La courte vie parisienne de la mortadelle la plus longue du monde

Mercredi 27 mars, les Galeries Lafayette fêtaient en grandes pompes l’ouverture sur les Champs-Elysées d’une nouvelle antenne. Pour l’occasion, le célèbre magasin avait réuni une boule à facettes géante, Aya Nakamura et Jean-François Copé.

Dans une ambiance qui associait sans trop se préoccuper de la cohérence Gatsby le Magnifique et Jacquemus, un invité allait cependant leur voler la vedette : une mortadelle géante.

Si vous avez des potes imbuvables et que ces mêmes potes imbuvables sont sur les réseaux sociaux, il était difficile de passer à côté des images de cette soirée et encore plus compliqué de rater cette impressionnante pièce de charcuterie.

C’était l’attraction principale d’un catering qui proposait notamment des sculptures en beurre (signées de l’artiste Laila Gohar) et des montagnes de crevettes hautes de plusieurs mètres – deux serveurs étaient visiblement chargés de les décortiquer.

La mortadelle, elle, trônait fièrement dans une pièce aux murs d’un rouge écarlate, entourée de fleurs. Longue d’environ 4 mètres et d’un diamètre de 60 centimètres, elle serait, selon l’insistante rumeur, la plus longue du monde. Tout simplement.

Dubitatif, on a tenté de remonter sa piste. D’après des sources bien informées, la mortadelle a été – évidemment – fabriquée en Italie. Elle est l’oeuvre de la marque Veroni, spécialisée depuis 1925 dans les… mortadelle géantes et qui a fait enregistrer au World’s Guinness Book une mortadelle de 900 kg. Balèze.

Sauf que le spécimen présent sur les Champs ferait une tonne et demie. Record pulvérisé. C’est Laila Gohar qui déclare sans sourciller sur son compte Instagram, ajoutant que la charcuterie a été acheminée dans la pièce grâce à une grue.

Lors de l’évènement, elle était découpée par un expert à la demande – sans doute afin d’éviter que les gens se blessent, se mettent sur la gueule et limiter le gaspillage. Un invité, arrivé sur les lieux sur les coups de 22 heures, dit l’avoir vue, mais pas seulement. « Ça sentait le pâté à dix mètres, je n’y ai pas goûté », ajoute-t-il.

Vers minuit, en revanche, l’accès au produit était totalement impossible : « Ils ont fermé les portes à notre arrivée, et celle-ci était gardée par deux personnes », raconte un autre invité un peu en retard, qui n’a pu accéder au Gra(s)al.

D’après d’autres témoins présents jusqu’à la fin de cette bacchanale, il semblerait que seule la moitié de la mortadelle ait été consommée. Les quelques 2 500 personnes présentes à la soirée se seraient ainsi relayées pour en dégommer 2 mètres – une sacrée bande de kiffeurs – avant que quelqu’un décide d’en « garder un peu pour plus tard » ?

Où est passée l’autre moitié ? Une question que pas mal de fêtards se sont posé ce jeudi 28 mars, s’inquiétant du sort réservé aux 2 mètres restants de la charcuterie.

« Alors qu’on assiste à une prise de conscience sur la surconsommation, cette mortadelle de 4 mètres, ou ce qu’il en reste, risque quand même de finir à la poubelle - c’est un énorme problème, cette démesure », explique une observatrice qui, si elle ne s’est pas rendue à la soirée, n’a pas manqué de se préoccuper du sort de la charcuterie vedette sur les réseaux sociaux.

Julien Pham, en charge d’une épicerie fine située à l’intérieur des nouvelles Galeries, sait, lui, ce qu’il est advenu de la fameuse mortadelle géante : « Tout a été découpé et mis sous-vide le soir même et distribué à la très grande équipe qui a bossé sur cette soirée ».

D’après une membre du staff de l’événement, des vendeurs et serveurs membres de l’équipe catering auraient effectivement été servis en mortadelle.

Une version que Laila Gohar confirme en partie mais avec une autre destination : « Si la mortadelle n’a pas été mangée intégralement, le reste a été découpé et renvoyé en Belgique, où est basée l’entreprise en charge du catering, afin d’être distribuée là-bas ».

En Belgique ou en France ? La production de l’évènement tranche, sans mauvais jeu de mot : « Elle a été mise sous vide et offerte au staff de la Villa Eugénie [en charge de la production de l'évènement, ndlr] et de l’entreprise de catering JML, repartie avec en Belgique ». Un bel exemple d’amitié entre deux peuples unis par les liens sacrés de la charcuterie.

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