Pendant longtemps, la Mauritanie avec ses océans de dunes, ses caravanes de chameaux, ses cités de pierre et ses palmeraies, a été une destination privilégiée des fous de désert. Dans le sillage d'Antoine de Saint-Exupéry – qui s’est écrasé dans la région alors qu’il travaillait pour l’aéropostal en juillet 1944 – et de Théodore Monod, célèbre explorateur français du XXe siècle, les marcheurs s’aventuraient entre ergs, canyons et oasis, jusqu’à ce qu’un attentat en 2007 rende ce désert inaccessible, menace terroriste oblige.
Douze ans plus tard, il se rouvre doucement aux voyageurs ce qui permet de faire renaître l'espoir au pays des Maures. Sans revenu touristique, la population mauritanienne d'environ 4 millions d'habitants, vit dans des conditions difficiles. Les ressources du pays proviennent principalement des richesses naturelles de cette zone coincée entre le Maghreb et l’Afrique subsaharienne.
A l’Ouest, la côte mauritanienne est l’une des plus poissonneuses au monde. Très convoitée, la Chine s’est offert un accès privilégié à ces zones de pêche en échange d’infrastructures portuaires. A l’Est, la principale richesse nationale se trouve dans une mine au milieu du désert. L’industrie minière correspond à un tiers des recettes budgétaires du pays. Depuis le départ du tourisme c’est le fer qui se trouve dans ces mines qui régit la santé financière du pays et de ses habitants. Entre ces deux zones, le plus grand désert du monde, le Sahara, traversé par une ligne ferroviaire unique en son genre. Véritable veine principale de la Mauritanie, elle est parcouru par un train transportant le minerai. Certains l’appellent Douira, c’est le train le plus lourd, le plus long et le plus lent au monde.
« Assis sur le minerai, des hommes sont exposés à des températures qui dépassent les 45 degrés en été, bercés par l'entrechoquement métallique des 200 wagons, et le bêlement des chèvres »
Trois trains transportent trois fois par jour une cargaison de 17 000 tonnes de fer chacun à destination du port de Nouadhibou pour l’exportation. Ce qui rend ce train particulier, ce sont les voyageurs qui cohabitent avec le fer, dans des conditions extrêmes. Profitant du transport gratuit, des hommes et leurs bêtes montent sur le train pour un trajet de 20 heures durant lequel ils noircissent au fil des kilomètres. Assis sur le minerai, ils sont exposés à des températures qui dépassent les 45 degrés en été, bercés par l'entrechoquement métallique des 200 wagons, et le bêlement des chèvres. Pourtant, les voyageurs de cette caravane inédite ne se plaignent jamais. Il y a même une solidarité naturelle qui se noue entre des pêcheurs, des éleveurs et des cadres d’entreprise. Et pour cause, ils risquent tous leurs vies dans ce train où la moindre chute vous laisse seul au milieu du Sahara, mort.
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