregistrements ont été déclassifiés par la Marine américaine et diffusés jeudi 21 mai.

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L'incident s'est produit mercredi 20 mai, quand un avion P-8A Poseidon survolait la Mer de Chine méridionale.

« Je suis un avion américain en mission militaire légale en dehors de l'espace aérien national, » ont répondu les membres d'équipage à bord de l'avion. « J'opère dans le respect des règles, comme cela est requis par les lois internationales. »

Plus tard, un opérateur de la radio chinoise, de plus en plus pressant, répond, « Vous approchez de notre zone militaire, » et ajoute, « Vos actions sont dangereuses. »

La Marine américaine a aussi diffusé des images de ce qui serait des conquêtes territoriales chinoises, filmées lors des récents vols. Des officiels du Pentagone déclarent que la Chine a conquis 2 000 hectares de territoire dans la Mer de Chine méridionale, créant un collier d'îles artificielles pour renforcer sa position dans la zone. Les activités chinoises sont contestées par les Philippines, le Brunei, la Malaisie, le Vietnam et Taïwan.

CNN a pu embarquer à bord d'avions de surveillance au-dessus de la Mer de Chine méridionale, grâce à une autorisation du Pentagone. D'après le reportage de la chaîne d'information américaine, il s'agissait de « mobiliser l'attention sur le défi posé par ces îles et la réponse américaine qui prend de plus en plus d'ampleur. »

Le capitaine Mike Parker, commandant de l'appareil de surveillance utilisé dans la région, explique à CNN — au cours d'un vol à bord du P8 — qu'il pense que les injonctions chinoises par radio viennent de Fiery Cross Reef, une des plus grandes îles artificielles créées par la Chine dans son dessein de conquête territoriale.

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« Le message vient de la Marine chinoise, et je suis pratiquement sûr qu'il venait de terre, dans ce bâtiment-là, » explique-t-il, pointant son doigt vers une station radar installée sur le récif.

Les survols ont eu lieu après la publication d'informations, la semaine passée, révélant les intentions du Pentagone de déployer des navires et des avions à 20 kilomètres des installations chinoises. La zone de 20 kilomètres autour d'un territoire réclamé par un pays est généralement vue comme dépendante des territoires maritimes de ce pays. En se déployant dans cette zone de 20 kilomètres, les États-Unis montreraient qu'ils ne se soucient pas des réclamations territoriales chinoises.

Ce déploiement potentiel inquiète certains analystes redoutant une possible confrontation entre la Chine et les États-Unis. Le professeur Sam Bateman, un ancien commodore de la Marine australienne, explique à VICE News qu'une confrontation accidentelle était possible vu la militarisation croissante de la région.

« Envoyer des bateaux et des avions dans une zone maritime disputée est une décision non-raisonnable et provocatrice. Cela fait augmenter les risques, » précise le spécialiste. « L'objectif de toutes les parties devrait être de démilitariser la région disputée, plutôt que d'y accumuler les ressources militaires. »

« Les rencontres aériennes ne sont pas simples à gérer, et ce qui risque probablement de se passer c'est une rencontre qui tourne mal, comme l'incident du Hainan, » prévient Bateman, faisant référence à la collision en vol d'un avion espion américain et d'un avion de la Marine chinoise en 2001. L'avion américain a été forcé d'atterrir en Chine, où l'équipage a été brièvement retenu et le système informatique de l'avion confisqué.

Les États-Unis et la Chine ont négocié des protocoles pour ce qu'ils appellent des « rencontres inattendues », afin de minimiser les chances d'affrontements. Bateman fait remarquer que, si ces protocoles sont effectifs pour la Marine, rien n'a été mis en place pour les rencontres de deux avions en vol, laissant un point d'interrogation dans l'accord signé. Les deux pays se sont mis d'accord pour trouver une entente d'ici la fin de l'année.

« Il y a 1001 choses que les pays pourraient faire afin de minimiser les risques dans la région. Mais rien n'est mis en place, » explique le spécialiste, citant des solutions pêle-mêle : des lignes de communications d'urgence entre les commandants, le partage d'informations sur les trajectoires des avions ou la localisation des navires pour éviter toute confusion.

Suivez Scott Mitchell sur Twitter @s_mitchell

Photo via US Navy