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Entrevue avec l’avocat qui accompagne au Canada les « anges gardiens » d'Edward Snowden

En provenance de Hong Kong, Vanessa Rodel et sa fille Keana arrivent ce soir en sol canadien.
Entrevue avec l’avocat qui accompagne au Canada les « anges gardiens » d'Edward Snowden
Vanessa Rodel et sa fille, en 2017. Photo La Presse canadienne

L’avocat Guillaume Cliche-Rivard est en ce moment même dans l’avion aux côtés de Vanessa Rodel et sa fille Keana, les deux « anges gardiens » d’Edward Snowden qui l’avaient caché à Hong Kong, et à qui le Canada vient d’accorder l'asile.

Guillaume Cliche-Rivard a répondu aux questions de VICE, à quelques heures de leur atterrissage. L’avion devrait faire escale à Toronto avant de prendre la direction de Montréal.

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VICE : Pouvez-vous me décrire leurs sentiments dans l'avion?
Guillaume Cliche-Rivard : Pour le moment, c’est le repos. Vanessa et Keana ont dû mettre leur vie dans quelques valises, et les derniers jours ont été émotifs, mais remplis d’espoir. On sent une certaine paix, elles sont en sécurité, elles ont un avenir maintenant. La petite Keana est apatride, elle n’avait jusque-là pas de documents d’identité, mais vraiment le droit d’exister. Vanessa, elle, n’avait pas de le droit de travailler, toujours dans la peur d’être expulsée à tout moment. Bref, elles se reposent, elles dorment paisiblement pour la première fois depuis… depuis toujours pour la petite!

Dans quel état d’esprit se trouvent-elles?
Ce sont des femmes extraordinaires. Vanessa est courageuse et d’une résilience incroyable. Elles remercient le Canada, elles sont vraiment heureuses. Keana a hâte de voir la neige, elle est fan de huskies, elle adore les chiens et elle imagine ses prochains hivers ici.

Depuis combien de temps travaillez-vous sur ce dossier?
Le dossier se travaille depuis de deux à trois ans, mais moi, j’y travaille depuis juin, et je suis venu ajouter mon expertise sur le volet refuge. Nous allons à Hong Kong aux trois mois environ travailler le dossier, c’est énormément de travail. Le tout est pro bono. Il s’agit aussi d’un parrainage privé supporté par l’ONG For the Refugees, donc aucuns fonds publics. Marc-André Séguin et Cristina Rogov sont les deux autres avocats qui travaillent avec moi sur le dossier. Eux, ils y sont depuis le tout début.

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Comment s'est passée la collaboration avec Hong Kong?
Tout se fait assez bien, assez rapidement, avec les précautions nécessaires. Vanessa était d’une grande aide sur le terrain.

À quel point leur vie était en danger à Hong Kong?
La preuve révèle qu’elles ont vécu beaucoup d’insécurité à Hong Kong suivant le fait qu’elles ont aidé Snowden. L’État avait coupé les prestations de Vanessa et donc elle ne vivait que grâce aux dons de l’ONG. L’environnement lui était hostile. On cherchait aussi à la déporter le plus vite possible, ce fut une réelle course contre la montre.

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Quelles relations avez-vous développées avec cette famille?

Évidemment, dans un dossier comme cela, aussi intense et de longue haleine, on développe de forts liens. Keana m’appelle « oncle Guillaume » par exemple, on est très proches d’elles!

Je voudrais souligner qu’il reste encore cinq personnes à Hong Kong et eux aussi sont à risque de renvoi imminent et sont dans l’insécurité dans ce pays. Ajith est un déserteur de l’armée du Sri Lanka, il a aidé Snowden aussi, et il est menacé de renvoi. Supun et sa femme Nadeeka ainsi que leurs deux enfants Dinath et Sethumdi sont aussi en grave danger. Nos yeux se tournent vers le Canada et nous espérons des décisions rapides dans ces dossiers, considérant les risques pour leurs vies!

Marie Boule est sur Twitter.